ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Sociopathie: les psychopathes ne présentent pas nécessairement un comportement antisocial

Trouble de la personnalité

Sociopathie: les psychopathes ne présentent pas nécessairement un comportement antisocial

Par Caroline Delavault

Contrairement aux idées reçues, les psychopathes ne seraient pas systématiquement dépourvus de sympathie et de compréhension dans leur milieu professionnel, suggère une étude américaine.  

Epictura/monkeybusiness

Souvent, les personnalités psychopathes sont vues comme insensibles, froides, impénitentes et malhonnêtes, allant parfois même dans des attitudes impulsives ou encore fuyantes. Au travail, par conséquent, ces personnalités prédatrices pourraient mettre en danger le succès de toute leur équipe, « sabotant sans scrupules leur collègues », persistant dans l’envie de dominer les autres. Néanmoins, un sondage auprès de 161 employés, mené par l’université de Bonn (États-Unis), vient contrer ces considérations. Selon les travaux des chercheurs, publiés dans la revue Journal of Management, les psychopathes présenteraient des compétences sociales marquées et se montreraient même coopératifs avec leurs collègues. « Tous les psychopathes ne sont pas les mêmes », assurent les chercheurs dans leur communiqué, qui parlent de deux « dimensions de la personnalité psychopathes ».

161 personnes ont dû répondre à un questionnaire sur leur personnalité, leurs compétences sociales et leurs rendements au travail. Ensuite, ils ont dû nommer deux de leurs collègues qui; à leur tour, on évalué leur performance et leur comportement social au travail. Un double regard sur leurs attitudes, dans l’ensemble, qui a permis aux chercheurs d’évaluer le comportement des psychopathes dans leur milieu professionnel. 

 

Des psychopathes coopératifs et agréables 

Après avoir réuni les résultats des sondages, les chercheurs ont observé que les participants aux traits psychopathes dont les questionnaires indiquaient un niveau élevé de domination « sans scrupule » ont été très souvent décrits par leurs collègues comme étant coopératifs et agréables. Cependant, « cela a été observé uniquement lorsque ces psychopathes possédaient des compétences sociales particulièrement marquées », souligne Nora Schütte, auteure principale de l’étude. Et d’un autre côté, pour les employés avec une importante impulsivité égocentrique, l’étude montre une image complètement différente. Leur collègues les ont décrit systématiquement comme ayant une personnalité destructrice, antipathique et nuisible, et cela quelles que soient leurs compétences sociales. « Les personnes avec des traits psychopathiques marqués ne présentent pas nécessairement un comportement antisocial »  Face à ces comportements variables, les auteurs de l’étude plaident pour une image différenciée de la personnalité psychopathe. Pour eux, même le terme psychopathe - qui évoque pour certains une « maladie de l’âme » - est trompeur. « Les personnes ayant un haut degré de domination peuvent même être des héros désintéressés dans la vie quotidienne », concluent les chercheurs.

 

3 % des hommes et 1 % des femmes atteints 

On estime qu’environ 3 % des hommes et 1 % des femmes possèdent une personnalité psychopathes dans le monde. Néanmoins, ces personnalités sont pas systématiquement décelées. Et malgré les nombreuses croyances voulant associé psychopathie et criminalité, la détention ne concerneraient que 10 % des sociopathes dans le monde. Cependant en 2001, deux chercheuses britanniques de l'Université de Surrey avaient comparé les traits de personnalité de trente-neuf grands chefs d’entreprises britanniques  avec ceux de criminels atteints de troubles mentaux et de patients psychiatriques. Résultats, « Les troubles de personnalité des gens d'affaires se confondaient avec ceux des criminels et des patients psychiatriques», expliquait dans le New York Times Belina Board, auteure principale de l’étude.