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Pétition de la Ligue contre le cancer

Prix des anticancéreux : "les malades sont pris en otage"

Par Jonathan Herchkovitch

ENTRETIEN - La Ligue contre le cancer lance une pétition pour alerter sur l’explosion des prix des anticancéreux. Catherine Simonin craint que l’Assurance Maladie ne puisse plus suivre.

Kobyakov/pix5

Le médicament n’est pas un bien de consommation comme les autres. Une particularité que semblent parfois oublier les laboratoires pharmaceutiques qui n’hésitent pas à faire pression auprès des Etats pour imposer des prix excessifs. La Ligue contre le cancer s’empare de ce problème en mettant en ligne une pétition sur change.org, afin de mobiliser les citoyens et les pouvoirs publics contre ces pratiques.

Catherine Simonin, administratrice nationale, espère qu’elle permettra d’amener le débat à la prochaine réunion du G7, qui aura lieu les 26 et 27 mai prochains à Tokyo.

 

Pourquoi estimez-vous que les prix pratiqués par les laboratoires pharmaceutiques ne sont exagérés ?

Catherine Simonin : Un homme sur deux et une femme sur trois aura un cancer, ce qui veut dire que chaque famille sera touchée et que tout le monde est concerné. Le Keytruda (commercialisé par Merck, ndlr) est un médicament efficace contre les mélanomes, qui sont très difficiles à traiter. Il est annoncé à 100 000 euros par an et par patient. C’est plus que le revenu moyen annuel de trois foyers français. Ca n’est pas acceptable.

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Catherine Simonin de la Ligue contre le cancer : «Ca remet en question notre assurance maladie solidaire... »


L’égalité d’accès aux médicaments n’est-elle pas garantie par l’Assurance maladie ?

Catherine Simonin : Aujourd’hui, elle l’est car nous sommes avantagés par rapport à l’innovation. Mais cela ne durera pas, car l’Assurance maladie ne pourra bientôt plus la supporter. Il y aura alors, directement ou indirectement, un choix des patients qui vont bénéficier des traitements coûteux. Et à la Ligue contre le cancer, nous dénonçons cette dérive qui détruirait l’équité d’accès aux traitements. Si demain, on cible des personnes en particulier à traiter, certaines sont condamnées à mort.

 

Des médicaments en particulier concentrent votre attention ?

Catherine SimoninLe Tarceva (Roche), destiné à traiter les cancers du poumon, coûte 78 000 dollars par an et par patient alors qu’il pourrait être génériqué pour 230 dollars. Les prix ne sont pas réellement justifiés. Ils ne sont pas fixés en fonction de la recherche, du développement et de la production, mais en fonction de la capacité des pays à payer. C’est le cas pour des médicaments anticancéreux, mais aussi pour d’autres. Le Sofosbuvir, un médicament contre l’hépatite C, est vendu en France pour 41 000 euros par an, mais seulement à 700 euros en Egypte. Et pourtant, le laboratoire y fait quand même des bénéfices.

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Catherine Simonin : « En France, quelqu'un qui apprend aujourd'hui qu'il a l'hépatite C ne sait pas s'il pourra être traité un jour...»

 
Quel est l’objectif de cette pétition sur change.org ?

Catherine SimoninNous avons porté un plaidoyer depuis décembre, sur lequel 110 cancérologues nous avaient rejoints. Nous mettons maintenant en ligne un site et une pétition pour recueillir les contributions de tous les acteurs du champ de la santé : les citoyens, les personnes atteintes de cancer, les proches, les associations, les professionnels de santé, les chercheurs, les leaders d’opinion et les industriels du médicament.

 

Comment la signature des personnes pourra-t-elle avoir un réel impact ? 

Catherine SimoninLes laboratoires pharmaceutiques sont de moins en moins nombreux, mais ce sont des multinationales qui ont un poids énorme. Un pays ne peut pas négocier seul. Comme chaque pays discute du prix de mise sur le marché de manière indépendante, lorsque les tarifs ne remplissent pas les objectifs de l’industriel, celui-ci peut toujours décider de ne pas y distribuer son produit.
C’est clairement une prise d’otage des personnes malades. Le problème sort donc de la France. Il faut réfléchir au niveau européen et au niveau mondial. C’est au politique de trouver des solutions, de négocier. Nous souhaitons en particulier amener le débat au prochain G7.

Ecoutez...
Catherine Simonin, de la Ligue contre le cancer : « C'est clairement une prise d'otage des personnes malades... »


Et en France, comment peut-on agir ?

Catherine SimoninA la Ligue contre le cancer, on prône la transparence, notamment dans les négociations sur les prix de mise sur le marché. Au comité économique des produits de santé (organisme qui négocie les prix des médicaments pris en charge par l’Assurance maladie ndlr), nous souhaitons que soient intégrés des représentants des usagers issus d’associations agréées. Mais l’idée, c’est vraiment de pouvoir ensuite fédérer au niveau européen pour pouvoir négocier avec plus de force, et mettre ce débat à l’ordre du jour du G7. Et c’est là que la pétition est importante, afin de mobiliser et informer les citoyens sur le sujet. Car ils ne le sont pas du tout !

 

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