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Fukushima : 5 ans après, la peur des cancers

Par Stéphany Gardier

Ce vendredi à 14h46, le Japon tout entier va se figer. Il y a 5 ans à cette heure-là, un séisme de magnitude 9 allait plonger le pays dans la terreur. Tsunami puis accident nucléaire : au total, près de 16 000 personnes sont mortes, rappelle Arnaud Vaulérin dans Libération, 2 562 sont encore portées disparues, 100 000 ont dû être déplacées. Mais le bilan n’est malheureusement sans doute pas définitif : les risques de cancers liés à l’accident de la centrale de Fukushima Daiichi auraient été sous-estimés, dénoncent deux ONG dans un rapport publié ce mercredi.

 

Selon les médecins de Physicians for Social Responsibility (PSR) et International Physicians for the Prevention of Nuclear War (IPPN), le drame survenu le 11 mars 2011 pourrait être responsable de 10 000 cas de cancers de la thyroïde supplémentaires. Des estimations qui se basent sur les données scientifiques et médicales existantes portant sur les enfants, les personnels ayant participé au nettoyage et aux secours, ainsi que sur la population en général, explique 20 Minutes.

 

Les scientifiques attirent l’attention sur les cas de cancers pédiatriques. Déjà 116 enfants auraient été diagnostiqués avec une forme agressive de cancer de la thyroïde, dans la préfecture de Fukushima. Or, pour une population de cette taille-là, c’est un à cinq cas par an qui devraient être recensés, d’après les experts.

 

« Les retombées de santé publique de Fukushima vont hanter le Japon pendant des années et cet héritage ne doit pas être poussé sous le tapis par les partisans de l'énergie nucléaire », a estimé le Dr Catherine Thomasson, co-éditrice du rapport et directrice de Physicians for Social Responsibility.

 

Le positionnement du pays face au nucléaire divise. Très dépendant des énergies importées, le pays peine à stopper toute activité nucléaire, malgré le traumatisme de l’accident de 2011. Un tribunal vient cependant de réclamer l’arrêt de deux réacteurs, dont la sécurité ne serait pas assurée en cas de tsunami.
Interviewé par Arnaud Vaulérin, Naoto Kan, Premier ministre en exercice lors du drame, raconte comment il a « changé d’opinion à 180 ° » sur le nucléaire, après le désastre survenu à Fukushima. Le député du Parti démocrate du Japon (PDJ) explique s’être depuis rendu à Tchernobyl, pour y voir les conséquences de l’accident survenu 30 ans plus tôt. Il considère aujourd’hui que le Japon pourrait se passer du nucléaire, et craint pour la santé des Japonais. « D’un point de vue officiel, les autorités japonaises disent qu’il n’y a pas de conséquences, mais quand on parle avec les spécialistes, on apprend qu’ils craignent des cancers, notamment de la thyroïde chez les enfants. »