ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Infections nosocomiales : des chercheurs travaillent sur de nouvelles stratégies

Université Catholique de Louvain (Belgique)

Infections nosocomiales : des chercheurs travaillent sur de nouvelles stratégies

Par Julian Prial

Grâce aux nanotechnologies, une équipe éclaire d’un jour nouveau les mécanismes moléculaires responsables des staphylocoques dorés, qui causent des infections à l'hôpital.  

LEVINE/SIPA

Particulièrement redoutable quand les défenses immunitaires des patients s’affaiblissent, le staphylocoque doré (Staphylococcus aureus) est une bactérie responsable de nombreuses infections nosocomiales associées à la formation de biofilms sur les dispositifs médicaux. A l'heure actuelle, on estime que ces biofilms sont responsables de plus de 65 % des maladies contractées lors d’un séjour en milieu hospitalier. Ces infections sont difficiles à traiter car de nombreuses cellules au sein du biofilm démontrent une grande résistance vis-à-vis des antibiotiques. Le problème est particulièrement critique lorsqu’il s’agit de bactéries multi-résistantes telles que les souches de S. aureus, résistantes à  un antibiotique comme la méticilline (MRSA).

Former des biofilms stables 

Mais grâce aux outils des nanosciences (1), des chercheurs viennent de faire des découvertes intéressantes sur la façon de réduire la résistance des staphylocoques dorés. Il s'agit de l’équipe du Pr Yves Dufrêne, Directeur de recherche à l’Institut des sciences de la vie de l’Université Catholique de Louvain (UCL). Ces scientifiques ont précisément réussi à comprendre comment la protéine de surface "SasG", en présence de zinc, permet aux bactéries de s’assembler fortement entre elles pour former des biofilms stables. Une procédé différent de celui des antibiotiques, qui ont pour mission de tuer les bactéries.

Comme précision, le Pr Yves Dufrêne explique dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences USA (PNAS) : « l'objectif est de rendre inactives ces protéines ultra adhésives et d'autres en développant de nouvelles molécules antiadhésives. Les chercheurs de l'UCL sont en train de tester à cet effet des anticorps et peptides mis au point par des chercheurs italiens. Et les premiers résultats sont probants ! », se réjouit-il.

Bientôt des molécules anti-adhésives  

Il espère que son étude ouvrira bientôt la voie à la mise au point de nouvelles molécules anti-adhésives capables de lutter de façon toujours plus efficaces contre les infections à biofilms. Il souligne qu'au plan technologique, « cette étude démontre le potentiel remarquable de la nanoscopie du vivant, une technique de microscopie à très haute résolution, dans les domaines de la biologie et de la médecine ».

Une étude réalisée en 2012 par l'Institut de Veille Sanitaire (InVS) a révélé qu'un patient hospitalisé sur vingt en France présente une ou plusieurs infections nosocomiales. Elles sont la cause directe de plus de 4 000 décès par an dans l'Hexagone.

(1) Domaine de la science (spécialement de la physique, de la chimie et de la biologie) portant sur l'étude des phénomènes observés dans des structures et des systèmes extrêmement petits, mesurables en nanomètres, et possédant des propriétés qui découlent spécifiquement de leur taille.