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La série de l'été

J'ai trop de cholestérol: comment profiter des vacances ?

Par La rédaction

Pas question de se priver des apéritifs pendant l'été. Mais pour ménager son cholestérol, mieux vaut choisir des crudités plutôt que des charcuteries et surveiller la cuisson des aliments.

SUPERSTOCK/SIPA

Les dix réponses du Pr Nicolas Danchin,
cardiologue à l'hôpital Georges Pompidou (Paris)

 

 


Comment profiter des apéros de l’été (chips, saucisson) sans faire grimper mon taux de cholestérol ?
Boire de l’alcool augmente-t-il le cholestérol ?
Y a-t-il des bonnes et des mauvaises graisses ?
Faut-il consommer de la margarine à la place du beurre ?
Est-ce que je peux utiliser de l’huile d’olive pour la cuisson ?
Les œufs sont-ils mauvais pour le cholestérol ?
Que penser des alicaments censés réduire le cholestérol ?
Je ne suis pas en surpoids, j’ai une alimentation équilibrée, pourtant j’ai trop de cholestérol, comment le faire baisser ?
Prendre la pilule peut-il augmenter le taux de cholestérol ?
Comment éviter les effets indésirables des médicaments contre l’hypercholestérolémie ?

POUR EN SAVOIR PLUS SUR LE CHOLESTEROL

pourquoidocteur : Comment profiter des apéritifs de l’été sans faire grimper mon taux de cholestérol ?
Pr Nicolas Danchin : Il est évidemment agréable de pouvoir profiter des apéritifs mais il faut essayer de réorienter un tout petit peu ses habitudes et en particulier d’éviter les chips, les charcuteries trop grasses ou en tout cas de ne pas prendre ce type d’aliment à toutes les occasions. Sans quoi effectivement, on fait du mal à ses artères à la longue. Alors, il faut penser à d’autres solutions : les légumes crus par exemple, des petites tomates cerises, des radis, du chou-fleur cru, des carottes, éventuellement un petit peu de rillettes de volaille pure, le jambon cru à condition d’enlever la couenne. L’idée générale est de se dire qu’il faut essayer de diversifier, de ne pas abuser.



Boire de l’alcool augmente-t-il le cholestérol ?
Pr Nicolas Danchin : L’alcool en lui même n’a pas d’effet sur le mauvais cholestérol et il a plutôt un effet, sur ce qu’on appelle le bon cholestérol, le HDL cholestérol. On sait que l’alcool a des vertus plutôt protectrices sur le système vasculaire mais on sait aussi qu’il a toute une toxicité propre sur de nombreux organes, à commencer par le muscle cardiaque, le foie avec toutes les conséquences que l'on connaît. Donc, il faut rester quand même avec des doses modérées d’alcool mais il y a peu d’interférences globalement avec le cholestérol.



Y a-t-il des bonnes et des mauvaises graisses alimentaires ?
Pr Nicolas Danchin : Il y a les graisses saturées qu’on trouve en particulier dans les viandes grasses , dans les produits laitiers comme le beurre, le lait entier. Ce type de graisses favorise les maladies cardiovasculaires et l’athérosclérose, c’est-à-dire les dépôts de graisses à l’intérieur des artères. Et puis, il y a d’autres types de graisses qui sont les graisses qu’on appelle insaturées parmi lesquelles les graisses comme les omégas 3 ou les omégas 6 qui elles sont plutôt associées à de plus faibles risques d’avoir des problèmes cardio-vasculaires.



Faut-il consommer de la margarine à la place du beurre ?
Pr Nicolas Danchin : Il est souhaitable de ne pas trop manger de beurre et en particulier de ne pas utiliser le beurre pour la cuisson. On sait que le beurre utilisé pour la cuisson est réellement assez toxique pour le système cardio-vasculaire et donc il est franchement déconseillé. Si on n’utilise pas le beurre, on peut être tenté effectivement d’utiliser des margarines et c'est une une assez bonne solution. Mais il faut faire attention aux types de margarines utilisés. C’est vrai pour les margarines comme pour les aliments  dans le commerce, la mention graisse végétale n’est pas du tout quelque chose de rassurant en soi. Il y a des graisses végétales vraiment très mauvaises en tant qu’effet sur le système cardiovasculaire. Elles contiennent beaucoup d'acides gras saturés. Par exemple l’huile de palme, beaucoup plus utilisée dans la cuisine industrielle, est une graisse végétale nocive pour le système cardiovasculaire. 




Est-ce que je peux utiliser de l’huile d’olive pour la cuisson ?
Pr Nicolas Danchin : On sait depuis longtemps que dans les pays qui utilisent beaucoup l’huile d’olive, le risque de maladies cardiovasculaires est généralement plus faible. Alors, est-ce que pour autant l’huile d’olive est vraiment protectrice, c’est difficile de la savoir. On a plutôt l’impression que c’est entre neutre et légèrement protecteur sur notre système cardiovasculaire et donc c’est un bon corps gras à utiliser pour son alimentation quotidienne. Malgré tout ausscomme toute matière grasse, l’huile d’olive est très calorique, donc, si on en prend trop, ça fait grossir. Pour le système cardiovasculaire en lui même, l’huile d’olive est donc plutôt bonne et on peut l’utiliser pour la cuisson des aliments. 



Les œufs sont-ils mauvais pour le cholestérol ?
Pr Nicolas Danchin : Il y a de vrais débats sur l’œuf. On sait que le jaune d’œuf contient du cholestérol directement. Ce que l’on sait beaucoup moins, c’est l’impact sur la santé si on mange régulièrement des œufs. Il n'y a donc pas lieu de tirer la sonnette d’alarme. Donc, on peut manger des œufs régulièrement  deux deux ou trois fois par semaine, sans effet négatif sur la santé.



Que penser des alicaments censés réduire le cholestérol ?
Pr Nicolas Danchin : Parmi les alicaments qui font baisser le cholestérol, on a essentiellement des margarines, des yaourts ou des produits de ce type qui contiennent des phytostérols. Ces phytostérols agissent comme des leurres puisqu’ils vont tromper l’intestin, ils ressemblent beaucoup au cholestérol naturel et donc ils vont gêner l’absorption du cholestérol naturel. Mais pour que ça marche, il faut qu’on mange suffisamment de ces phytostérols pour pouvoir bloquer le système. Il faut au moins manger 20 à 25 grammes d’un équivalent de margarine, par exemple tous les jours, pour obtenir un véritable effet sur le cholestérol sanguin qui va pouvoir diminuer de 10 à 15%.



Je ne suis pas en surpoids, j’ai une alimentation équilibrée, pourtant j’ai trop de cholestérol, comment le faire baisser ?
Pr Nicolas Danchin : Il arrive qu’en dépit d’une alimentation tout à fait équilibrée et sans être pas en surpoids, qu'on ait trop de cholestérol. C’est probablement lié à une hérédité défavorable. Le taux de cholestérol dans le sang est le résultat de deux mécanismes. Le premier lié à l’absorption des graisses alimentaires qui vont être transformées en cholestérol et passer dans le sang; le second  qui "fabrique" du cholestérol dans le foie. Nous avons des prédispositions génétiques à fabriquer plus ou moins de cholestérol. Doonc si on a vraiment trop de cholestérol dans le sang, il faut envisager un traitement pour faire baisser son taux dans le sang.



Prendre la pilule peut-il augmenter le taux de cholestérol ?
Pr Nicolas Danchin : On a beaucoup craint au départ avec la pilule des effets sur le cholestérol. En réalité, les effets sont un peu complexes. Les oestrogènes des pilules ont tendance à augmenter le bon cholestérol, le HDL cholestérol, et font baisser aussi une autre fraction de graisses dans le sang, qu’on appelle la L.P. (a) et qui est plutôt toxique. Donc globalement, les oestrogènes sont probablement plutôt protecteurs alors que les progestatifs qui sont associés à ces oestrogènes ont plutôt un effet inverse.
Dans l’ensemble, l’effet sur les lipides sanguins des différentes pilules et en particulier des pilules de générations récentes sont extrêmement modestes. Il faut  malgré tout à surveiller qu’on n'a pas une réaction inattendue face à ces médicaments. Surtout si on a un taux de base de cholestérol très élevé. Peut-être, dans ce cas là,il est préférable d'éviter la pilule comme moyen contraceptif et penser àd’autres moyens comme le stérilet. D'une manière générale, il n’y a pas d'effet considérable de la pilule sur les taux des lipides dans le sang.



Comment éviter les effets indésirables des médicaments contre l’hypercholestérolémie ?
Pr Nicolas Danchin : La première chose à faire quand on ressent des symptômes de ce type, c’est d’essayer d’être certain qu’ils sont imputables aux médicaments Il va donc falloir interrompre pendant quelques semaines le traitement pour voir si les symptômes disparaissent. Si les symptômes disparaissent, on va essayer d’arrêter ce médicament là. Si les douleurs persistent, là on sait que ce n’est pas lié aux médicaments ; on va pouvoir reprendre le médicament initial.
Si on est vraiment dans une phase d’effets indésirables, plusieurs solutions sont possibles : la plus commune consiste à essayer déjà de changer de médicaments. Il ne faut pas hésiter non plus à diminuer les doses des statines et puis si ce n’est pas possible, il faut essayer d’utiliser d’autres médicaments contre le cholestérol. Quand on est à ce stade, il faut véritablement consulter un spécialiste.  



Entretien avec Sandrine Chauvard 


Le cholestérol, qu'est-ce que c'est ?
Le cholestérol est un corps gras fabriqué par notre organisme et qui se trouve également dans l’alimentation. Des maladies du cœur et des vaisseaux apparaissent lorsqu’une fraction du cholestérol circulant dans le sang se retrouve en trop grande quantité. Il s’agit du cholestérol LDL, appelé aussi « mauvais cholestérol », qui favorise la formation de dépôts sur la paroi des artères (athérosclérose). L’autre fraction, le cholestérol HDL ou « bon cholestérol », a pour effet de réduire le taux de maladies cardiovasculaires.
 

Quelles sont les causes de l'excès de cholestérol ?
Un grand nombre de facteurs peuvent contribuer à augmenter la concentration de cholestérol LDL dans le sang :
- une alimentation trop riche en graisses d’origine animale et en cholestérol
- l'hérédité 
- le surpoids et l'obésité 
- une activité physique insuffisante 
- le sexe (les hommes ont un taux de cholestérol LDL plus élevé)
- D'autres troubles, par exemple le diabète, l'hypothyroïdie, les maladies du foie et du rein, peuvent augmenter les taux sanguins de cholestérol LDL.
 

Quelles sont les complications de l'excès de cholestérol ?
L'hypercholestérolémie entraîne de l’athérosclérose, qui se caractérise par le dépôt d’une plaque de lipides (athérome) sur la paroi des artères, provoquant par la suite sa lésion (sclérose). L’athérosclérose est à l'origine  de bon nombre de maladies cardiovasculaires, et les signes sont différents selon les organes atteints. Si les artères du cœur sont touchées, le patient peut développer des crises d’angine de poitrine, voire un infarctus du myocarde. Des plaques dans les artères situées dans l’abdomen peuvent entraîner des troubles de l’érection. Parfois, des morceaux de plaques se détachent, migrent et vont obstruer un petit vaisseau en aval. C’est l'une des causes d’accident vasculaire cérébral (les « attaques »).
Enfin, si les artères des jambes sont rétrécies, on observe des crampes intermittentes du mollet pendant la marche : c’est l’artérite des jambes.
 

Qu'appelle-t-on facteurs de risque cardiovasculaire ?
Les experts ont identifié de nombreux facteurs qui favorisent le développement d'une maladie du cœur ou des vaisseaux :
L’âge : plus de 50 ans pour un homme ou plus de 60 ans pour une femme.
Les antécédents familiaux de maladie cardiaque précoce (infarctus).
L’usage du tabac ou son arrêt depuis moins de trois ans.
Une hypertension artérielle.
Un diabète de type 2.
Un taux sanguin de cholestérol LDL trop élevé et de HDL trop bas.
L’obésité, en particulier abdominale.
L’absence d’activité physique régulière
Le stress
 

Quels sont les traitements ?
Le traitement contre l’excès de cholestérol consiste d’abord à donner au patient des règles d’hygiène de vie et de diététique. Si trois mois d’application des règles hygiéno-diététiques ne suffisent pas à ramener le taux de cholestérol LDL à des valeurs acceptables, un traitement médicamenteux est nécessaire.
L’objectif de ce traitement est de maintenir le taux sanguin de cholestérol LDL sous un seuil-cible, qui est défini en fonction du nombre de facteurs de risque cardiovasculaire présents chez le patient.
 

Quelles règles d'hygiène de vie et de diététique ?
Le bon régime anti-cholestérol est celui que vous pourrez adopter de manière durable. Voici quatre mesures simples à retenir :
Éviter d’utiliser le beurre pour cuisiner, réservez-en une noix pour les tartines du matin.
Réduire fortement votre consommation de charcuterie grasse telle que rillettes, saucissons, saucisses et lardons.
Éviter de manger du fromage à tous les repas.
Manger plus de fibres. Les fibres réduiraient l’absorption du cholestérol alimentaire par l’intestin. On les trouve dans les fruits, les légumes, les légumes secs et les céréales complètes.
De plus, pratiquer chaque jour une activité physique modérée permet de perdre du poids, contribue à réduire le taux sanguin de cholestérol LDL et augmente celui de cholestérol HDL. L’entraînement optimal pour garder la forme consiste à pratiquer trois fois par semaine une activité d’endurance telle que marche rapide, vélo ou natation, pendant environ 45 minutes. L’intensité de l’exercice doit légèrement vous essouffler, mais vous permettre néanmoins de parler pendant l’effort (mais pas de chanter, accélérez si vous y parvenez).

avec © EurekaSanté par VIDAL

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Fédération française de cardiologie