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Prédire la fin de la fertilité

Cancer pédiatrique : diminution de la fertilité chez les femmes guéries

Par Dilan Fadime Yavuz

Une étude menée par des chercheurs français démontre que le traitement d'un cancer pédiatrique par chimiothérapie, à base d’alkylants, pouvait réduire la durée de la fertilité des femmes.

Rafael Ben-Ari/Chameleo/REX/SIPA

Pouvoir prédire la fin de la fertilité des femmes après un cancer pédiatrique c’est tout l’enjeu de l’étude menée par les chercheurs français de l’AP-HP, de l’Inserm, de l’Institut Gustave Roussy, de l’Institut Curie et du Centre Oscar Lambret. En effet, ces derniers se sont intéresser à l’impact de certains traitements chimiothérapeutiques sur la fertilité des femmes guéries d’un cancer pédiatrique.

Le Docteur Cécile Thomas-Teinturier, du service d’endocrinologie pédiatrique de l’hôpital Bicêtre et qui a coordonné ces recherches, explique que « d’un point de vue théorique, la fin de la période de fertilité risque de survenir plus tôt chez ces femmes guéries d’un cancer pédiatrique ».
Durant l’enfance, les ovaires des jeunes filles, souffrant d’un cancer et soignées par radiothérapie, peuvent être préservée du champ d’irradiation par transposition. De plus, depuis 1995, le prélèvement de l’ovaire et sa cryoconservation, pour une éventuelle auto-greffe ultérieure, permet aux jeunes filles de pouvoir concevoir ultérieurement. Mais prédire la fin de la fertilité permettrait aux médecins de mieux conseiller les patientes sur les différents moyens de conception qui s’offrent à elles.

Des agents alkylants en cause
Les chercheurs de ces différents organismes de recherches scientifiques ont mis en évidence que les médicaments alkylants utilisés en chimiothérapie, le cyclophosphamide, l’ifsosfamide et la procarbazine, étaient susceptibles de diminuer la durée de la fertilité chez les femmes guéries d’un cancer pédiatrique. En effet, l’étude a démontre que les jeunes filles, traitées durant leur enfance par ces alkylants, avaient un capital folliculaire amoindri, et ce malgré un cycle ovarien normal.

Une étude sur 105 femmes guéries
Les chercheurs ont déterminé que la durée de la fertilité dépendait de la taille de l’ovaire et de sa réserve ovarienne, c’est-à-dire, du nombre de follicules présents dans celle-ci. Ainsi, une faible réserve ovarienne, qui survient en général au fil des années jusqu’à la ménopause, est un signe d’une durée de fertilité limitée.
Ainsi, pour parvenir à leur conclusion, les chercheurs ont comparé la réserve ovarienne de deux groupes de femmes : 105 femmes guéries d’un cancer pédiatrique et traitées par chimiothérapie à base d’alkylants et 20 femmes qui n’ont jamais eu de chimiothérapie.

Les résultats sont là : les femmes traités par des alkylants, et notamment de la procarbazine, ont des ovaires plus petits que celles qui n’en n’ont pas reçu, ce qui engendre des difficultés pour ces dernières de tomber enceinte au fil des années.
Le Docteur Thomas-Teinturier rappelle que l’objectif principal de cette étude est «  de pouvoir, dans le futur, conseiller individuellement ces jeunes femmes sur leur capacité de procréation au cours des cinq années suivantes, en se basant sur les résultats de leur bilan à un moment donné. »