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Dépression résistante : « les électrochocs sont efficaces et pourtant sous-utilisés »

L'utilisation des électrochocs pour traiter la dépression résistante fait débat chez les malades, leur famille et les médecins. Le professeur Pierre-Michel Llorca, chef de service en psychiatrie au CHU de Clermont-Ferrand, nous livre sa position sur le sujet. 

Dépression résistante : « les électrochocs sont efficaces et pourtant sous-utilisés » tommaso79 / istock.




"Devrions-nous cesser d'utiliser l’électroconvulsivothérapie (ou électrochocs, NDLR) ?" se demandent des experts dans le British Médical Journal. "Non", nous répond très clairement le professeur Pierre-Michel Llorca, chef de service en psychiatrie au CHU de Clermont-Ferrand.

Pourquoi Docteur : que pensez-vous des différents arguments évoqués lors du débat retranscrit par le BJM ?

Pierre-Michel Llorca : je trouve que les arguments de la partie en faveur de l’arrêt des électrochocs sont extrêmement spécieux et incomplets. Ils ne reflètent ni la réalité scientifique, ni ce qui se fait actuellement en pratique. Pour moi, les électrochocs constituent une stratégie curative efficace, qui reste pourtant sous-utilisée.

Comment pratique-t-on l’électroconvulsivothérapie aujourd’hui ?

Pierre-Michel Llorca : dans l’imaginaire collectif, on a encore les images véhiculées par le film Vol au-dessus d’un nid de coucou, où les électrochocs sont pratiqués sans anesthésie, de façon extrêmement barbare. Aujourd’hui, cela se pratique sous anesthésie de très courte durée, accompagnée d’une curarisation, ce qui écarte tout risque de fracture et de douleur lorsqu’on provoque la crise convulsive. Une circulaire a, en 1995, encadré officiellement l’électroconvulsivothérapie et ses différents protocoles. 

Les électrochocs ont-ils des effets indésirables ?

Pierre-Michel Llorca : oui, comme beaucoup de médicaments. Il est notamment possible d’avoir des pertes de mémoire, mais elles ne concernent pas tous les patients, sont réversibles et de courte durée dans la majorité des cas. Ce traitement n’engendre pas de "pertes cérébrales", contrairement à ce qu’avancent certains experts dans le BJM.

Quels sont les avantages de l’électroconvulsivothérapie ?

Pierre-Michel Llorca : le grand avantage, c’est que les électrochocs peuvent fonctionner sur des personnes dépressives sur qui les médicaments classiques n’ont pas d’effet. En outre, ils agissent rapidement. On peut voir des patients traités par électroconvulsivothérapie émerger en une semaine, là où les antidépresseurs mettent deux à trois semaines pour faire effet. D’ailleurs, lorsque les malades rechutent, en général c’est eux qui redemandent une électroconvulsivothérapie.

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