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Covid-19

Coronavirus : le risque d'une épidémie large et durable

Deux mois après son apparition en Chine, le nouveau coronavirus poursuit son extension dans le monde et il pourrait se répandre dans d'autres pays que les 30 concernés actuellement, et surtout pour longtemps.

Coronavirus : le risque d'une épidémie large et durable Samara Heisz/iStock

  • Publié le 18.02.2020 à 15h00
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Apparu en décembre à Wuhan, en Chine, le Covid-19, le nouveau coronavirus qui s’est adapté à l’humain, est très contagieux. A ce jour, il a provoqué plus de 72 000 infections identifiées, des chiffres probablement sous-estimés du fait du nombre de cas pas ou peu symptomatiques, et près de 1 800 morts, des chiffres qui évoluent de jour en jour malgré une quarantaine stricte.

Ce nouveau coronavirus est vraisemblablement dérivé d’un coronavirus de chauve-souris, ce qui lui donnerait une aptitude particulière pour être peu attaqué par le système immunitaire des humains. On ne connaît pas encore son réservoir animal actuel, ce qui complique encore la compréhension exacte de sa cinétique.

On sait désormais qu’il résiste au froid et à l’humidité et qu’il peut persister plusieurs jours sur différents matériaux et surfaces dans ces circonstances. On ne connaît pas encore son comportement en cas de chaleur et de sécheresse, mais on espère qu'il les supporte mal, à l'instar des autres coronavirus.

La période d’incubation est très probablement inférieure à 2 semaines, ce qui valide la durée de quarantaine actuelle, mais le problème est que des malades asymptomatiques (et non fébriles) ou peu symptomatiques (avec un simple “rhume”) peuvent être contaminants.

Le mode de contamination est le plus souvent respiratoire (toux, éternuement, gouttelettes de Pflüge), et manu-porté, d’autant qu’il pourrait être retrouvé dans les selles chez certains malades. A ce stade 3 questions se posent encore.

Est-ce que l’épidémie va continuer à s’étendre ?

Covid-19 a toutes les qualités pour provoquer une épidémie à l’échelle mondiale, c’est-à-dire une pandémie. D’après certains scientifiques, il a également tout pour que cette épidémie soit persistante ou récurrente. Ce nouveau virus est, en effet, très contagieux, sans doute presque aussi contagieux que le virus de la grippe selon de nombreux experts des maladies infectieuses. Nous en sommes à plus de 71 000 cas officiels, c’est-à-dire de patients infectés et d’infections respiratoires aiguës sévères, mais tous les malades asymptomatiques ne sont pas identifiés (“la partie émergée de l’iceberg”) et plus de 3 000 professionnels de santé ont été contaminés (5 décès).

Ceci implique que, malgré les mesures drastiques mises en place en Chine, l’épidémie ne fait que ralentir. C’est ce profil de dissémination qu’avait annoncé le professeur Anthony Fauci, directeur du National Institute of Allergy and Infectious Disease (Etats-Unis), qui avait été interviewé par le New York Times. Il avait annoncé qu’avec un tel degré de contagiosité et avec de nombreux porteurs sains, les mises en quarantaine ne pourraient pas être efficaces à 100%.

Preuve s’il en est, les Etats-Unis évacuent leurs ressortissants du bateau de croisière, le Diamond Princess, alors que 99 nouveaux cas ont été détectés sur ce bateau. Placé en quarantaine avec 3 711 personnes à bord dès le début du mois de février dans le port de Yokohama en raison d'un malade, les passagers ayant l’ordre de rester dans leur cabine et de ne pas se rencontrer, ce sont désormais 454 personnes qui ont été contaminées en dépit de ces mesures et de l’évacuation des malades au fur et à mesure. Quatorze américains parmi les 300 évacués seraient également positifs au nouveau virus d’après Le Monde. Laisser les passagers à bord, c’est donc les condamner à devenir tous malades.

Comment le virus se transmet-il aussi facilement parmi des passagers isolés dans leurs cabines ? C’est que ceux-ci se contaminent, soit par le biais d’objets touchés par des malades asymptomatiques (poignées de porte…), soit par le biais de membres du personnel asymptomatiques qui font la cuisine ou leur apportent des fournitures, soit par la climatisation et c’est ce qui avait été observé avec le SRAS lors de l’épidémie de 2003 à Hong Kong (hôtel Metropole) et à Foshan, près de Canton.

Combien de temps tout cela va-t-il durer ?

Les mesures de quarantaine de plus en plus strictes mises en place en Chine semblent ralentir la propagation du virus, mais il n’est pas certain qu’avec un aussi fort degré de contagiosité l’épidémie puisse être stoppée à ce stade. Diverses informations en provenance de Chine et une étude en Allemagne, publiée dans le New England Journal of Medicine, indiquent en effet que certaines personnes infectées par le nouveau coronavirus peuvent le transmettre avant qu'elles n’aient elles-mêmes le moindre symptôme.

Cela rend donc le contrôle des frontières encore plus difficile et le nombre réel de malades asymptomatiques manqués par les caméras thermiques pourrait être supérieur à 75%, d’après les experts. Au fil des jours, le nombre de cas à l’étranger augmente très progressivement (près de 900 actuellement) et, avec une contamination moyenne de 2,5 cas par personne infectée et un temps de doublement de 6,5 jours hors quarantaine, c’est près de 60% de la population mondiale qui pourrait être infectée (au maximum).

Heureusement, le taux de décès semble être au alentour de 2% des malades infectés, ce qui est encore confirmé dans une étude épidémiologique chinoise sur les 44 000 premiers cas, ce qui est beaucoup moins que le SRAS (10% environ) et le MERS (30%). La maladie est modérée dans plus de 80% des cas, sévère dans près de 15% des cas et critique dans 5% des cas.

Les décès concerneraient surtout les personnes les plus âgées et les plus malades (cardiopathies, diabète, insuffisance respiratoire...). Mais ce que ce coronavirus a perdu en létalité, il l’aurait gagné en contagiosité ce qui peut aboutir à un nombre total de décès important si rien n'est fait pour contrôler la diffusion : un taux de 2% appliqué à une infection virale très contagieuse et ayant concerné beaucoup de personnes, c’est ce qui s’est passé en 1918-1919 avec la “grippe espagnole”. Alors qu’habituellement, la grippe donne des taux de mortalité d'environ 0,1%, mais ces années-là, du fait de la forte mutation du virus grippal, la mortalité a atteint 2%, ce qui a mathématiquement abouti des dizaines de millions de morts (entre 30 et 50 millions).

A quoi faut-il s’attendre dans les pays occidentaux ?

La grippe s’améliore au printemps et en été, avec la chaleur, et c’est aussi ce qui semble se produire avec les autres coronavirus bénins, ainsi que le SRAS et probablement le MERS. Donc nous pouvons espérer, que grâce aux efforts titanesques des chinois, le virus n’arrivera pas en masse en Europe et aux Etats-Unis dans les tout prochains mois, laissant au climat le soin de nous protéger jusqu’à l’automne.

Mais le blocage de l’économie chinoise ne peut pas durer éternellement, les chinois reviennent des vacances du Nouvel An Chinois, et même avec des précautions, le redémarrage des usines, des transports et de la vie économique de base, porte les germes d’une nouvelle flambée de l’épidémie. Dans le cas où l'infection s'améliore en été, Covid-19 peut également provoquer une nouvelle épidémie en octobre-novembre 2020, voire s’installer pour plusieurs années dans le Monde.

L’évolution est, à ce stade, “impossible à prévoir” selon l’OMS mais, avec la quarantaine, la diffusion de ce coronavirus dans le monde pourrait se faire en plusieurs années au lieu de plusieurs mois. Ce délai est le bienvenu car les moyens performants de contrôle de l’épidémie et de traitement des malades, que nous avons déployés dans nos pays, peuvent marcher pour quelques malades, mais qu’en sera-t-il si c’est des milliers ou des millions ?

Heureusement, quelques pistes thérapeutiques semblent se dessiner, avec des médicaments ou des associations de médicaments efficaces (antirétroviraux, anti-JAK ou anti-coronavirus) prometteuses mais qui sont en cours de test en Chine, ce qui représente un espoir pour le contrôle de la maladie. La recherche sur les vaccins a été lancée par plusieurs équipes dans le monde, grâce au séquençage du virus et à sa mise en culture, mais rien ne devrait être disponible avant 2021, surtout à grande échelle. Donc tout délai est bon à prendre.

En attendant, la Chine, “l’usine du monde” tourne au ralenti et va impacter l'activité économique à tous les niveau (pièce détachées, médicaments, produits finis ....). Le Japon, l’un des pays où il y a le plus de cas en dehors de Chine et où de plus en plus d’infections apparaissent chez des personnes qui ne sont pas allées en Chine et qui n’ont pas rencontré de personnes provenant de Chine, risque d'être atteint assez vite. Surtout, nous n’avons pas de données valides sur de nombreux pays où le virus peut se développer et où les infrastructures de soin seront vite débordées. Le premier cas en Afrique a été signalé en Egypte et il y a de quoi retenir son souffle vis-à-vis du reste de l’Afrique et du Moyen-Orient. Que va-t-il se passer, par exemple, si le virus arrive en Syrie ?

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