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Un spot pour libérer la parole des victimes de viol

Par Cécile Coumau

MOTS-CLÉS :

Plus de huit femmes violées sur dix ne disent rien. Seulement 13% portent plainte. Un silence qui fait très mal. Pour tenter de libérer la parole, le Collectif féministe contre le viol a réalisé un clip. Percutant si l'on en croit la description qu'en fait le Parisien qui le présente en exclusivité. Des convives dans une fête... Parmi elles, un homme qui fait la bise à tout le monde. Une voix off nous le présente. Pour l'une, c'est l'ami sur lequel on peut compter, pour l'autre le témoin de mariage... mais pour celle dont "le visage est bouleversé, précise le Parisien, c'est l'homme qui m'a violée. Et ça qui peut l'entendre ?"


Pas d'effraction, pas de violence telle qu'on l'entend parce que dans 80% des cas, l'auteur d'un viol est un proche, un ami, un copain. "Il faut donc sensibiliser l'opinion, témoigne le Dr Gilles Lazimi, membre du Collectif féministe contre le viol, dans les colonnes du Parisien. Il en va de la vie des victimes parfois, car un viol, surtout qu'on ne peut pas raconter, c'est un traumatisme dont le retentissement physique et psychique peut totalement dévaster", insiste l'infatigable militant.


Le clip, qui sera diffusé à partir d'aujourd'hui sur Internet puis sur plusieurs chaînes de télé, touchera sans doute les 87000 Françaises qui sont victimes de cet acte barbare chaque année. Mais, la mission sera réussie si chacun d'entre nous se met dans la peau de celui ou celle qui a dit un jour à une femme qui se confiait : "Non, tu dois te tromper, il est si gentil !" Une phrase apparemment anodine qui rend pourtant le viol encore plus dévastateur parce que les agresseurs ne sont pas démasqués mais surtout parce que les victimes sont niées.


Mais ce clip à lui seul ne pourra évidemment pas lever le tabou. Il faudra aussi changer les lois pour que les femmes qui sont prêtes à parler ne soient pas bloquées par le délai de prescription. L'UDI avait déposé une proposition de loi visant à porter ce délai à 30 ans au lieu de 20 pour les mineurs. Votée au Sénat, elle a finalement été rejetée en décembre dernier à l'Assemblée nationale par 252 voix contre 191. Les socialistes estiment que c'est l'ensemble de notre système de délai de prescription qui doit être modifié. En attendant, la parole ne se libère pas.