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Victimes de viol : un numéro pour éviter les pièges d'internet

Par Stéphany Gardier

Au travail, en soirée, chez soi : le viol peut se produire n’importe où, n’importe quand. Que faire après une agression ? Beaucoup de victimes ont aujourd’hui le réflexe de se tourner vers internet pour trouver des conseils, dans ce moment de désarroi total. Or, le « victim bashing » est très présent sur la toile, et les victimes peuvent en retirer plus de souffrances que d’aide. Pour mieux accompagner les dizaines de milliers de victimes d’agressions sexuelles, le Collectif féministe contre le viol lance une nouvelle campagne d’information, dont Le Parisien se fait l’écho. L’objectif : orienter celles qui cherchent de l’aide vers un numéro d’écoute spécifique : Viols Femmes Informations*.

 

Cette campagne, qui sera officiellement lancée le 15 novembre prochain, aura pour support des spots radio et télé. C’est une jeune femme, Laura, qui y prend la parole, raconte Le Parisien. Elle explique avoir invité son ex à dîner chez elle. Comme la soirée s’éternisait, elle lui propose de dormir sur le sofa. Avant de se réveiller en pleine nuit, au moment où l’homme cherche à avoir un rapport sexuel avec elle. Elle crie, se débat, mais son agresseur passera tout de même à l’acte. « Est-ce que j’ai été victime d’un viol ? », interroge Laura sur les forums internet qu’elle consulte. Une pluie de reproches s’abat alors sur elle. « Il ne fallait pas l’inviter chez toi », « Pourquoi lui as-tu dit de rester dormir », et autres remarques sous-entendant finalement qu’elle l’a plutôt bien cherché !

 

Le viol reste un crime qui bénéficie d’une impunité surprenante. Près de 85 000 femmes seraient victimes de viol chaque année en France. Seules 10 % porteront plainte. Trop souvent encore, avant d’être écoutées, les victimes sont remises en cause. Leur tenue, leur comportement, leur degré d’alcoolisation… Autant de paramètres scrutés pour déceler une éventuelle culpabilité !

En 2016, faire et refaire des campagnes de prévention des violences sexuelles est donc on ne peut plus nécessaire. Rappeler qu’un rapport sexuel ne peut se produire qu’entre personnes consentantes semble une évidence, il semble par contre moins évident pour certains (96 % des auteurs de viols sont des hommes), qu’une personne qui dort, ou qui est ivre, n’est pas à même de donner un consentement digne de ce nom. Abuser d’une situation de faiblesse, quelle qu’elle soit, n’est rien d’autre qu’un abus. Quelle que soit la taille de la jupe de la victime, ou la profondeur se son décolleté. Pour rappel, selon les statistiques de Viols Femmes Informations, trois quarts des viols sont commis par un proche…

 

La ligne Viols Femmes Informations propose aux femmes de les orienter vers une personne à même de les écouter, et de les aider si elles souhaitent porter plainte. Aujourd’hui, la ligne traite 7 000 appels par jour. A chaque nouvelle campagne, le nombre d’appels triple. « Sur ce thème, la parole se libère, et c'est tant mieux, car la première étape est que la femme puisse parler », analyse Gilles Lazimi, médecin coordinateur de la campagne.

 

* 0800 05 95 95 ; numéro gratuit, ouvert de 10 à 19 h du lundi au vendredi