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Protéines

Alzheimer : on peut détecter la maladie avant les premiers symptômes

Par Stanislas Deve

En repérant dans le cerveau la présence de protéines associées aux troubles cognitifs, il est possible d'identifier les personnes qui risquent de développer la maladie d'Alzheimer avant les premiers symptômes.

ipopba / istock
En France, plus de 900.000 personnes sont touchées par la maladie d’Alzheimer, en majorité des femmes. Seuls 1,2 à 2 % des cas sont héréditaires, selon l’Inserm.
A l’heure actuelle, seule 1 démence (Alzheimer ou autre) sur 2 est diagnostiquée, tous stades confondus. Aux stades légers, seul 1 cas sur 3 est connu par le patient ou son médecin.

Sera-t-il bientôt routinier d’identifier les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer avant même qu’elles ne présentent le moindre symptôme ? C’est en tout cas ce que laisse espérer une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’université de Lund, en Suède, et publiée dans la revue scientifique Nature Medecine.

La présence de deux protéines associées à la maladie d’Alzheimer...

On sait depuis longtemps qu'il existe deux protéines associées à la maladie d'Alzheimer : la bêta-amyloïde, qui forme des plaques dans le cerveau, et la tau, qui s'accumule ultérieurement à l'intérieur des cellules cérébrales (les neurones). Des niveaux élevés de ces protéines, en combinaison avec des troubles cognitifs, sont toujours à la base du premier diagnostic de la maladie neurodégénérative.

"Des changements se produisent dans le cerveau entre dix et vingt ans avant que le patient ne ressente des symptômes clairs, et ce n'est que lorsque le tau commence à se propager que les cellules nerveuses meurent et que la personne en question éprouve les premiers problèmes cognitifs. C'est pourquoi la maladie d'Alzheimer est si difficile à diagnostiquer à ses débuts", explique le médecin Oskar Hansson, qui a dirigé l’étude.

...est associé à un risque accru d'être atteint de troubles cognitifs

Dans le cadre de leurs travaux, les chercheurs ont étudié pas moins de 1.325 volontaires issus de trois continents (Suède, Pays-Bas, Etats-Unis et Australie) et ne présentant aucun trouble cognitif au début de l’expérience. En utilisant l’imagerie médicale (PET-scan), ils ont ensuite évalué la présence de protéines tau et bêta-amyloïde dans le cerveau de chaque participant. Ils ont alors observé que les personnes chez qui les deux protéines ont été découvertes présentaient un risque 20 à 40 fois plus élevé de développer la maladie lors du suivi quelques années plus tard, par rapport aux participants qui n'avaient subi aucun changement biologique.

"Lorsque la bêta-amyloïde et la protéine tau sont présentes dans le cerveau, elles ne peuvent plus être considérées comme un facteur de risque, mais plutôt comme un diagnostic", affirme Rik Ossenkoppele, premier auteur de l’étude, dans un communiqué. Il fait une comparaison avec le cancer de la prostate : "Si vous faites une biopsie et trouvez des cellules cancéreuses, le diagnostic sera un cancer, même si la personne en question n'a pas encore développé de symptômes."

Cette découverte ouvrirait la voie à de nouveaux traitements, selon les chercheurs. "Si nous pouvons diagnostiquer la maladie avant que les problèmes cognitifs n'apparaissent, nous pourrons éventuellement utiliser le médicament pour ralentir la maladie à un stade très précoce. En combinaison avec une activité physique et une bonne nutrition, on aurait alors plus de chances de prévenir ou de ralentir de futurs troubles cognitifs", conclut ainsi Oskar Hansson.