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QUESTION D'ACTU

Images subliminales

Comment notre cerveau enregistre ce que nous ne voyons pas

L’apprentissage et la perception passent aussi par des stimulis visuels subconscients. Jusqu’à présent, les chercheurs ne savaient pas comment le cerveau les enregistrait. La raison serait liée à la sécrétion de dopamine. 

Comment notre cerveau enregistre ce que nous ne voyons pas lolloj/iStock




L'ESSENTIEL
  • Le cerveau peut percevoir ou enregistrer des images subliminales
  • Ce phénomène, expliqué pour la première fois, reposerait sur l'effet de la dopamine sur certains zones cérébrales

Notre cerveau peut enregistrer des images ou des messages que nous ne voyons ou n'entendons pas. C'est le cinéma, au temps où il reposait sur des pellicules défilant au rythme de 24 images par seconde, qui a popularisé cette faculté : une image hors contexte ne s'affichant que durant 0,04 secondes n'était pas perceptible par notre vue mais pouvait marquer notre esprit. Sur ce même principe, une photo "furtive" de François Mitterrand intégrée dans le générique du journal d'information d'une grande chaîne de télévision française avait créé l'événement durant la campagne présidentielle de 1988. Accusée de vouloir influencer l'opinion, cette chaîne avait dû changer le générique en question ! Une étude publiée dans la revue Neurone vient de donner une explication scientifique à ce phénomène : pour la première fois, les chercheurs ont découvert comment le cerveau percevait et apprenait à partir de stimuli visuels subconscients.

Le cerveau perçoit et enregistre les stimuli visuels subconscients

Une partie de l’apprentissage se fait de façon consciente, l’autre est moins perceptible car elle passe par des stimuli visuels subconscients. Ainsi, le cerveau réagit à des images ou à de la lumière sans que cela nécessite un effort de l’individu. A force de les voir, le cerveau les retient, il les enregistre. Jusqu’à présent, les scientifiques connaissaient ce phénomène d’apprentissage inconscient mais ne savaient pas à quoi il était dû. Pour y parvenir, ils ont donc étudié les cerveaux de deux singes. Dans un premier temps, les primates ont donc vu des images de visages et de corps humains tout en effectuant une autre tâche. Leur perception était flou, quasiment invisible. Ils ne pouvaient pas, consciemment, percevoir ces images. Le même résultat a été observé lorsque que le cerveau était stimulé et ne l’était pas. 

L’aire tegmentale ventrale libère de la dopamine...

En revanche, dans un second temps, les scientifiques ont stimulé l’aire tegmentale ventrale du cerveau pendant que les singes recevaient des stimuli visuels subconscients. L’aire tegmentale ventrale est constituée d'un groupe de neurones, dont la majorité produisent de la dopamine, une molécule biochimique qui permet la communication au sein du système nerveux. Elle provoque une sensation de plaisir qui active le système de récompense et joue un rôle dans la motivation. En activant l’aire tegmentale ventrale, les chercheurs ont donc libéré de la dopamine dans le cerveau des primates. “La dopamine est une molécule messagère cruciale de nos systèmes moteur et de récompense, et elle est extrêmement importante pour l'apprentissage et le plaisir, souligne Wim Vanduffel. En stimulant directement cette aire cérébrale, nous pouvons établir un lien causal entre l'activité dans cette zone et la perception ou un comportement cognitif complexe.” 

… qui permet aux singes de mieux percevoir les images

En effet, lors de cette seconde expérience, la perception des singes était bien différente : ils voyaient les images en détail. Par exemple, ils savaient si les corps humains étaient tournés vers la gauche ou vers la droite. Il y avait donc une grande différence de perception due à la stimulation de l’aire tegmentale ventrale. Pour approfondir leur résultats, les scientifiques ont fait des scans cérébraux des primates, avant et après le test. “Nous pouvons voir le flux sanguin dans le cerveau, ce qui donne une indication sur les neurones actifs, poursuit Wim Vanduffel. Plus il y a de flux sanguin, plus il y a d'activité.” Selon ces clichés d’imagerie médicale, l’activité provoquerait une réaction dans le cortex visuel du cerveau mais aussi dans des zones importantes pour la mémoire. 

De nouveaux traitements pour les pathologies neurologiques ?

Les perturbations du système dopaminergique peuvent engendrer différents troubles psychiatriques et moteurs, tels que Parkinson, la dépression ou encore la toxicomanie. "La maladie de Parkinson est un trouble moteur et est causée par la mort des neurones producteurs de dopamine, assure Wim Vanduffel. Cependant, les traitements dopaminergiques actuels peuvent produire des effets secondaires car ils actionnent également l'ensemble du système de récompense, ce qui non seulement réduit les symptômes moteurs, mais peut également conduire à un comportement addictif." Ainsi, le travail de ces chercheurs sur le fonctionnement de l’aire tegmentale ventrale du cerveau pourrait, à terme, permettre de mettre au point des traitements plus ciblés, avec moins d’effets secondaires, pour plusieurs pathologies ou chocs cérébraux. “En stimulant les zones du cerveau qui produisent de la dopamine, nous pourrions, par exemple, permettre aux gens de retrouver leur parole plus rapidement ou d’améliorer leurs capacités motrices après un accident ou une maladie,” conclut Wim Vanduffel.

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