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Coronavirus

Covid-19 : pourquoi la deuxième vague inquiète

Par Jean-Guillaume Bayard

Deux conseils de défense sont prévus pour étudier un durcissement des mesures face à la deuxième vague du virus qui s’abat sur la France. Pour de nombreux scientifiques et médecins, elle pourrait être encore plus féroce que la première.

Drazen Zigic/iStock
Le nombre de cas quotidien dépasse officiellement les 50 000 mais pourrait être en réalité de 100 000, selon le Conseil scientifique.
Contrairement à la première vague, le virus circule partout sur le territoire.
Le nombre d'hospitalisations pourrait dépasser, dans les prochaines semaines, le pic de la première vague.
Le spectre de la situation sanitaire du printemps dernier refait surface et un nouveau confinement, option longtemps écartée par le gouvernement, semble de plus en plus probable. Le hausse constante et importante du nombre de cas quotidiens, d’admissions en réanimations et de décès à travers le territoire, comme les mesures restrictives qui s’accumulent dans les pays voisins, sont autant d’indicateurs qui font craindre le pire. Cette deuxième vague “va probablement être plus forte que la première”, estime même Jean-François Delfraissy, le président du Conseil scientifique sur RTL, lundi 26 octobre.

Le virus est partout sur le territoire

Ces derniers jours, le virus s’est diffusé avec une extrême rapidité. Le jeudi 22 octobre dernier, le ministre de la santé Olivier Véran a indiqué que “sans mesure nouvelle, il y aurait plus de 50 000 cas par jours dans 15 jours” pour justifier la mise en place du couvre-feu étendu à plus de 50 départements. À peine 4 jours plus tard, ce plafond des 50 000 cas a déjà été dépassé et la réalité pourrait être encore supérieure. “Le Conseil scientifique estime que l'on est plutôt autour de 100 000 cas par jour, avance son président. Entre les cas diagnostiqués, les cas qui ne se font pas diagnostiquer, les cas asymptomatiques... On est autour de ce chiffre. On a un virus qui circule de façon extrêmement rapide.”

Contrairement à la première vague où le virus a circulé avec intensité dans certaines régions, il est désormais répandu partout sur le territoire. “Ce qui nous pose problème, c’est que la situation est grave sur toute la France”, déplore à Franceinfo le professeur Éric Caumes, chef du service des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital de La Pitié-Salpêtrière, à Paris. Un constat partagé par l’infectiologue Gilles Pialoux. “La difficulté actuelle est précisément le fait qu’on a une diffusion nationale de l’épidémie, c’est le paradoxe, alors qu’on était plutôt, en France, dans des épidémies concentrées à la première vague. Là ça va de Roubaix à Rodez. Le virus est partout, et on a probablement perdu le fil dès le mois d’août”, a indiqué le chef du service des maladies infectieuses de l'hôpital Tenon à Paris, interrogé par BFM TV.

Reconfiner le pays

Le nombre d’hospitalisations pourrait lui aussi dépasser les niveaux de la première vague. “On aura plus de personnes hospitalisées que lors de la première vague. (...) On va dépasser le nombre d’hospitalisations du printemps, qui était à 32 000 au pic, on est déjà à 17 000 et on va aller plus haut”, estime Renaud Piarroux, chef du service à la Pitié-Salpêtrière à Paris, à BFM TV. Actuellement, le taux d’occupation des lits en réanimation frôle celui du début du mois de mars, juste avant le confinement. Les patients Covid remplissent actuellement 50,9% des lits en réanimation.

Toutes ces données conduisent les médecins qui se succèdent dans les médias à un consensus : la deuxième vague sera plus dure que la première. Une situation qui amène le président de la République à réunir deux conseils scientifiques, le premier ce mardi et un second mercredi, pour réfléchir à de nouvelles mesures pour la contenir au mieux. “On est le nez face au mur de la réalité. C’est plus critique, plus précoce, plus fort, et plus impactant pour la vie de l’hôpital”, assène Gilles Pialoux qui juge que l'épidémie est “hors de contrôle” et appelle à des mesures plus fortes qu’avancer le couvre-feu à 19h, ce qu’il estime “insuffisant”. Sa solution ? “Reconfiner le pays.