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Témoignage

Confinement, ils témoignent : “On est enfermé mais on ne profite même pas de sa famille”

Par Raphaëlle de Tappie

Dona, 32 ans, commerciale pour une grosse compagnie d'informatique, confinée en région parisienne avec son conjoint et ses deux enfants, nous raconte comment elle jongle tant bien que mal entre son travail de la maison et ses deux petits. 

En cette période de confinement, Pourquoi docteur est a recueilli des témoignages de Français sur leur expérience. Aujourd'hui, Dona, 32 ans, commerciale pour une grosse compagnie d'informatique, nous raconte comment elle tente de rester productive dans son travail tout en s'occupant de ses deux jeunes enfants en parallèle. 

“Avec les enfants et le télétravail, c’est assez compliqué. J’ai une petite de deux ans et un garçon de 10 ans, qui est en CM2. Je base mon temps du travail en fonction de ses devoirs et je dois surveiller la seconde en même temps. On a mis un peu de temps à installer un rythme. Peu habitués à être tout le temps à l’intérieur, les enfants avaient du mal à dormir au début et les nuits étaient au courtes. Maintenant, ça va un peu mieux.   

Chaque matin, la maîtresse de mon aîné envoie la liste des devoirs à faire. Cependant, elle ne corrige que le soir donc heureusement qu’il est encore dans une petite classe et que j’arrive à répondre à ses questions. Une fois par exemple, il devait faire de l’origami pour la géométrie et je me suis retrouvée incapable de faire une simple fleur. Mon conjoint est ingénieur, il était en train de travailler et indisponible pour nous aider à ce moment-là, donc on n'a rien pu envoyer à la maîtresse et c'est retombé sur mon fils. Quant à ma fille, elle allait chez l’assistante maternelle mais elle ne veut plus la prendre parce qu’elle a deux filles et un mari et a peur du risque de contamination, dans les deux sens. Comme je sais que les enfants s’ennuient, pendant le weekend, j’essaie de faire des activités manuelles, de la peinture, de passer le plus de temps possible avec eux. Je leur lis aussi des livres. J’essaie de ne pas planter devant la télévision tout le temps.

Au niveau de mon job, je commence une heure plus tard et je finis une heure plus tôt mais je suis obligée de bosser de façon beaucoup plus condensée et efficace. Il faut dire qu’à la maison, on fait moins de pauses, on n’est pas tenté d’aller papoter avec ses collègues devant la machine à café. Au final, le rendement de mon travail n’a donc pas changé mais je suis plus stressée que d’habitude. Ce n’est pas rare qu’une fois les enfants couchés, je rallume mon PC. 

La rentabilité à tout prix

Je vends des solutions informatiques pour une grosse boîte. Je dois m’occuper du suivi des contrats, je suis le point privilégié des clients et être disponible pour eux. Je leur donne des heures d’appel où je pense être libre mais parfois ça donne des situations gênantes avec des enfants qui pleurent et crient en fond mais je pense que tout le monde est compréhensif en ce moment. Le télétravail ne change pas mon cœur de mission mais normalement je suis censée chasser de potentiels clients également. Toutefois, quand il n’y a pas d’approches physiques ou que tu ne peux pas les appâter avec des déjeuners, c’est beaucoup moins facile. Par Skype, le premier contact est quand même très différent, d’autant plus que les gens passent déjà leurs journées à enchaîner les rendez-vous téléphoniques.

Pour ce qui est de l’avenir, cela ne me dérangerait pas de plus travailler de chez moi. Je me rends compte que je suis plutôt efficace. Ce qui me dérange, c’est que j’ai l’impression que même dans des moments comme celui qu’on est en train de vivre, les entreprises ne pensent qu’à la productivité. La semaine dernière, j’ai reçu un mail de mon patron qui me demandait d’être toujours plus productif sans tenir compte des nouveaux impératifs. On est enfermé mais on ne profite même pas de sa famille, de ses enfants. Quoi qu’il se passe, il faut toujours être le plus rentable possible...”