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Etude aux Etats-Unis

Aspirine en prévention : 10 % des prescriptions ne sont pas justifiées

Prescrire de l’aspirine pour éviter la récidive d’un AVC ou d’un infarctus est courant. Mais dans un cas sur dix, les patients se voient prescrire ce médicament à tort.

Aspirine en prévention : 10 % des prescriptions ne sont pas justifiées RICHARD B. LEVINE/NEWSCOM/SIPA




L’aspirine en prévention d’une maladie cardiovasculaire ne profite pas à tout le monde. Un patient sur dix en consommerait même à tort, selon une étude parue dans le Journal of the American College of Cardiology (JACC). Ce mauvais usage n’est pas sans risque, rappellent ses auteurs : il existe un risque réel de saignements.

 

Une prescription à haut risque

Les pratiques de 119 cabinets médicaux ont été étudiées entre 2008 et 2013. Les chercheurs n’ont retenu que les prescriptions d’aspirine en prévention primaire (avant un événement cardiovasculaire). L’objectif : savoir si les médecins respectent les recommandations officielles. Selon l’American Heart Association, si le risque cardiovasculaire à 10 ans est inférieur à 6 %, il est inutile de prescrire de l’aspirine. Pourtant, dans 12 % des cas, les patients en reçoivent tout de même. C’est plus souvent le cas lorsque le patient est de sexe féminin (17 % Vs 5 %) ou jeune. 

 

Le bénéfice de l’aspirine en prévention secondaire, après un AVC, un infarctus ou une fibrillation atriale, est prouvé. Mais en prévention primaire, cette prescription fait toujours débat. En effet, ce médicament augmente le risque de saignements gastro-intestinaux et d’AVC hémorragiques de manière non négligeable. A tel point qu’aux Etats-Unis, l’Agence de sécurité du médicament et des aliments (FDA) n’autorise pas l’aspirine en prévention primaire. En France également, la Haute Autorité de Santé (HAS) recommande de réserver ces prescriptions à la prévention secondaire. « Les professionnels de santé doivent se demander si le risque de saignements dépasse les bienfaits potentiels du traitement chez des patients qui ne correspondent pas aux recommandations », alertent les principaux auteurs de l’étude Ravi Hira et Salim Virani. Les médecins n’ont visiblement pas attendu ces conseils : entre 2009 et 2013, les prescriptions inappropriées sont passées de 14 à 9 %.

 

Un rapport bénéfice-risque contesté

Cette étude soulève un autre problème, lié à l’accès libre de l’aspirine : l’auto-médication en prévention primaire. « Puisque l’aspirine est en accès libre, l’éducation des patients et du public contre une consommation d’aspirine sans recommandation médicale jouera aussi un rôle clé pour éviter ces mésusages », soulignent Ravi Hira et Salim Virani.

 

Dans un éditorial associé à l’étude, Freek Verheugt, du Centre médical Nijmegen à l’université Onza Lieve Vrouwe Gasthuis à Amsterdam (Pays-Bas) remet même en question l’intérêt de l’aspirine en prévention : « Pour deux événements coronaires majeurs prévenus par de l’aspirine en prévention, on dénombre un saignement extra-crânien majeur », déplore-t-il. « Pourtant, la prévention primaire avec l’aspirine est largement appliquée. »

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