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QUESTION D'ACTU

Contrôles sanitaires

Menace sur les volailles françaises

La Commission européenne menace d’interdire la vente des volailles françaises dans l’Union. Motif, le manque d’inspecteurs vétérinaires pour contrôler les abattoirs.





.Les volailles françaises sont dans le collimateur de la Commission européenne. Pour cause de grippe aviaire ? Non, ce sont les abattoirs qui sont pointés du doigt. Selon les inspecteurs de l’Office alimentaire et vétérinaire européen (OAV), ils sont insuffisamment contrôlés. Une vingtaine d’inspecteurs vétérinaires français (équivalents temps plein) couvrent l’activité des 240 abattoirs, alors que le règlement européen en prévoit 120.
A défaut d’une remise à niveau rapide des effectifs, Bruxelles pourrait décider d’interdire l’exportation des volailles dans l’ensemble de l’Union européenne. Une sévère menace économique à l’égard du premier producteur européen de volailles.

Pour éviter la sanction, le ministère de l’Agriculture a déclenché le branle-bas de combat pour mobiliser des renforts vétérinaires. Mais « les services vétérinaires sont aujourd’hui exsangues, explique Benoît Assémat, président du syndicat des inspecteurs de santé publique vétérinaire (SNISPV). Ils ne disposent plus d’aucune marge suffisante pour redéployer des effectifs ». Mais au-delà du problème économique, c’est la gestion des risques de sécurité alimentaire qui est en cause. « Cela fait dix ans, explique le présidnet du SNISPV, que nous tirons la sonnette d’alarme au sujet du déficit des contrôles officiels dans les abattoirs. C’est une faille dans le dispositif de sécurité sanitaire. »

Sans réclamer qu’un vétérinaire soit systématiquement posté devant les lots de volailles abattues, le SNISPV juge qu’un minimum d’informations concernant les élevages (incidents, traitements médicamenteux, etc.) devrait permettre d’adapter les procédures de surveillance. « À défaut, la sécurité alimentaire, estime-t-il, n’est plus assurée ».

La France serait-elle en train de baisser la garde en matière de sécurité sanitaire alimentaire ? Alimentation, pharmacie vétérinaire, bien-être animal, tout le secteur souffre de la pénurie de surveillance, d’après Benoît Assémat. La pérennité des contrôles est aujourd’hui directement menacée dans certains secteurs, comme la restauration commerciale et les remises directes au consommateur, autrement dit les arrière-cuisines? des établissements de quartier. En pleine réforme de l’Etat, la nécessité d’augmenter les effectifs n’est pas entendue.

« Depuis cinq ans, affirme le président du SNISPV, entre les deux tiers et les trois quarts des personnels partant à la retraite ne sont plus remplacés. Le domaine sanitaire devrait représenter une mission émergente et à ce titre échapper à la politique générale des réductions du nombre des fonctionnaires ». Pour une population presque équivalente, l’Italie emploie deux fois plus de personnels pour effectuer les contrôles sanitaires et l’Espagne un tiers de plus, avec une population moindre. En outre, l’organisation de la gestion des risques est menacée.

A partir de 2010, les services vétérinaires, qui étaient jusqu’à présent directement rattachés à l’administration centrale, se retrouveront noyés dans des directions régionales interministérielles. Elles traiteront aussi bien des question de sécurité alimentaire que du droit opposable au logement, du droits des femmes ou des questions relatives à la jeunesse et aux sports… Cette organisation permettra-t-elle de réagir rapidement lorsque des élevages sont attaqués par des agents infectieux ? L'inquiétude de Benoît Assémat est d’autant plus légitime que la menace est bien réelle : encéphalite spongiforme bovine, fièvre aphteuse, fièvre catarrhale ovine…

Les crises qui se sont succédées ces dix dernières années, montrent qu’il est important de maintenir un niveau élevé d’exigences en matière de sécurité alimentaire. « 75 % des agents pathogènes pour l’homme trouvent leur origine dans le règne animal », rappellent les vétérinaires. Face aux menaces pour la santé publique, qu’aggravent encore le réchauffement climatique et la mondialisation des échanges, les inspecteurs vétérinaires plaident pour la création d’une nouvelle agence chargée de coordonner, notamment dans les abattoirs, la gestion des risques sanitaires.



Questions à Benoît Assémat, , président du syndicat des inspecteurs de santé publique vétérinaire 

Pas de cohérence dans le projet de loi


 

 Quelles sont les missions des services de santé publique vétérinaire ?  

Benoît Assémat Elles sont assez nombreuses et méconnues. Elles peuvent se synthétiser en trois axes. Le premier concerne la prévention et la lutte contre les zoonoses. Le deuxième touche au contrôle de la sécurité sanitaire de la chaîne alimentaire. Le troisième regroupe des actions qui préviennent les pollutions issues des industries agroalimentaires ou des élevages industriels. Ce sont des misssions qui sont effectuées pour le compte du ministère de l’Ecologie. . 


Qu’est-ce qui pose problème ?
B.A. 
C’est la gestion des risques sanitaires qui pose problème. D’une part, avec la révision générale des politiques publiques (RGPP), l’organisation des services vétérinaires dans les départements va disparaître. Nous allons être dilués dans des directions très interministérielles qui regroupent des missions hétérogènes n’ayant aucun lien avec la sécurité alimentaire. D’autre part, il faudrait enfin décloisonner l’approche entre les problèmes liés au monde animal et ceux qui sont liés à la santé des végétaux. En outre, la disparition de la mission interministérielle « sécurité sanitaire » qui associe les actions conduites par le ministère de la Santé et celui de l’Agriculture, illustre l’incapacité de faire vivre la coopération entre ces ministères. 

Pourquoi réclamer que les futures agences régionales de santé ne s’occupent pas de santé environnementale ? 
B.A.. Le projet de loi, en débat au Parlement, transfère aux ARS des compétences en matière de santé environnementale. Ces missions de santé environnementale ont un rapport très étroits avec les nôtres. Ce projet de loi vise à nous séparer alors que nous étions regroupés autour du préfet de département. Nous pensons que cet éclatement n’est pas en faveur d’une cohérence de l’ensemble du problème. 
Entretien avec M.G. 

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