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QUESTION D'ACTU

Musculation, dopage

Ces ados qui sculptent leur corps avec des anabolisants

De plus en plus d’adolescents mettent leur santé en danger en tentant de se sculpter un corps idéal à grand renfort de musculation, compléments alimentaires voire stéroïdes anabolisants.

Ces ados qui sculptent leur corps avec des anabolisants Featur/REX/SIPA




Deux heures de musculation par jour, six jours sur sept depuis l’âge de 15 ans. Dans les colonnes du New York Times, David Abusheikh, aujourd’hui âgé de 18 ans, explique qu’il consomme désormais également des barres et des boissons protéinées pour gagner rapidement en masse musculaire. Il est loin d'être un cas isolé. Selon une étude américaine publiée la semaine dernière dans la revue Pediatrics, 41% des adolescents interrogés, 14-15 ans en moyenne, pratiquent la musculation, 38% consomment des compléments alimentaires et 6% ont déjà pris des substances anabolisantes.Internet aidant, le phénomène prend des proportions inquiétantes outre-Atlantique.
Les adolescents français ne sont probablement pas plus à l’abri que les autres. Selon une étude menée dans le département des Vosges en 2007, entre 3 et 5% des adolescents pratiquant régulièrement un sport en club reconnaissaient avoir consommé des produits dopants. Le trio de tête était antiasthmatique, corticoïde et cannabis mais les anabolisants revenaient également parmi les substances citées par les garçons.
 « Chez nous, ceux qui prennent des anabolisants et ceux qui consomment des compléments alimentaires sont deux populations distinctes d’adolescents », note le Dr Jacques Pruvost, médecin du sport et médecin conseil de la Direction régionale de la Jeunesse et des sports de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Dans des sports comme le rugby, les sports de combat ou l’athlétisme, les compléments alimentaires prennent de plus en plus de place dans la préparation physique. Les jeunes sportifs se mettent donc à en consommer pour récupérer plus vite ou pour gagner rapidement de la masse musculaire. « On est à la frontière entre une conduite dopante et le dopage vrai avec des produits interdits. Mais la prévention est encore possible, notamment grâce aux médecins des clubs », souligne ce spécialiste.

 

Ecoutez le Dr Jacques Pruvost, médecin du sport et médecin conseil de la Direction régionale de la Jeunesse et des sports Paca : « On est dans le message éducatif, essayer une nutrition plus adaptée avant d’en arriver aux compléments ».



La situation la plus préoccupante est celle des adolescents qui ne sont pas sportifs par ailleurs mais fréquentent uniquement les salles de sport pour gagner en masse musculaire. On parle de complexe d’Adonis pour désigner ces hommes, jeunes ou non, qui développent une forme d’addiction à l’exercice physique en salle pour corriger les défauts supposés de leur corps.

Ecoutez le Dr Jacques Pruvost : « On n’est pas dans la recherche de performance mais face à un trouble de l’image de soi ».


« Dans ces salles de muscu, ces ados fragiles sont vulnérables à toutes sortes de trafics de produits dopants, s’inquiète le médecin du sport. Et hormis dans le cadre scolaire, on peut difficilement les atteindre pour faire de la prévention. Ils ne sont pas licenciés d’un club et souvent, aucun certificat médical ne leur a été demandé ». Or la prise d’anabolisants, une classe d’hormones apparentées à la testostérone, n’est évidemment pas sans risque pour ces ados. « Au moins autant que les adultes, ils courent le risque, à long terme, de développer un cancer notamment du foie, à moyen terme de faire un infarctus ou de développer une hypertension artérielle. Et à court terme, ce sont les troubles du comportement avec des accès d’agressivité et de violence qui peuvent être majeurs », alerte le spécialiste. Interrogé par le New York Times, l’endocrinologue Shalender Bashin craignait même des dangers accrus du fait de l’utilisation de ces produits pendant la puberté.

La plus grande vigilance est donc de mise pour l’entourage de ces jeunes. « A 15-16 ans, choisir de fréquenter de son propre chef une salle de musculation plutôt qu’aller faire un foot ou un tennis avec ses copains, ce n’est pas anodin, insiste Jacques Pruvost. C’est un signe qui doit alerter les parents sur un mal-être plus profond de leur adolescent et le pousser à consulter ».

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