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QUESTION D'ACTU

Entretien avec le Pr François Rannou

Lombalgie : le paracétamol n'a pas d'intérêt en fin d'épisode

Selon une étude, pour soulager les douleurs lombaires aiguës, le paracétamol n’est pas plus efficace qu’un placebo. De toute façon, lors de douleurs sévères, cet antalgique seul ne suffit pas.

Lombalgie : le paracétamol n'a pas d'intérêt en fin d'épisode SUPERSTOCK/SUPERSTOCK/SIPA




Le paracétamol, traitement le plus délivré en cas de lombalgie, ne serait pas plus efficace qu’un placebo. C'est en tout cas ce que prétend une étude parue jeudi dans la revue scientifique The Lancet. Et selon les scientifiques de l'Université de Sydney (Australie) à l’origine de cette publication, il faudrait en tirer les conséquences dans la pratique quotidienne.

Vérifier l’efficacité du paracétamol
Car les lombalgies, douleurs au niveau des lombaires, sont la première cause de handicap dans le monde. Pour soulager les patients, depuis longtemps et de manière unanime, le paracétamol est considéré comme le traitement de première ligne. Mais aucune étude n’a permis de confirmer son efficacité, notaient ses auteurs. 
Dans ce contexte, ils ont recruté 1 652 personnes souffrant de douleurs au niveau des lombaires. Un premier groupe a pris du paracétamol par doses régulières – 3 prises par jour pendant un mois, avec un maximum de 3 990 mg –, un deuxième a reçu le médicament quand c’était nécessaire – avec un maximum quotidien de 4 000 mg –, un troisième a eu accès à un placebo. En complément de ce traitement pharmacologique, les chercheurs ont fourni des conseils aux participants, ont tenté de les réconforter.

Aucun effet sur la douleur
Et les résultats récoltés ont été sans appel. Au bout de trois mois, l’équipe a comparé l’état de santé des patients dans les différents groupes, ainsi que leur adhérence au traitement. En moyenne, ceux-ci faisaient preuve de modération et ne prenaient que 2 660 mg par jour. Mais le temps nécessaire pour que la douleur s’estompe ne varie pas vraiment selon que les participants prennent un placebo ou du paracétamol : 16 jours dans le premier cas, 17 dans le second. Si le médicament actif n’aidait pas à soulager la douleur, il n’améliorait pas non plus la qualité de vie, du sommeil, ou encore le fonctionnement quotidien. Une vraie douche froide pour les adeptes du paracétamol.

La paracétamol pas utile en fin d'épisode
Contacté par la rédaction de pourquoidocteur, le Pr François Rannou, rhumatologue à l'hôpital Cochin (14e) estime cependant qu'il y a « un problème » dans cette étude qui traite de la lombalgie aiguë. « Quand on regarde la population de l'étude, on voit que, en moyenne, ce sont des gens qui avaient mal depuis une dizaine de jours. Or, en général, les épisode de lombalgie aiguë durent quelques jours. Donc, j'aurais aimé savoir à "Jour 0" (dès que les gens ont mal) quelle aurait été l'efficacité du paracétamol. C'est la pratique quotidienne. Car quelqu'un qui a un lumbago ne va pas prendre un antalgique 10 jours après. » Et ce spécialiste de rajouter que « si ça trouve, on peut même se dire que ce sont des gens qui n'avaient pas besoin d'antalgiques. Ils ont pris des personnes qui étaient probablement en fin d'épisode. Et dans cette situation, le patient n'a plus besoin de paracétamol. »


Lors de douleurs intenses, la paracétamol seul ne suffit pas 
Enfin, le Pr François Rannou indique que le contenu des recommandations habituelles en cas de lombalgie ne doit pas être modifié sur la base d’une seule étude. Même si ce rhumatologue tient à rappeler que le paracétamol ne marche pas trop bien dans les douleurs intenses de la lombalgie aiguë. « Pour ces patients on donne plutôt du paracétamol avec de la codéine ou de l'Ixprim (antalgique contenant un opiacé). C'est-à-dire du paracétamol plus une molécule. Et là, ça soulage les douleurs », conclut-il.

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