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Avant six mois

Lait : les bébés consomment la moitié des lipides nécessaires

Lait demi-écrémé, yaourt faible en matières grasses,  la restriction des lipides chez les tout petits, censée les préserver de l'obésité,  augmente le risque d'être en surpoids à l’âge adulte. 

Lait : les bébés consomment la moitié des lipides nécessaires SUPERSTOCK/SIPA




« Je fais très attention à ce que je donne à manger à ma petite fille de 15 mois. J’ai toujours eu des problèmes de surpoids et je n’ai pas envie qu’elle vive ça. Je lui fais de bonnes purées maison, sans aucun ajout de matière grasse. Je me dis qu’il vaut mieux qu’elle s’habitue tôt à ne pas manger gras », confie Sarah.
Comme cette jeune maman, nous sommes de plus en plus nombreux à nous soucier de préserver notre progéniture de l’épidémie d’obésité. Nous scrutons les étiquettes, les assiettes ou les biberons de nos bébés, toujours à la recherche des produits les moins gras possibles.  Pourtant une équipe de chercheurs de l'Inserm vient de révéler que c’est  l’inverse qu’il faudrait faire.
En effet, si limiter les apports en lipides (graisses) chez les adultes est justifié, chez les jeunes enfants, cela peut avoir pour des conséquences paradoxales d’après ces chercheurs. Ils ont suivi pendant 20 ans des enfants nés entre 1984 et 1985 grâce à des bilans de santé réguliers et à des interrogatoires sur leurs habitudes alimentaires. Au bout de 20 ans, les jeunes adultes qui avaient eu de faibles apports en lipides au début de leur vie étaient ceux qui avaient le plus de masse grasse au niveau abdominal. De même, leur taux de leptine, une hormone qui participe notamment à la régulation de l’appétit, était plus important, une caractéristique des personnes obèses.

Ecoutez Marie Françoise Rolland-Cachera co-auteur de cette étude : « Les 2 premières années de vie, l’organisme de l’enfant se prépare à ce qui va lui arriver plus tard. Si on lui donne peu de lipides, il aura plus de mal à s’adapter à des apports élevés par la suite »


 

« De fait, l’épidémie d’obésité qui a débuté depuis quelques dizaines d’années dans de nombreux pays, a eu lieu parallèlement à une baisse des apports en lipides chez l’enfant, atteignant des niveaux particulièrement faibles chez les jeunes enfants », explique Marie Françoise Rolland-Cachera. Dans le cadre de cette étude épidémiologique, 36% des enfants âgés de 10 mois consommaient par exemple du lait de vache demi-écrémé. A l’âge de 2 ans, ils étaient 67%. Des résultats qui témoignent que le mode de consommation actuel est bien trop éloigné des recommandations officielles en matière d’alimentation infantile.

 

Ecoutez Marie Françoise Rolland-Cachera : « Jusqu’à 6 mois, un bébé devrait consommer 50/60% de lipides, et décroître jusqu’à 35% à 2 ans. La plupart en consomment moins de 30% »



 

Avant 2 ans, les spécialistes de la nutrition infantile préconisent donc d’opter de préférence pour des laitages entiers, tant pour le lait que pour les yaourts ou les fromages. Par ailleurs, le lait maternel reste malgré tout le plus adapté, notamment en ce qui concerne les lipides, il en contient environ 55%.  
« Pour les tous petits je ne conseille jamais de prendre des produits allégés en matière grasse, précise le nutritionniste Laurent Chevallier. Ce n’est pas tant une question de matière grasse. Je considère que sur le plan nutritionnel, avec les laitages entiers, on a aussi plus de vitamines A et D que dans les produits demi-écrémés ou écrémés ».

De même, pour ne pas restreindre les apports en lipides avant 2 ans, il est important, sans en abuser, d’utiliser par exemple des huiles d’assaisonnement dans l’alimentation des bébés. « Selon sa culture, on peut sans problème mettre une noisette de beurre ou ½ cuillère à café d’huile dans la purée de légumes des jeunes enfants », ajoute Laurent Chevallier.
Même si les lipides sont depuis longtemps accusés de tous les maux, ces travaux récents ainsi que d’autres publiés à travers le monde rappellent que la restriction des graisses ne doit en aucun cas s’appliquer avant 2 ans. Passé cet âge, il faut en revanche diminuer progressivement les apports pour les adapter aux besoins à chaque âge de la vie. En clair, inverser le mode de consommation actuel !

 

Ecoutez Marie Françoise Rolland-Cachera : « Dans notre étude, à 10 mois, les enfants consommaient 28% de lipides alors qu’à 8 ans ils en étaient à environ 38%. C’est le schéma totalement inverse qu’il faudrait faire. » 



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