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Elargissement des compétences

Sages-femmes : les gynécologues créent une nouvelle polémique

Les gynécologues-obstétriciens ne veulent pas du décret qui élargit les compétences des sages-femmes. Ils dénoncent une stratégie qui avive des tensions.

Sages-femmes : les gynécologues créent une nouvelle polémique Kzenon/epictura

  • Publié le 28.06.2016 à 17h00
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La pilule a décidément du mal à passer pour les gynécologues-obstétriciens. Après avoir provoqué une polémique sur les arrêts de travail pour une IVG, les six syndicats (CNGOF, FNCGM, SFG, SGM, SGOL, SYNGOF) publient un communiqué commun qui risque d’attiser des braises encore bien vives. Ils y dénoncent l’élargissement des compétences des sages-femmes et renient la stratégie du gouvernement.

Une campagne « publicitaire »

L’affaire commence ce 22 juin, date du coup d’envoi de la campagne d’information sur les sages-femmes par la ministre de la Santé, Marisol Touraine. Désormais, ces professionnelles de santé pourront réaliser un suivi plus extensif de la grossesse. A leurs tâches s’ajoutent la vaccination et l’IVG médicamenteuse.

Avec cette revalorisation, le ministère souhaite améliorer l’accès aux soins pour les femmes enceintes – y compris dans les déserts médicaux. Le besoin est réel : on estime qu’environ 9 millions de personnes vivent dans ces zones désaffectées par les gynécologues.
Mais les syndicats représentant ces médecins spécialistes ne voient pas les choses d’un si bon œil. « Il n’y a aucune garantie que les déserts médicaux seront comblés par les sages-femmes », arguent-ils. Et peu importe à leurs yeux si les tâches de ces professionnelles vont du frottis et la contraception à l’IVG en passant par la vaccination et l’échographie. Peu importe, aussi, que les sages-femmes pratiquent seules l’accouchement dans de nombreux cas.



« Une perte de chances »

En réalité, les gynécologues-obstétriciens dénoncent une campagne « publicitaire » de la part du ministère de la Santé, mais surtout… une « tentative supplémentaire de monter deux professions l’une contre l’autre alors qu’elles ont toujours travaillé en complémentarité et en bonne entente ».

 

 

De fait, les sages-femmes disposent de compétences limitées à la physiologie de la grossesse, expliquent les syndicats, directives européennes à l’appui. Aux gynéco-obstétriciens revient la prise en charge des pathologies. Déborder de ce cadre ne serait pas approprié et créerait des tensions.

Les syndicats ne s’arrêtent pas là. Ils ajoutent que la formation des sages-femmes est inférieure en durée par rapport à celle des médecins spécialistes. Faut-il y comprendre qu’elles sont moins compétentes ? En tout cas, leur niveau de responsabilité serait inférieur en cas de complication. Pour les signataires du communiqué, cela ne fait aucun doute : « Il en résultera une perte de chances pour les femmes en raison d’un retard au diagnostic et à la mise en place d’un traitement adéquat. »

Des tensions attisées

Mais à vouloir lutter contre cette initiative du gouvernement, les syndicats de gynécologues ont en fait attisé des tensions qu’ils voulaient éviter. La situation était déjà tendue depuis que le SYNGOF a protesté contre la possibilité pour les sages-femmes de prescrire un arrêt de travail de quatre jours après une IVG médicamenteuse.

« Les sages-femmes, profession médicale à part entière, connaissent parfaitement leurs compétences (obstétricales, pédiatriques et gynécologiques) et leurs limites », rétorquait alors l’Organisation Nationale Syndicale des Sages-femmes (ONSSF). Prémonitoire. « Si la physiologie est leur spécialité, elles savent également dépister la pathologie et les situations à risques, et avoir recours, lorsque c’est nécessaire, au médecin, ajoutait le collectif. Le SYNGOF, par sa publication, ne discrimine pas seulement la profession de sage-femme mais, plus grave, lance une attaque directe envers les femmes ».

Sur les réseaux sociaux, la colère n’a pas tardé à se faire entendre à l’égard de cette dernière communication des gynécologues. Les twittos n’ont pas manqué de mettre en évidence le rôle complémentaire des sages-femmes.

 

 

 

 

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