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Recherche biomédicale

Expérimentation animale : les méthodes alternatives se multiplient

Plus de 2 millions d’animaux sont utilisés chaque année dans les laboratoires de recherche français. Mais de la peau synthétique au foie artificiel, les méthodes alternatives à l’expérimentation animale se développent.  

Expérimentation animale : les méthodes alternatives se multiplient   ROBERT F. BUKATY/AP/SIPA




Recréer du muscle chez le rat, réparer la moelle épinière chez des souris ou encore démontrer l’efficacité d’un gel vaginal anti-VIH chez le macaque, les avancées scientifiques s’appuient beaucoup sur l’expérimentation animale. Chaque année en France, plus de 2 millions d’animaux sont utilisés à des fins de recherche, selon les statistiques ministérielles.
Est-ce vraiment un mal nécessaire ? La question soulève d’âpres débats entre scientifiques et associations de défense des animaux. Mais tous travaillent dans l’objectif, de réduire pour les uns et de faire disparaître pour les autres, le recours à l’expérimentation animale. Depuis 1986 en effet, les chercheurs ont l’obligation légale de justifier qu’il n’existe pas de méthode qui pourrait épargner les animaux pour leur protocole de recherche.

 

Foie synthétique ou peau artificielle

 

Au congrès de la Société américaine de chimie, qui s’est tenu mi-mars à Dallas, la société Empiriko a par exemple présenté un foie synthétique conçu pour mimer l’activité des enzymes du foie chargées de dégrader les médicaments. Ce foie synthétique est déjà capable de dégrader une cinquantaine de médicaments de la même façon que ne le ferait un organisme humain.
Son concepteur, Mukund Chorghade, a expliqué qu’une fois dépassée la centaine de molécules capables d’être dégradées identiquement, une demande d’approbation par l’Agence américaine du médicament serait déposée. L’objectif ? Tester la sécurité de nouveaux médicaments ou d’interactions médicamenteuses sans passer par l’expérimentation animale.

La semaine suivante, c’est le consortium scientifique de l’association de défense des animaux PETA (People for the ethical treatments of animals) qui intervenait au congrès annuel de la Société américaine de toxicologie pour présenter un modèle de peau artificielle, agencement complexe et tridimensionnel de cellules humaines. D’autres études de validation de ce modèle de peau sont nécessaires mais PETA l’envisage déjà comme alternative à l’utilisation des souris et des hamsters pour tester si une substance peut déclencher une allergie cutanée.

 

Ecoutez François Lachapelle, chef du bureau de l’expérimentation animale à l’Inserm et président du Gircor : « Ce sont d’abord des méthodes scientifiques efficaces qui se révèlent des alternatives à l’expérimentation animale. C’est dans ce sens-là que ça marche, rarement en sens inverse ! »


 
« Un modèle même bien conçu reste réducteur »

« Pour les activités d’évaluation de sécurité et de développement des produits à visée thérapeutique comme les médicaments, le recours aux méthodes alternatives peut encore beaucoup progresser, reconnaît François Lachapelle, chef du bureau de l’expérimentation animale à l’Inserm et président du Gircor, le Groupe interprofessionnel de réflexion et de communication sur la recherche.
Le spécialiste est en revanche beaucoup plus sceptique quant à une disparition totale de l’expérimentation animale en recherche fondamentale, qui représente 30% des animaux utilisés chaque année. « Même un modèle très bien conçu comme celui de la peau artificielle reste réducteur, il ne peut apporter de réponses qu’aux questions pour lesquelles il a été développé, souligne le chercheur. Dans la vraie vie, c’est toujours l’inattendu qui survient. Les concepts nouveaux, la compréhension du fonctionnement des organismes émergent de la recherche fondamentale et souvent du recours aux animaux. »

 

Un cadre règlementaire défini

Ces dernières années, si la souris reste l’animal de laboratoire par excellence, les chercheurs se tournent de plus en plus vers des animaux considérés comme moins sensibles que les mammifères et notamment vers les poissons. Cette évolution entre dans le cadre de la règle qui régit l’expérimentation animale, dite règle des 3 R pour réduire, raffiner et remplacer.
Réduire le nombre d’animaux utilisés en expérimentation passe par la réduction des répétitions inutiles et l’utilisation de méthodes statistiques pour définir le plus petit nombre d’animaux nécessaires l’obtention d’un résultat fiable. Raffiner consiste à optimiser la méthodologie expérimentale pour limiter autant que possible la douleur et l’angoisse des animaux en préférant par exemple les procédures non invasives comme l’imagerie ou en recourant à l’anesthésie. Enfin le 3e R de remplacer souligne l’engagement des scientifiques à préférer chaque fois que cela est possible un modèle in vitro ou bio-informatique.

 

Ecoutez François Lachapelle : « Pour les gens qui font de l’expérimentation animale, elle ne représente pas plus de 30% de leur activité de recherche. Les méthodes alternatives sont déjà connues des chercheurs et très employées. »


 

En France, chaque protocole de recherche incluant des expérimentations animales doit faire l’objet d’une autorisation préalable du ministère de la Recherche. « L’absence de méthode alternative doit être justifiée ainsi que le choix de l’espèce, le nombre d’animaux prévus et le détail du protocole », explique le président du Gircor. Un projet de recherche non autorisé par le ministère ne peut pas se faire, l’amende encourue étant suffisamment dissuasive, de l’ordre de 700 euros par animal.

 

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