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QUESTION D'ACTU

Présenté au congrès de la CROI

Des médecins «guérissent» du sida un nouveau-né

Une équipe américaine a réussi à rendre indétectable la charge virale chez un nouveau-né contaminé au moment de la grossesse par sa mère séropositive. Une constatation intéressante même s'il faut rester prudent.

Des médecins \\ Dr Deborah Persaud, virologue, membre de l\'équipe de l\'Université du Mississipi (AP/SIPA)




« Si nous pouvons reproduire cette affaire, ce sera la preuve que nous pouvons guérir l'infection du VIH ». Le Dr Deborah Persaud, virologue américaine et membre de l'équipe de l'Université du Mississipi, vient d'annoncer la première guérison « fonctionnelle » d'un bébé atteint du sida. Un an après la fin du traitement, le système immunitaire de l'enfant arrive à contrôler l'infection sans traitement. 390 000 bébés  naissent chaque année  dans le monde avec leVIH. Un tiers meurt avant l’âge d’un an et près de la moitié avant leur deuxième anniversaire.
C'est à l'occasion de la Conférence sur les rétrovirus et les infections Opportunistes (CROI) que l'équipe américaine a présenté cette première mondiale.

Elle remonte à à l'automne 2010. La mère arrive dans un hôpital du Mississippi  et donne naissance prématurément à son enfant. N'ayant pas vu un médecin au cours de la grossesse, elle ignore qu'elle est séropositive.  Le Dr Hannah B. Gay, professeur en pédiatrie, réalise alors deux prises de sang à une heure d'intervalle pour tester la présence du virus chez l'enfant. Les analyses révèleront un taux de virus à environ 20.000 copies par millilitre, un taux assez bas pour un bébé. Les médecins n'attendent pas les résultats pour agir.

30 heures après la naissance, l'enfant est traité par antirétroviraux. C'est peut-être l'une des clés du succès de cette intervention. Car, premiere surprise rapportée alors par les médecins, les niveaux de virus diminuent très rapidement dans la sang du bébé.  A un mois, le virus est même  qualifié d'indétectable. L'enfant sera suivi jusqu'à ses 18 mois.

Mais l'équipe est contrainte de l'interrompre, la maman ne donne plus aucun signe de vie. Lorsqu'elle se représente au centre médical cinq mois plus tard, le Dr Gay s'attend à voir une charge virale élevée chez le bébé. Or, tous les nouveaux tests effectués sur l'enfant se révèlent négatifs. Soupçonnant une erreur de laboratoire, elle ordonne d'autres tests. « à ma grande surprise, l'ensemble de ces tests furent encore négatifs », déclare le Dr Hannah B. Gay. 

Le traitement a donc permls de neutraliser le virus, l'empêchant peut-être de constituer des réservoirs souvent à l'origine du retour de la maladie. De plus, l'enfant semble avoir développé une immunité personnelle qui est capable de tuer les virus lorsque ces derniers apparaissent. 

Même si on ignore encore à l'heure actuelle si le virus a été complètement éradiqué, sa présence reste aujourd'hui tellement faible que le système immunitaire de l'organisme de l'enfant peut le contrôler sans traitement antirétroviral, ont expliqué les scientifiques et médecins réunis à la CROI. Une constatation intéressante, même s'il faut rester prudent, comme nous l'explique le Pr Stéphane Blanche, pédiatre à l'hôpital Necker de Paris et spécialiste du sida.


Ecoutez le Pr Stéphane Blanche, pédiatre à l'hôpital Necker: « les auteurs font l'hypothèse que la quantité de virus intégrée dans l'ADN de l'enfant est tellement faible qu'elle n'entraînera pas d'infection dans le futur. C'est purement hypothétique, je crois qu'il faut être prudent »


Si ces résultats se confirment, l'enfant né dans le Mississippi serait le deuxième cas bien documenté de guérison dans le monde. Le premier est aussi américain. Timothy Brown, dit le patient de Berlin, avait été  déclaré guéri après une greffe de moelle osseuse d'un donneur présentant une mutation génétique rare empêchant le virus du VIH de pénétrer dans les cellules. Cette greffe visait toutefois à traiter une leucémie. "Pour la pédiatrie, c'est notre Timothy Brown,"  s'est exclamée le Dr Deborah Persaud. Cependant, cette pratique n'est pas sans risque. La trithérapie reste toxique chez un enfant jeune et peut conduire à des troubles métaboliques.


 

 
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