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QUESTION D'ACTU

Ceinture de chasteté, orgies, couples

La grande saga du sexe et de l'amour

Quand le mariage d’amour est-il apparu ? Savez-vous que Cléopâtre était une grande fellatrice ? Réponses avec un anthropologue érudit, impertinent et malin, Philippe Brenot. 

La grande saga du sexe et de l'amour matimix/pix




Dans Sex story (Les Arènes Editions), Philippe Brenot, anthropologue, directeur des enseignements de sexologie à l’Université Paris-Descartes, retrace avec Laetitia Coryn, auteur de BD, l’évolution de nos mœurs sexuelles.

Qu’est-ce qui est spécifiquement humain dans l'histoire des relations hommes-femmes ?

Philippe Brenot : La domination masculine. Dans l’Antiquité prévaut la notion d’êtres supérieurs et d’êtres inférieurs. Supérieur, celui qui peut pénétrer, inférieur, celui qui est pénétré (la femme, l’homosexuel, l’esclave, la prostituée…) et cela va continuer en ces termes jusqu’à la Renaissance. La libération sexuelle des années soixante-dix, est bien une libération…mais essentiellement celle des femmes. Les hommes ont toujours été libres !

La sexualité humaine s’engage sur une disparition…celle de l’os pénien. Cela a changé quoi ?

Philippe Brenot  : Tout ! L’ensemble des mammifères mâles ( cheval, taureau, chien…) possède un os dans le pénis. Cet os directionnel sert à faciliter la pénétration sans l’usage des… mains. L’os n’est donc pas fait pour tenir l’érection mais pour permettre un téléguidage plus efficace vers la terre promise. L’homme, lui, peut mettre la main. Les corps caverneux à l’intérieur de la verge se gonflent de sang comme des éponges, entraînant une dureté immédiate, laquelle indique son désir.
Cette érection masculine a cependant un pendant si je peux dire : la fragilité érectile et sa visibilité, les hommes vont s’inquiéter de leurs défaillances. En Mésopotamie, dans le temple d'Ishtar, on retrouve des incantations contre l’impuissance. En France, il existait du 16ième au 18ième siècle des tribunaux de l’impuissance. On cassait le mariage infertile ou la sexualité défaillante de manière très simple : le mari devait faire l’amour à son accusatrice devant un parterre de juges en robe. S’il n’y parvenait pas, le mariage était cassé !

Votre ouvrage regorge d’idées reçues fausses sur la petite et la grande histoire de l'amour…

Philippe Breno: Il y en a eu beaucoup ! On croyait la grande reine Victoria extrêmement puritaine, on sait que dans ses appartements privés, elle était assez légère avec le prince Albert. Quant à lui, on raconte que pour maîtriser ses érections facétieuses durant les cérémonies officielles, il portait un piercing au bout du gland auquel était arrimé une petite cordelette attachée à sa cuisse.

Vous rendez également justice à Henri III et Henri IV. On s'est beaucoup trompé à leur égard ?

Philippe Brenot : La légende veut qu’Henri III ait eu de nombreux mignons, or c’était un homme à femmes. En fait, les mignons étaient des conseillers du roi qui, lorsqu’on voulait les honorer, avaient le droit de passer la soirée (et éventuellement la nuit) dans la couche royale, en tout bien tout honneur. Ce n’était pas sexuel. Les protestants ont voulu brouiller l’image royale et ont accusé le souverain d’homosexualité. Quant à Henri IV, surnommé le « Vert- galant » en vertu de ses 73 maîtresses officielles et de ses nombreux bâtards, il avait dans chaque ville du Béarn une maison avec à sa disposition de charmantes jeunes filles. Sa réputation à lui n'était donc pas usurpée, juste sous évaluée par beaucoup.

Vous expliquez que la ceinture de chasteté n’a pas été inventée au temps des croisades, mais bien plus tard…

Philippe Brenot : Il y a eu des prémices à la Renaissance, mais c’est surtout au 19ième   siècle, au temps des bordels et des maisons closes que les prostituées l’utilisaient comme un jeu sexuel, il fallait « frapper avant d’entrer ». Une manière de se refaire une virginité en somme !

Le couple a-t-il été inventé par l’homme ?

Philippe Brenot : Prenez les chimpanzés si proches de nous, comment le couple pourrait-il exister quand on sait que la grossesse dure 8 mois et demi, que la femelle s’accouple pendant ses chaleurs 3-4 jours, des dizaines de fois, avec différents mâles ? Les femelles élèvent leurs petits, parfois, avec les soins du mâle, mais il n’existe pas de « papa ni de maman ». C’est fondamental !
Lorsque la paternité va être comprise dans l’humanité (entre un million d’années et… 100.000 ans), les mâles vont prendre possession des femelles, ils vont résoudre la question de la filiation par le mariage, s'approprier les femmes, les cadenasser dans des gynécées, allant parfois jusqu’à l’extrême, l’infibulation.
Aujourd’hui, pour la première fois en Occident, un homme et une femme sont en phase dans le couple, à égalité d’esprit. Même nos grands parents n’ont pas connu cela. Il y avait le monde des femmes (domestique) et le monde des hommes (à l’extérieur). Cela a moins de cinquante ans. On ne peut comprendre la sexualité humaine si on ne comprend pas ça !

Pourtant, il y a eu l’amour courtois, des reines comme Cléopâtre qui ont régné sur les hommes ?

Philippe Brenot : Dans le grand mouvement général de la domination masculine à travers les siècles, il y a eu c’est vrai, de timides tentatives d’aller vers l’amour et l’égalité sexuelle. En Egypte, on voit émerger une femme puissante et libre, Cléopâtre. Elle a même exercé (dit-on !) son talent fellatoire sur sa garde royale (une centaine d’hommes !) et serait l’inventeuse du vibromasseur : un papyrus rempli d’abeilles.
A la même époque, on découvre en Egypte des équivalents de stérilets, les médecins peuvent être des femmes. Puis, arrive la dynastie grecque des Ptolémée, le temps de femmes est fini. Et hop ! une couche de plus de domination masculine. Ovide, avec son Art d’aimer, sera exilé et mourra en exil. Il avait tout simplement affirmé que l’amour pouvait être équitable entre hommes et femmes.
Au Moyen-âge, la condition des femmes deviendra terrible et le viol presque la règle. Au 18ième siècle, celui des Lumières, les femmes brillent dans les salons, mais ne représentent qu’une infime partie de la population. De nos jours, seulement 20 % des femmes de la planète sont libérées, celles du monde occidental.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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