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Santé publique

250 000 personnes porteurs d'hépatite B ou C s'ignorent

Sur les 500 000 Français atteints d'hépatite B ou C, la moitié l'ignore. Une méconnaissance alors que le virus B est 100 fois plus contagieux que le VIH. Pourtant, la lutte contre ces maladies marque des points.

250 000 personnes porteurs d\'hépatite B ou C s\'ignorent DURAND FLORENCE/SIPA




Quelques éclaircies sur le front des hépatites B et … Et une première très bonne nouvelle : le taux de  couverture vaccinale contre l’hépatite B qui a longtemps été en France l’un des plus bas d’Europe chez les nourrissons, est passé chez les nourrissons  âgés de 6 mois, de 31 % en 2007  à 81% en 2010, selon les derniers chiffres de l’Institut de veille sanitaire (InVS). En outre, après les rumeurs infondées sur les méfaits de la vaccination contre l’hépatite B qui ont marqué les années 90, une enquête de l’Institut national de prévention et déducation pour la santé (INPES) révèle que   neuf médecins généralistes sur dix sont favorables à la vaccination des adultes à risque, et 78 % pour les adolescents. Ces données sont  importantes car les généralistes ont un rôle central en matière de prévention : quand les mères ne sont pas conseillées par leur médecin, seule une sur deux fait vacciner son enfant.
Autre point positif, depuis quelques années, les traitements ont beaucoup évolué. « Grâce à de nouvelles mocules, on guérit maintenant entre 70 et 80% des hépatites C, explique le professeur Daniel Dhumeaux, président du Comité de suivi et de prospective du Programme national de lutte contre les hépatites B et C. Et s’agissant de lhépatite B, on peut aujourd’hui la contrôler  dans plus de 80 % des cas, sans oublier qu’il existe en prévention une vaccination efficace. » Le diagnostic a aussi été simplifié. « En cas d’hépatite C par exemple, avec la mise au point de test dits non invasifs, il n’est plus nécessaire de faire une biopsie du foie pour prendre la décision de traiter ou non la personne ».
Le dépistage. Mais ces motifs de satisfaction dans la lutte contre les hépatites B et C ne doivent pas masquer les efforts à faire. Face à ces maladies, qui peuvent être très silencieuses au départ, trop peu de personnes pensent à se faire dépister. On estime qu’en France métropolitaine, environ 500 000 personnes sont infectées par les virus B ou C, « 300 000 pour l’infection virale B et 200 000 pour l’infection virale C , selon le professeur Dhumeaux, mais globalement la moitié d’entre elles méconnaissent leur infection, soit 250 000 personnes ». « Si on compare à l’infection par le VIH, le nombre de malades atteints d’hépatites non dépistés est 5 fois supérieur. »

Pr Daniel Dhumeaux, président du comité de suivi du plan national Hépatites 2009-2012: « Si on compare au VIH, le nombre de malades atteints d’hépatites non dépistés est 5 fois supérieur. »
 

En outre, avec la suspicion qui a entouré la vaccination contre le virus de l’hépatite B, toute une génération a sauté la case vaccination. Après l'arrêt de la campagne vaccinale en milieu scolaire en 1998, un grand nombre de jeunes n’ont pas été vaccinésEtant maintenant de jeunes adultes, ils sont en plein dans la tranche d'âge à risques.

Ne pas connaître la maladie est dangereux pour soi mais aussi pour les autres. « Les virus des hépatites sont plus contagieux que le VIH, rappelle le Dr Pascal Mélin, le président de SOS Hépatites. Par exemple celui de l’hépatite B est 100 fois plus contagieux que le VIH. » Petit rappel : les deux virus, B et C, se transmettent par le sang. Ce qui explique qu'autrefois la transfusion sanguine était la modalité de transmission la plus fréquente. Maintenant que tous les donneurs sont testés, les situations à risques sont d'abord la prise de drogue par voie intraveineuse – mais aussi nasale – , les tatouages et piercings, le risque nosocomial lors d'une intervention. Mais le virus B peut aussi se transmettre par voie sexuelle ainsi que de la mère à l'enfant au moment de l'accouchement.

Autre danger qui favorise la propagation de ces maladies, le manque de connaissances. L’InVS a enquêté sur les connaissances des Français sur les modes de transmission des virus des hépatites B et C. Et le constat est sans appel, il y a encore des efforts d’information à faire : une personne sur trois ne sait pas que le virus de l’hépatite B peut se transmettre lors de rapports sexuels non protégés. Et une personne sur cinq pense à tort qu’une piqûre de moustique peut le transmettre, une contre-vérité qui se retrouve aussi dans la même proportion pour le VIH.
« D’une manière générale, les résultats de cette étude ne m’étonnent pas, il y a encore trop de confusion. Il faut revoir notre perception de ces maladies du foie, estime le président de SOS Hépatites. Par exemple, dans l’esprit des Français, cirrhose égale consommation d’alcool… Or il faut savoir qu’aux Etats-Unis, la première cause de cirrhose n’est plus l’alcool e les virus, mais l’obésité… » Le président de SOS Hépatites plaide pour de nouvelles campagnes d’information du grand public qui feront le point sur les hépatites, mais aussi sur l’ensemble des situations connues pour induire des maladies du foie, afin de faire changer tous les comportements à risque pour cet organe vital. 


Dr Pascal Mélin, le président de SOS Hépatites: « C’est clair qu’on a une représentation intellectuelle du foie comme un organe qui se régénère tout le temps et qui ne pose jamais de souci de santé… On ne pense pas aux dégats dont il peut être l’objet, comme ceux induits par les hépatites dont on parle aujourd’hui, par la consommation excessive d’alcool et, comme cela a été précédemment rappelé, par l’excès de poids, des situations pour lesquelles il existe des modalités de prévention efficaces.».



Le Dr Pascal Mélin plaide aussi pour une meilleure information des médecins. « Comme pour le VIH avec le rapport Yéni, il faut que les professionnels de santé aient accès à des recommandations officielles sur la prise en charge des hépatites. » Une bonne information est la clé pour changer les comportements, et aussi pour convaincre de l’intérêt individuel et collectif du dépistage et de la vaccination. Le Plan Hépatites 2009-2012 a œuvré dans ce sens. « Il a aussi mis en place une évaluation des tests rapides d’orientation et de diagnostic (TROD) qui permettent de savoir rapidement, juste avec la salive ou une goutte de sang prélevée au bout du doigt, si on est porteur du virus ou non » explique le Professeur  Dhumeaux. Ses résultats devraient être connus dans l’année. Un plus pour élargir le champ du dépistage.

 

Le Plan de lutte actuel se termine fin 2012. Son évaluation  est en cours par un organisme indépendant dont les conclusions vont être très utiles pour continuer d’améliorer la prise en charge de ces infections qui restent un problème de santé publique majeur. Le professeur Dhumeaux rappelle qu’ » en Europe aujourd’hui, l’hépatite C, du fait de ses complications, constitue  la première indication de transplantation du foie ». Nul doute que les efforts dans la lutte contre les hépatites sont à poursuivre.



En savoir plus

InVS
plan national contre les hépatites 2009-2012 
SOS Hépatites

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