La fabuleuse histoire de Josef Schovanec, auteur de « Je suis né à l'est », diplômé de Sciences po et docteur en philosophie avait déjà cassé l'image préconçue de l'autisme enfermé dans son monde et incapable de s'insérer dans un milieu professionnel. Alors, pour enterrer une nouvelle fois les préjugés, certains employeurs envisagent de plus en plus l'idée d'intégrer des personnes autistes dans leur entreprise. Surtout que ces derniers excellent pour effectuer certaines tâches professionnelles.

Des salariés structurés et soucieux du détail
Dans un article publié dans le quotidien The Wall Street Journal il y a quelques jours, la journaliste américaine Shirley Wang rappelait que selon les experts de l'invalidité, 85 % des adultes autistes seraient au chômage. Face à cette situation injuste, la société allemande leader de la conception de logiciels en Europe (SAP) vient de lancer un vaste programme pour recruter des salariés autistes. Oeuvre de bienfaisance ? Pas seulement, car dans un communiqué de presse publié récemment, la société prétend que les caractéristiques des autistes peuvent rendre ces derniers mieux à même d'occuper certains postes.
Dans ce programme piloté depuis l'Allemagne, SAP souhaiterait ainsi recruter 650 autistes d'ici 2020 au sein de ses entreprises. José Velasco, à la tête de l'initiative, explique d'ailleurs que ces personnes ont tendance à accorder une plus grande attention aux détails, ce qui les rend par exemple très adaptés pour tester des logiciels informatiques et déboguer un programme.
« Ils sont d'une nature très structurée », relate J. Velasco

Un profil intéressant pour rédiger des notices d'utilisation
Par ailleurs, ce dernier indique qu'ils ont aussi un profil intéressant pour d'autres postes. Comme la rédaction de manuels d'utilisation à destination des clients. « Les personnes autistes excellent en effet lorsqu'ils faut procéder étape par étape », confie-t-il.
Enfin, SAP n'est pas la seule entreprise à laisser sa chance aux travailleurs offrant un profil qui en refroidit d'autres. Aux Etats-Unis par exemple, la société spécialisée dans prêts hypothécaires Freddie Mac propose des stages depuis 2012 dans l'informatique, la finance, et la recherche aux jeunes autistes étudiant dans l'enseignement secondaire. Et là encore les résultats sont concluants. « Exploiter les compétences uniques des personnes autistes a permis de renforcer notre entreprise et la rendre plus compétitive », indique un porte-parole de la société dans le quotidien américain.
Pourtant, même aux Etats-Unis, le défi de l'insertion de ces salariés dans le monde professionnel est encore immense. Selon une étude publiée récemment dans le Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry, parmi les jeunes adultes entre 21 et 25 ans autistes, seule la moitié a déjà occupé un emploi rémunéré à l'extérieur de son domicile.