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QUESTION D'ACTU

Commotion cérébrale

KO de Lloris : les médecins critiquent son maintien sur le terrain

Contrairement à Hugo Lloris dimanche, un sportif mis KO par un coup à la tête ne doit pas reprendre le cours de son match. Il en va de la santé de son cerveau, à court et long terme.  

KO de Lloris : les médecins critiquent son maintien sur le terrain THE TIMES/BRADLEY ORMESTE/SIPA




0-0 et un KO, c’est ce que les supporters du championnat de foot anglais auront retenu du match opposant Tottenham à Everton dimanche après-midi. A la 80e minute, Hugo Lloris, le gardien de Tottenham est en effet resté au sol sans connaissance pendant plusieurs secondes après un choc violent entre sa tempe et le genou de l’attaquant d’Everton Romelu Lukaku.


Après plusieurs minutes passées au sol complètement sonné, le portier de l’équipe de France a insisté et convaincu son entraineur de le laisser finir le match, contre l’avis du staff médical. Une décision qui a suscité de vives critiques de la part de la fondation anglaise d’aide aux victimes de lésions cérébrales mais aussi des instances médicales de la FIFA. « Cet entraineur a effectivement fait un choix aberrant et dangereux pour son joueur, dénonce le Pr Jacques Touchon, qui dirige le service de neurologie du CHU de Montpellier. En cas de perte de connaissance, non seulement, il faut sortir le joueur du terrain immédiatement mais il ne devrait même pas reprendre l’entrainement avant d’avoir vu un neurologue ! »


Quand le cerveau heurte la boîte crânienne

Hugo Lloris a, en effet, subi dimanche une commotion cérébrale, c’est à dire que la violence du choc qu’il a reçu à la tête a amené son cerveau à heurter sa boîte crânienne, causant une brève perte de connaissance. « Evidemment le joueur est un professionnel, il insiste pour retourner sur le terrain. Mais il n’est pas lucide, la partie de son cerveau qui a été choquée est justement celle qui permet la prise de décision », explique le neurologue. En revanche, la mémoire procédurale n’est pas touchée, ce qui explique que les réflexes de jeu ne soient pas atteints et que le gardien ait pu reprendre son poste et même faire un arrêt décisif quelques minutes après être revenu sur le terrain.

 

Ecoutez le Pr Jacques Touchon, neurologue au CHU de Montpellier : « C’est le syndrome de l’automate, le joueur agit par réflexe mais il n’a plus aucune vision stratégique du jeu. Et le risque de 2e choc devient alors majeur. »

 

Les commotions cérébrales répétées mettent en péril le cerveau. A très court terme si le 2e choc survient le même jour, cela peut provoquer des lésions cérébrales sévères, voire une hémorragie fatale. Et à long terme, si le joueur subit des chocs répétés au cours de sa carrière. « Chez les footballeurs américains, on a vu se développer des formes de démences qui ressemblent à la maladie d’Alzheimer mais qui surviennent plus tôt et on observe à l’imagerie cérébrale des lésions caractéristiques des chocs répétés », explique le Pr Touchon.


Un rugbyman sort après un KO 

Pour éviter d’en arriver là, les instances du rugby ont mis en place en 2012 un protocole de prévention des commotions cérébrales. Lorsqu'un joueur reçoit un coup à la tête qui le met KO même quelques secondes, il est immédiatement remplacé. S’il ne perd pas connaissance, ce qui arrive dans 90% des commotions cérébrales, le joueur sort tout de même du terrain pendant 10 minutes, le temps pour le médecin de vérifier son équilibre et sa mémoire en lui demandant contre quelle équipe il joue, quel est le score et qui a marqué les derniers points. Si une seule réponse est fausse, le joueur est remplacé.

 

Pour Jacques Touchon, qui est le neurologue référent des clubs de rugby de Montpellier et Béziers, l’inquiétude demeure pour les joueurs adolescents encore amateurs. « Jusqu’à 17-18 ans, le cerveau est plus fragile, il est d’autant plus susceptible de présenter des lésions très discrètes, touchant la cellule nerveuse elle-même et invisibles à l’IRM ». Les séquelles sont en revanche visibles avec des examens plus approfondis, comme la méthode des potentiels évoqués cognitifs, qui consiste à enregistrer l’activité du cerveau lorsque la personne entend un son inhabituel au milieu d’une série de sons répétitifs.

 

Ecoutez le Pr Jacques Touchon, neurologue au CHU de Montpellier : « J’ai eu en consultation un jeune de 17 ans, sport-études rugby. IRM normale mais un fonctionnement cérébral comparable à une personne de 85 ans. Avec des commotions répétées, ces jeunes obèrent leur avenir intellectuel. »

 

Le club de Tottenham a fait savoir qu’Hugo Lloris avait passé un scanner normal et des examens médicaux rassurants. Si les supporters de l’équipe de France de football qui comptent sur lui vendredi pour le match contre l’Ukraine, décisif pour la qualification au prochain mondial sont rassurés, les spécialistes sont en revanche inquiets du mauvais exemple donné à des millions de jeunes sportifs.

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