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QUESTION D'ACTU

Rentrée 2013

Les nouveaux rythmes scolaires peu bénéfiques pour la santé

A partir de cette rentrée, une école sur cinq revient au rythme de 4 jours et demi par semaine. Le progrès pour les écoliers risque d'être finalement très léger.

Les nouveaux rythmes scolaires peu bénéfiques pour la santé BEBERT BRUNO/SIPA




Mardi pour les écoliers, il n’y aura pas que les cartables, cahiers et stylos qui seront nouveaux, l’emploi du temps de leur semaine aussi. 20% des écoles reviennent en effet dès cette rentrée 2013 à la semaine de 4 jours et demi, suivant ainsi le décret du ministre de l’Education nationale Vincent Peillon qui laissait aussi l'option d'attendre 2014. Chaque journée complète d'école sera donc allégée de 45 minutes et la demi-journée travaillée sera le mercredi matin. Pour les spécialistes, c’est un premier pas en faveur des rythmes de l’enfant mais l’essentiel reste à faire.

Toujours le jet-lag du lundi

Certes, c’en est fini de la semaine de 4 jours, tant décriée par les chronobiologistes et les pédiatres. « Mais le choix du mercredi matin n’est vraiment pas idéal. Le fait de conserver une coupure de 2 jours en fin de semaine reste très problématique pour les enfants », regrette la chronobiologiste Claire Leconte, professeur de psychologie à l’Université de Lille 3. Les couchers et levers plus tardifs du samedi et du dimanche ne permettent pas de récupérer, au contraire, ils désynchronisent totalement l’horloge biologique des petits écoliers. Ce qui les ramène en classe le lundi matin dans un véritable état de décalage horaire.

La fatigue des journées trop morcelées

Placer la demi-journée d’école le mercredi matin morcèle également une journée que beaucoup d’enfants avaient l’habitude de passer dans un seul lieu avec les mêmes personnes, qu’ils soient gardés au centre de loisirs ou chez les grands-parents. Les 45 minutes de temps scolaire remplacées par des activités pédagogiques, assurées par les collectivités locales en fin de journée rajoutent également une case de plus dans l’emploi du temps des enfants. Or ces changements de lieu et d’encadrant sont une source supplémentaire de fatigue et de déconcentration. « Ce petit bout d’activité va s’ajouter à la garderie, la classe, la cantine... On ne fait que renforcer l’émiettement du temps qui nuit à l’enfant, souligne Claire Leconte. Et en plus, les animateurs n’auront même pas le temps de proposer des activités vraiment intéressantes pour l’enfant ».

Ecoutez Claire Leconte, chronobiologiste et professeur de psychologie à l’Université de Lille 3 : « C’est complètement paradoxal, pour pouvoir proposer de véritables activités, certaines communes vont les faire durer jusqu’à 17h30 ! »



L’idéal pour les rythmes de l’enfant serait de pouvoir dégager une ou deux fois par semaine des plages horaires plus longues dès le début de l’après-midi à consacrer aux activités pédagogiques. De nombreuses municipalités qui réfléchissent au système qu’elles mettront en place à la rentrée 2014 privilégient aussi cette option, plus simple sur le plan de l'organisation et du recrutement des animateurs. « Mais ce n’est pas possible, le décret du ministère fixe un schéma rigide de répartition du temps scolaire en 9 demi-journées avec des après-midis à peine raccourcis », souligne la chronobiologiste, qui espère voir le décret s'assouplir d'ici septembre 2014.

Des matinées mal utilisées

Pour Claire Leconte, il aurait été judicieux de modifier aussi les matinées pour profiter du fait qu’il s’agit chez les écoliers de la période idéale pour les apprentissages. « Les enfants jeunes sont matinaux. Certains ont déjà passé plus d’une heure devant la télé avant d’arriver à l’école, d’autres sont à la garderie depuis 7h30. On pourrait gagner beaucoup à commencer effectivement le travail en classe dès 8h15 », explique cette spécialiste. Des matinées de classe plus longues permettraient aussi aux enseignants d’alterner entre des activités coûteuses sur le plan cognitif, de la lecture ou des résolutions de problèmes de maths par exemple, et d’autres qui sollicitent davantage la créativité ou la motricité des enfants comme les arts plastiques, la musique ou le sport. « Mais pour cela, il faudrait que l’Education nationale se saisisse de cette question des rythmes scolaires. Pour le moment, elle est très en retrait par rapport aux collectivités locales », regrette Claire Leconte.

Ecoutez Claire Leconte : « Le rythme 3h le matin, 2h de pause et 3h l’après-midi date de 1834. En 2013, il serait temps d’imaginer autrement le temps scolaire. »


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