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QUESTION D'ACTU

Enfants hyperactifs

Faut-il s’inquiéter de l’augmentation des ventes de Ritaline ?

Les ventes de ce médicament prescrit aux enfants souffrant d’hyperactivité ont bondi de 70% en 5 ans. Meilleure prise en charge ou dérive inquiétante ? Les pédopsychiatres sont divisés.   

Faut-il s’inquiéter de l’augmentation des ventes de Ritaline ? ANGOT/SIPA




Drogue des enfants, kiddy coke, les surnoms de la Ritaline ne sont pas franchement rassurants. Ce médicament à base de méthylphénidate agit sur le cerveau et est prescrit aux enfants souffrant du trouble déficitaire de l’attention associé à l’hyperactivité (TDAH). Le journal Le Parisien a révélé mercredi dans ses colonnes que les ventes de ce médicament avaient augmenté de 70% entre mars 2008 et mars 2013. Un chiffre qui suscite parmi les pédo-psychiatres deux lectures totalement contradictoires : une dérive de surprescription ou une une amélioration du repérage et de la prise en charge du TDAH.


Interviewé par Le Parisien, le Pr Maurice Corcos, pédopsychiatre à l’Institut Mutualiste Montsouris à Paris fait partie de ceux qui s’alarment de « l’énorme surprescription de Ritaline », souvent à des enfants très agités mais pas hyperactifs. Les détracteurs les plus virulents du DSM, la classification des maladies psychiatriques, font même du TDAH l’un des exemples emblématiques de la médicalisation abusive des comportements qu’ils dénoncent. La menace d’une camisole chimique prescrite à tous les enfants très turbulents et peu attentifs en classe est souvent avancée, exemple des Etats-Unis à l’appui où 7 à 9% des enfants sont diagnostiqués TDAH et traités par Ritaline.

 

La situation française est toutefois très différente. En décembre 2012, la Haute autorité de santé estimait que le taux de prescription de Ritaline était de 0,15% dans la population d’âge scolaire. Il s'agit du taux le plus bas d'Europe. Or le trouble déficitaire de l’attention associé à l’hyperactivité concernerait, toujours selon la HAS, 5% des enfants d’âge scolaire, dont 2% souffriraient de sa forme sévère.

La description de ces enfants hyperactifs dépasse le portrait classique du turbulent. Certes ils ont en commun de ne pas tenir en place, mais l’hyperactif est également incapable de maintenir son attention focalisée sur une tâche plus de quelques minutes, il est hyper-émotif et semble inconscient du danger au point de prendre des risques inconsidérés.

La première étape de la prise en charge de ces enfants n’est pas la prescription de Ritaline. Le produit est d’ailleurs classé parmi les stupéfiants et la première prescription de ce médicament ne peut se faire qu’à l’hôpital. « Il s’agit d’abord de mesures d’accompagnement psychologiques et éducatives auprès de l’enfant, de ses parents et de ses enseignants, c’est la première chose à faire », explique le Dr François Bange, pédopsychiatre spécialiste de l’hyperactivité. Mais cette prise en charge est encore trop peu développée en France, faute de professionnels formés à l’hyperactivité. On pourrait donc voir l’augmentation de prescription de Ritaline comme le signe d’une amélioration de la prise en charge de ces enfants, mieux détectés, orientés vers des spécialistes et mieux traités.

Ecoutez le Dr François Bange, pédopsychiatre à l’hôpital Robert Debré à Paris, spécialiste de l’hyperactivité : « Ce n’est jamais une bonne nouvelle de traiter un enfant avec un médicament au long cours. Le vrai scandale c’est que la France n’offre pas une vraie prise en charge psycho-éducative ! »


La Haute autorité de santé prépare pour 2014 des recommandations de bonnes pratiques concernant la prise en charge du TDAH. La question des effets secondaires de la ritaline devrait animer les débats d’experts. Si les risques cardiovasculaires semblent écartés par des études menées sur de très grands nombres de patients américains traités au long cours, la revue Prescrire pointe du doigt l’effet coupe-faim du médicament induisant chez les enfants un retard de croissance (-2cm et -2,7kg par rapport à la moyenne) au bout de 3 ans de traitement.


La bonne nouvelle pour les parents égarés dans cette controverse de spécialistes a été publiée mercredi également, mais par la revue spécialisée JAMA Psychiatry : la Ritaline ne fait pas le lit de futures addictions. 2500 jeunes Américains traités pour TDAH ont été suivis entre l’âge de 8 et 20 ans et ils n’ont révélé ni plus ni moins de risque que les autres jeunes de devenir consommateurs abusifs d’alcool, de tabac, de cannabis ou de cocaïne.

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