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QUESTION D'ACTU

Incident lors de la fabrication

Pourquoi le vaccin contre la grippe a été moins efficace cette année

En raison d’un problème dans le processus de préparation du vaccin de cet hiver, son efficacité globale a été de 50% au lieu de 75%. Les bénéfices de la vaccination ne sont pas pour autant remis en cause par les experts.  

Pourquoi le vaccin contre la grippe a été moins efficace cette année Andy Wong/AP/SIPA




Chaque année, les experts internationaux se posent la question de l’efficacité du vaccin contre la grippe. Alors que l’épidémie française se termine, l’évaluation de l’efficacité du vaccin proposé pour la saison 2012-2013 a déjà été estimée dans le cadre de l’étude I-MOVE de l’European Centre for Disease Prevention and Control (ECDC). Dans leur publication de février dernier, ces experts estiment que l’efficacité globale du vaccin a été de 50% cette année, contre 70/75% habituellement.
Un incident au cours de la toute première phase de fabrication du vaccin est à l’origine de cette baisse d’efficacité. C'est la 1ère fois dans l’histoire des vaccins commercialisés que cela se produit.

C’est au moment où les scientifiques mettent au point les 3 souches vaccinales qui composent le vaccin de l’hiver à venir, qu’une étape de la préparation des virus ne s’est pas déroulée comme prévu.
Les souches de virus choisies chaque année par les experts de l’OMS, sont toujours en amont, cultivées dans des œufs embryonnés de poule. C’est lors de cette étape de la conception du vaccin, avant même que les firmes pharmaceutiques ne reçoivent les souches pour la production en masse, que la machine s’est "grippée". Ce n’est pas une erreur humaine. Au moment de la culture sur œuf, la souche A H3N2, l’une des 3 souches du vaccin 2012/2013, s’est transformée. Au final, elle ne correspondait plus tout à fait à la souche de virus sélectionnée au départ pour composer le vaccin de cette année.

 

Ecouter le Pr Bruno Lina, directeur du Centre national de référence de la grippe: « C’est au moment de la multiplication sur œuf que le virus a modifié son hémagglutinine, qui est l’immunogène principal du vaccin. Avec ce changement, le virus vaccinal n’était plus exactement le même que celui qu’on avait sélectionné au départ . »

 

La souche du virus A H3N2 qui s’est finalement retrouvée dans tous les lots de vaccins qui ont été commercialisés à travers le monde, n’était  pas tout à fait celle sélectionnée en prévision de l’épidémie de grippe. « Cette souche dans le vaccin n’était pas totalement inefficace, mais elle est devenue moins imunogène», ajoute le Pr Bruno Lina.
En outre,  le vaccin contenait également deux autres souches de virus pour lesquelles aucun incident n’a été rapporté. Et coup de chance pour la France, ce sont ces virus A H1N1 et B qui ont le plus fortement circulé sur notre territoire. En revanche, aux Etats-Unis, c’est bel et bien la souche A H3N2 qui a été la plus virulente au cours de cet hiver. Or, les Américains ont commercialisé le même vaccin que la France.

 

Quelles sont les conséquences ? Cette variation imprévisible du vaccin pourrait bien avoir des conséquences sanitaires. La souche H3N2 qui a circulé, et qui n’était donc pas exactement celle présente dans le vaccin, est une souche qui par nature, est plus dangereuse pour les personnes âgées. Par conséquent, il est possible que d’ici quelques mois, en partie à cause de cet incident dans l’élaboration du vaccin, un excès de mortalité dans cette population fragile apparaisse sur l’hiver 2012/2013.

 

Ecoutez le Pr Bruno Lina : «  Cela pourrait avoir un impact en terme d’excès de mortalité observé au cours de l’épidémie de grippe. Si c’est le cas, on pourra faire un lien de causalité entre un vaccin moins utilisé, un petit peu moins efficace et une épidémie de grippe plus importante qu’attendue. »


 

Pouvait-on éviter cet incident ? « Certes, on savait que ce phénomène de variation inattendue du virus était possible. A ma connaissance, c’est la 1ère fois que cela arrive sur des lots de vaccins commercialisés. Mais, il était impossible scientifiquement de l’anticiper, explique le Pr Lina. L’hémagglutinine est une molécule qui a 1000 acides aminés, et là, il y en a un qui a changé. C’était impossible de prévoir l’impact que cela aurait».
Lorsque cette erreur a été identifiée, pourquoi n’a t-on pas fait machine arrière ? Le procédé de préparation des souches de virus destinées à composer le vaccin et d’envoi de ces souches aux producteurs de vaccins prend 3 à 4 mois. Lorsque les experts se sont rendus compte de cette variation du virus H3N2, il était trop tard. Il n’était alors plus possible d’envisager de reprendre le processus à zéro. Les lots de vaccins n’auraient jamais été disponibles à temps, et en matière de vaccination contre la grippe, le temps est toujours compté. Les populations à risque de faire une forme grave de la grippe, voire de développer des complications, doivent impérativement être vaccinées avant que les virus ne  circulent. D’autant plus qu’une fois que la personne est vaccinée, il y a encore un délai de 15 jours pour que les anticorps se développent en quantité suffisante et assurent une protection.    


Cet incident peut-il se reproduire ? A priori concernant la souche H3N2, les scientifiques ont complètement analysé ce qui s’est passé et ils ont déjà fait le nécessaire pour que cela n’arrive plus. Un nouveau virus vaccinal H3N2 est prêt, avec un peu d’avance cette fois, et celui-ci, c’est certain,  ne se modifie pas du tout lors de la culture en oeuf. Quant aux autres souches de virus…

 

Ecoutez le Pr Bruno Lina :  «  Sur le virus H1N1 à priori, on est tranquille, c’est le même qu’on utilise maintenant depuis plusieurs années. Sur le H3N2 on est tranquille, mais tant que la souche ne mute pas et ça on ne peut pas le prévoir aujourd’hui. »


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