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QUESTION D'ACTU

Dr Rachel Bocher

Hôpital : «Les lourdeurs administratives mettent les soins en péril »

ENTRETIEN - Les internes suisses passeraient le plus clair de leur temps devant un ordinateur. Pour le Dr Rachel Bocher, les tâches administratives mettent en péril la qualité des soins.

Hôpital : \ perig76/epictura




Pour travailler à l'hôpital, mieux vaut être à l'aise avec les ordinateurs. C'est ce que laisse penser une étude menée par le Centre hospitalier universitaire vaudois de Lausanne (Suisse) qui a étudié l'activité de 36 internes du service de médecine interne. Les résultats révèlent en effet qu'un interne suisse passe, en moyenne, moins de 15 minutes par jour auprès de chacun de ses patients. En parallèle, près de la moitié du temps de travail de ces futurs médecins serait voué à des tâches administratives informatiques.

Publiés dans la revue Annals of Internal Medicine, ces travaux montrent surtout que les internes passent trois fois moins de temps au chevet de leurs patients que devant un écran d'ordinateur. Une part conséquente de leur travail consiste ainsi à consulter et à saisir des données dans le dossier médical informatisé des malades. Même tendance pour les gardes, la moitié des tâches accomplies durant ces soirées (ou les dimanches et jours fériés) n'est pas directement liée aux patients (staffs, revue de littérure, prises de rendez-vous, etc.)

Conséquence, le temps passé avec les patients est minime. Les visites, les examens cliniques, la consultation du dossier médical informatisé, et les prescriptions occupent, au total, moins de 20 % de la durée totale d'une garde. A partir de là, la fin du sacerdoce commence... Les auteurs de cette recheche concluent même que cet état des lieux « peut susciter de la frustration chez les internes en raison du peu de valeur médicale de ces tâches et augmenter le risque de burn-out ». Cette menance plane aussi sur les médecins titulaire également confrontés à la sur-admnistration hospitalière, d'après le Dr Rachel Bocher. Contactée par FréquenceM, la présidente de l'Intersyndicat National des Praticiens Hospitaliers Psychiatre (INPH) raconte.

Comment se manifeste la lourdeur admistrative dans votre quotidien ?
Dr Rachel Bocher : Actuellement à l'hôpital, le temps médical est de plus en plus occulté par les différentes tâches administratives. Elles vont de la cotation des actes médicaux aux prescriptions informatiques. C'est simple, aujourd'hui, j'accomplis la plupart du travail administratif que faisait ma secrétaire. C'est moi médecin en charge des soins qui vais devoir m'occuper de tout cela. Cela veut dire également que je suis contrainte de remplir les dossiers patients et faire tous les certificats sur l'ordinateur. Le problème c'est que toutes ces tâches peuvent prendre jusqu'à la moitié du temps dans ma journée. 

Retrouvez l'intégralité de l'interview du Dr Rachel Bocher :


Les lourdeurs administratives touchent-elles tous les services et les personnels ?

Dr Rachel Bocher : Oui, bien sûr, cette lourdeur administrative touche tout le monde. Tous les personnels et tous les services de l'hôpital. Il faut préciser en effet qu'il y a le temps administratif sur les documents, sur l'ordinateur mais il y aussi le temps administratif dans les réunions. Ces temps sont très importants. Notamment en terme de convivialité mais aussi en ce qui concerne la coordinations des soins entres personnels. Les infirmières, les internes, etc. y participent très souvent. 

Quelles sont les conséquences sur la prise en charge des patients ?
Dr Rachel Bocher : Forcément, cela met en péril la qualité des prestations. Le temps médical est trop contraint à l'heure actuelle. Cela d'autant plus que la nouvelle génération de médecins compte ses heures. Ce qu'ils ne feront pas dans le temps imparti ne sera pas fait à un autre moment. Bref, si les patients ne sont pas vus aux heures prévues ils ne seront pas vus du tout. Ce temps moindre passé auprès des patients a forcément des conséquences néfastes sur la prise en charge des malades. 

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