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QUESTION D'ACTU

Ex vice-président de la Commission d’Amm

Pr Jean-François Bergmann : « on s'agite sur des médicaments mineurs »

Pour ce professeur de thérapeutique, les récentes affaires ainsi que la liste des médicaments inutiles publiée par la revue Prescrire portent principlament sur des produits mineurs.

Pr Jean-François Bergmann : « on s'agite sur des médicaments mineurs »




Dans son dernier numéro la revue médicale Prescrire publie une liste de médicaments "plus dangereux qu'utiles". Ses auteurs invitent les médecins et les patients à préférer des produits dont la balance bénéfices-risques est indiscutable. Dans le viseur des médecins de Prescire, les autorités sanitaires comme l'Agence du médicament (Ansm) qui tardent à prendre des décsions, les firmes pharmaceutiques qui font pression notamment sur les experts sollicités par les pouvoirs publics.
Curieusement, les médecins semblent épargnés par cette remise en cause du dispositif. Ils seraient, selon la revue, "dans la difficile position d'expliquer aux patients que ces médicaments sont à éviter". Dans l'affaire Diane 35, il est pourtant apparu que la prescription par les professionnels en dehors de la mise sur le marché était l'une des causes de sa suspension.

Si le Pr Jean-François Bergmann trouve l'initiative de  Prescire plutôt positive, ce professeur de thérapeutique, chef du service de médecine interne à l'hôpital Lariboisière (Paris), estime en revanche que de jeter en pâture  le nom de médicaments peut créer une confusion regrettable dans l'esprit des malades. Pour le ce lui qui a été jusqu'en décembre dernier vice-président de la commission d'Amm de l'Ansm, il ne faudrait pas que les patients se détournent de leur traitement alors que les remises en cause concernent, le plus souvent, des médicaments mineurs.  


L’initiative de la revue Prescrire

Pr Jean-François Bergmann : Prescrire est un déclencheur d’alerte depuis toujours. Derrière chaque médicament cité, il y a matière à discussion. La liste est limitée et il est bien précisé qu’elle porte sur les années 2010-2012. Mais je suis d’accord  avec eux à 80%.

Cette publication fait-elle œuvre utile ?
Pr Jean-François Bergmann : Oui et non. L’Agence du médicament a mis en place depuis un an une rééavaluation des anciennes autorisations de mise sur le marché (Amm) avec un système très complexe de priorisation. Elle s’est elle même pris les pieds dans le tapis, c’était une usine à gaz. Cette liste pourrait les aiguillonner pour savoir où porter les efforts.

A côté de ce point positif, il y a des aspects plus critiquables. On jette en pâture des noms de médicaments. On peut être plus ou moins d’accord avec eux mais surtout il faut faire attention aux réactions des médecins et des malades. Si vous décidez d’arrêter un médicament mineur, ce n’est pas grave mais si vous suivez un traitement au long cours , il ne faut sûrement pas le stopper brutalement. Par exemple, sur la sclérose en plaque, je ne suis pas d’accord avec eux sur un médicament.

Utile ou pas utile ?
Pr Jean-François Bergmann : Cette liste alimente la confusion mais elle est plutôt bien construite. C’est plutôt positif.

« Lorsqu’il faut vraiment traiter, les Français restent attachés
à leurs médecins, leurs hôpitaux et aux médicaments  » . 

Un climat de défiance vis-vis-vis du médicament ?

Pr Jean-François BergmannIl y a une défiance mais j’ai envie de dire tant mieux. Mais si vous êtes atteint d’une maladie grave, comme la polyarthrite rhumatoïde ou le sida ou frappé par un infarctus, vous aurez bien raison de prendre vos médicaments. L’agitation à laquelle on assiste concerne plutôt des petits médicaments. Si les ¾ des médicaments de la liste de Prescrire venaient à disparaître, l’état de santé de la nation ne serait pas en péril. Mais lorsqu’il faut vraiment traiter, les Français restent attachés à leurs médecins, leurs hôpitaux et aux médicaments.

Qu’est ce qui cloche dans le dispositif sanitaire ?
Pr Jean-François Bergmann : D’abord, on le connaît très mal, on lui prête des qualités ou des défauts qu’il n’a pas. Il y a une ensuite une méconnaissance entre le prix,  l’Amm et le remboursement. Il y aussi une folie française des médicaments. Et, puis c’est vrai, que ce soit de la part les agences ou des enseignants, il n’y a jamais eu de vraie politique ferme de santé publique vis-à-vis du  médicament. Personne ne s'est posé la question de savoir si les contributions au bon usage étaient lues, comprises et appliquées. En fait,  le système ne veut pas trop avancer dans l’analyse des informations de peur qu’elle soit redoutable.

Va-t-on tirer les enseignements des dernières affaires ?
Pr Jean-François Bergmann : J’aimerais dire oui mais je crains que non. J’avais proposé la rédaction d’un formulaire français de thérapeutique comme le font les Anglais. Ce référentiel du bon usage du médicament est un petit bouquin, type format de poche,  avec une édition annuelle  et ils en sont au volume 64. Il est fait par un collège indépendant de médecine et comprend des informations triées. Tout le monde a dit qu’il fallait le faire en France mais personne ne s’en donne les moyens.

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