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Virus : une coalition pour anticiper les futures épidémies

Pour lutter contre les prochains virus émergents, une coalition internationale a été lancée au Forum de Davos. Elle vise à accélérer le développement des vaccins. 

Virus : une coalition pour anticiper les futures épidémies ©EC/ECHO/Jean-Louis Mosser/Flickr


  • Publié le 23.01.2017 à 07h24
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  • Mise à jour le 23.01.2017 à 07h53
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Après les épidémies d’Ebola et de Zika qui ont surpris le monde entier, l’urgence est aujourd’hui de se préparer contre de nouvelles menaces. Outre les mesures de surveillance, la riposte face à des virus émergents passe inéluctablement par le développement de vaccins. Pour financer cette recherche, plusieurs Etats, ONG et entreprises pharmaceutiques ont lancé au Forum Economique Mondial de Davos, la Coalition pour les innovations de préparations aux épidémies (1). Les différents membres ont déjà annoncé qu’ils investiraient un demi-milliard de dollars pour soutenir le développement de 6 vaccins contre le virus Mers, le virus de Lassa et le virus Nipah. Explications avec le Pr Arnaud Fontanet, directeur de l’unité d’épidémiologie des maladies émergentes à l’Institut Pasteur, et membre de cette coalition.


Quel est l’objectif de la Coalition pour les innovations de préparations aux épidémies (Cepi) ?
Pr Arnaud Fontanet :
Cette initiative a été créée à la suite de l’épidémie d’Ebola au cours de laquelle nous avons dû développer des vaccins en situation de crise. Mais entre le moment où nous avons réalisé l’importance de l’épidémie et celui où nous pouvions tester les premiers candidats-vaccins dans la population, l’épidémie touchait à sa fin. Nous n’avions donc plus aucun moyen de savoir si ces vaccins étaient efficaces.

Cette situation est en train de se répéter avec Zika. L’épidémie déclarée en 2015 sévit encore au Brésil. Les vaccins sont lancés mais les phases 3 qui permettent d’évaluer leur efficacité n’arriveront qu’en 2018. Y aura-t-il une épidémie assez dynamique pour tester ces vaccins ? On l’ignore.

Le temps de développement des vaccins est tel que nous ne sommes pas en mesure de les déployer lorsque les épidémies sont dans leur phase explosive. Avec le Cepi, nous voulons mettre au point des vaccins en les testant chez l’animal et en vérifiant leur tolérance chez l’homme afin d’être capable de les déployer en cas d’épidémie.


Comment fonctionnera cette coalition ?

Pr Arnaud Fontanet : Les compagnies pharmaceutiques ont peu d’intérêt à développer des vaccins contre des maladies dont on ignore si elles peuvent un jour devenir épidémiques. Dit autrement, les maladies pour lesquelles il n’y pas de marché garanti.

Le Cepi est un partenariat public-privé qui a justement été créé pour inciter les industriels à développer ces vaccins car nous pensons qu’il est trop tard de se poser la question une fois que l’épidémie a démarré. Grâce à des aides financières, nous espérons accélérer la recherche sur une dizaine de maladies.


Pourquoi cibler le virus Mers, le virus de Lassa et le virus Nipah ?
Pr Arnaud Fontanet :
Ces virus ont été choisis parmi une liste de 10 maladies fournie par l’Organisation mondiale de la santé (l’un des partenaires du Cepi, ndlr). Elles sont déjà connues et identifiées comme potentiellement virulentes. Ce potentiel épidémique est très vrai pour le Mers, par exemple. Nous avons pu le constater en Corée du Sud après que le virus se soit échappé d’Arabie Saoudite.

Le virus de la fièvre de Lassa est endémique à l’Afrique de l’Ouest. La contamination se fait au départ à partir des rongeurs, puis il y a un risque de transmission interhumaine. Mais il reste très dépendant de son réservoir, et la propagation au-delà de son territoire paraît peu vraisemblable. Il faut cependant se méfier car pour Ebola nous racontions toujours que le virus était cantonné à la République démocratique du Congo, et puis finalement il s’est répandu en Afrique de l’Ouest.  

Pour Nipah, le virus est transmis par une chauve-souris. Il provoque des encéphalites, avec parfois des manifestations respiratoires. Et c’est dans ces situations que les patients sont contagieux. Là aussi, il y a un potentiel épidémique important.


(1) Les gouvernements norvégien, indien, japonais et allemand s’apprêtent à financer le CEPI à hauteur de plus d’un milliard de dollars sur 5 ans. L’organisation est aussi soutenu par l’Organisation mondiale de la santé, la Commission Européene, Médecins sans frontières, le Wellcome Trust et la Fondation Bill et Melinda Gates. Plusieurs compagnies pharmaceutiques (GSK, Merck, Johnson & Johnson, Pfizer, Sanofi et Takeda) participent elles aussi.

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