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Déserts médicaux : 2,5 millions de Français isolés

Déserts médicaux : 2,5 millions de Français isolés GILE MICHEL/SIPA




REPORTAGE - D’ici 2025, 1 médecin généraliste sur 4 à la retraite ne sera pas remplacé. Une pénurie, déjà perceptible, qui préoccupe les Français. Des inquiétudes dont ils aimeraient que les politiques se fassent l’écho.


La France n’a jamais compté autant de médecins, et pourtant il n’a jamais été aussi difficile d'obtenir un rendez vous. C’est un fait, les 198 000 praticiens en activité régulière ne peuvent plus répondre aux besoins de la population française.
En 2015, le Conseil national de l’Ordre des médecins a recensé 192 déserts médicaux dans lesquels vivants plus de 2,5 millions de Français. Pénurie de médecins, mauvaise répartition sur le territoire, féminisation du métier, changement de pratiques des médecins ou surconsommation de soins… Les causes de la désertification médicale sont multiples mais identifiées depuis longtemps. Malgré cela, le phénomène ne semble pas s’améliorer et touche les soins de première ligne, en ville comme en zone rurale.

Les médecins généralistes sont les premiers touchés par cette baisse de la démographie médicale en raison de l’important nombre de départs en retraite non remplacés. « Ils connaissent une chute inexorable, et ce, de manière préoccupante puisque cette chute devrait se poursuivre jusqu’en 2025 et pourrait se traduire par la perte d’un médecin généraliste sur quatre sur la période 2007-2025 », alertait l’Institution ordinale à l’occasion de la publication de l’Atlas démographique.


Disparités territoriales

Toutes les régions françaises ne sont pas logées à la même enseigne. Certains territoires, comme la région Provence-Alpes Côte d’Azur (PACA), voient arriver de nouveaux médecins tandis que d’autres peinent à les garder, à l’instar du Centre. Ainsi, en 2015 on a recensé 152,6 médecins pour 100 000 habitants en PACA, la plus forte densité, contre 107,5 médecins généralistes pour 100 000 habitants, la plus faible dans le Centre. La moyenne nationale étant de 132,1 généraliste pour 100 000 personnes.

Et même au sein des départements bien dotés, il existe des zones en très grande difficulté, telle que la Bretagne intérieure. Les régions péri-urbaines et les grandes villes ne sont pas non plus épargnées. A Paris, le nombre de généralistes a diminué de 20 % ces dernières années, et un sur 4 devrait disparaître d’ici 2020.

Ces disparités visibles même à l’échelle d’une ville poussent les patients à parcourir des kilomètres pour trouver un médecin, comme l'a montré une étude de l’Irdes (Institut de recherche et documentation en économie de la santé). Si en moyenne, les Français font 8 minutes de voiture pour se rendre chez leur médecin traitant, plus de 10 % d’entre eux réalisent un trajet de 20 minutes, et 5 % doivent se déplacer à 28 minutes de chez eux.

Des temps de trajets encore bien plus importants pour les spécialistes. Ainsi, il faut parfois compter plus de 40 minutes pour aller chez un dermatologue et parfois plus de trois-quarts d’heure pour consulter un gynécologue ou un ophtalmologue.

Pour obtenir un rendez-vous chez ces spécialistes, il faut aussi s'armer de patience. Pour un ophtalmologue, il faut attendre 111 jours et plus de 50 pour voir un gynécologue. Consulter son généraliste est aussi de plus en plus compliqué : il faut compter 6 jours d’attente.


Inciter les jeunes à s'installer

Dès lors des inégalités d’accès aux soins s’immiscent entre les personnes véhiculées et capables de se déplacer, et les personnes vulnérables en situation de handicap par exemple. Se déplacer loin de son domicile devient alors un obstacle pour se soigner.

Pour remédier à cette situation, certains parlementaires ont proposé en octobre dernier de contraindre l’installation des médecins en ne conventionnant que ceux qui s’installent dans une zone sous-dotée. Un amendement contre lequel se sont opposés les médecins et le gouvernement. Les députés n’ont finalement pas retenu cet amendement qui pourtant séduisait nombre de patients des déserts médicaux.

Du côté du gouvernement, on préfère les mesures incitatives. Un texte voté par l’Assemblée, dans le cadre du PLFSS 2017, prévoit la création d’un contrat de Praticien Territorial Médical de Remplacement. Une initiative saluée par les jeunes médecins et remplaçants car elle leur assure un salaire minimum, notamment lors d’une période d’inactivité entre deux remplacements. Le gouvernement fait ainsi le pari que ce contrat incitera les jeunes médecins à s'installer dans les zones où le manque de praticiens est le plus criant.

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