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QUESTION D'ACTU

Dr Jean-Paul Hamon

Alzheimer : «Le déremboursement des médicaments est justifié»

La Commission de la transparence de la HAS préconise le déremboursement total des médicaments anti-Alzheimer. Certains généralistes soutiennent cet avis. 

Alzheimer : \ ©Stocklib




La maladie d'Alzheimer touche 900 000 personnes en France et 225 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année. Face à ces chiffres inquiétants pour la viabilité du système de santé, les autorités sanitaires font des choix forts. Polémiques, même. La Commission de la transparence, en charge de l'évaluation des médicaments au sein de la Haute Autorité de Santé (HAS), a rendu mercredi un avis défavorable concernant le remboursement de 4 médicaments et leurs génériques. Le service médical  rendu (SMR) est désormais considéré comme insuffisant pour les quatre produits suivants : Aricept, Reminyl, Exelon et Ebixa. Ce passage d’un SMR de « mineur » à « insuffisant » signifie tout simplement leur déremboursement total !

Une décision contestée par les patients. L'association d'intérêt général LECMA-Vaincre Alzheimer dénonce « la gravité de cette prise de position par la HAS ». France Alzheimer, qui regrette de ne pas avoir été auditionnée par cette commission, s’inquiète, elle, d' « un signal négatif et dangereux à toutes les personnes malades qui bénéficient de ces traitements et à toutes celles qui sont engagées dans une démarche de diagnostic ».

Mais du côté des médecins, le son de cloche est différent. En témoigne la réaction du Dr Jean-Paul Hamon, président de la FMF (1). Ce généraliste à Clamart (Hauts-de-Seine) rappelle que d'autres syndicats de praticiens (MG France et l'Union Généraliste) ont aussi dans le passé contesté le remboursement par la Sécurité sociale de ces médicaments « inefficaces, voire dangereux, contre la maladie d'Alzheimer ».

Depuis 2011, vous êtes pour ce déremboursement, pourquoi ?
Jean-Paul Hamon : Depuis cette date, des études nous prouvent que ces médicaments ont davantage d'inconvénients que d'avantages. Et le bénéfice-risque était déjà en faveur de l'abstention pure et simple. Or, ils coûtaient déjà, en 2011, plus de 300 millions d'euros. Parallèlement, les familles de malades sont dans la plus grande difficulté pour pouvoir payer des aidants. Certaines sont le désarroi le plus total. Avec une vie personnelle et professionnelle qui en pâtit. 

Vous dénoncez aussi la dangerosité de ces molécules ?
Jean-Paul Hamon : Oui, ces médicaments ont des risques cardiovasculaires clairement décrits. Dans une étude avant sa mise sur le marché, on a prouvé par exemple qu'Ebixa était dangereux et inefficace. Malgré ces données anciennes, il coûte aujourd'hui plus de 80 000 millions d'euros à la collectivité. Cherchez la cohérence... 

Est-ce que ces médicaments améliorent la qualité de vie des patients ?
Jean-Paul Hamon : Il semble qu'il y ait une petite amélioration fugace les premiers mois. Mais très vite, elle disparaît, les effets secondaires cardiovasculaires prennent ensuite le dessus. Ils sont non négligeables, voire extrêmement préjudiciables. En disant cela très tôt, on a dû subir les pressions de gériatres renommés avec des conflits d'intérêts majeurs dans l'industrie pharmaceutique. Il a fallu que ce soit des généralistes de base qui disent : « Ces médicaments sont dangereux on les arrête ». Grâce à nous, la prescription de ces médicaments a baissé. Le coût est passé de 300 à 85 millions d'euros en cinq ans.

Quelles sont les alternatives thérapeutiques ?
Jean-Paul Hamon : Il n'y en a pas. Mais on sait qu'il est important de parler aux patients malades d'Alzheimer, de les toucher. Par ailleurs, je dénonce aussi le fait qu'il y a plus de recherches dans le monde sur les troubles de l'érection que sur la maladie d'Alzheimer. Dans vingt ans, on arrivera au constat terrible que des tas de gens auront une érection superbe, mais qu'ils ne sauront même plus à quoi elle sert !
C'est le désespoir qui me fait parler ainsi. Nous, médecins, on aimerait bien qu'on mette plus d'argent dans cette pathologie, mais aussi pour les aidants et aussi les généralistes qui prennent de plus en plus en charge ces patients âgés. Avec 300 millions d'euros d'économies, on peut faire de grandes choses.



(1) La Fédération des Médecins de France

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