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QUESTION D'ACTU

Entretien avec Denis Demonpion

Hillary Clinton : les suites de sa pneumonie

La candidate démocrate a d’abord caché sa pneumonie avant de tout avouer. Pour Denis Demonpion, auteur d’un ouvrage sur la santé des présidents, c'est une faute.

Hillary Clinton : les suites de sa pneumonie Andrew Harnik/AP/SIPA




La vidéo dure une dizaine de secondes mais elle a déjà fait le tour du monde. Filmée par un passant, on y voit la candidate à l’élection présidentielle, Hillary Clinton, chancelante. Secourue par son staff technique, la démocrate va même jusqu’à tomber à l’entrée de sa voiture perdant une chaussure dans la cohue.

La scène se passe lors des cérémonies d’hommage du 11 septembre qu'Hillary Clinton, 68 ans, a dû quitter précipitamment. Cet épisode remet bien évidemment sur le devant de la scène la polémique déjà existante sur l’état de santé de la candidate démocrate. Surtout que son équipe de campagne s'est enfermée, dans un premier temps, dans le mensonge.
Ses collaborateurs ont, en effet, indiqué qu’elle souffrait d’un coup de chaud à la suite d'une déshydratation. Puis, son médecin personnel a reconnu qu’elle était atteinte d’une pneumonie diagnostiquée vendredi dernier.

Le Dr  Lisa Bardack a ainsi expliqué que la candidate « a été mise sous antibiotiques et il lui a été conseillé d'observer du repos et de modifier son emploi du temps ».
A huit semaines de l'élection présidentielle américaine, Hillary Clinton a décidé de suivre ces conseils. Au moins pour les deux prochains jours.
Pourtant habitué à la provocation, Donald Trump a souhaité un prompt rétablissement à sa rivale.
Il n’empêche que beaucoup de commentateurs voient déjà dans cet évènement un tournant dans la course à la Maison Blanche. C’est le cas de Denis Demonpion, journaliste à L’Obs. Il est l’auteur de l’ouvrage Le dernier tabou, révélations sur la santé des présidents.

Quels sont les devoirs des candidats américains en matière de santé ?
Denis Demonpion : Depuis plusieurs élections américaines, tous les candidats à l’élection présidentielle sont tenus de produire un certificat médical extrêmement détaillé. Je vous assure, on est très loin du bulletin de santé à la française qui fait 2 lignes.
Par exemple, en 2008, le candidat John McCain avait présenté 1 100 pages de documents sur toutes les interventions et visites qu’il avait subies au cours de son existence. Un peu pour se moquer du système j'imagine.
Autre exemple, on avait reproché à Barack Obama de ne pas s’épancher sur son risque de développer une maladie génétique… A présent, ce thème risque d'être le sujet central de la campagne. En tout cas, dans le camp de Donal Trump, beaucoup songent à le remettre au centre des débats.

Comment réagissent les Américains à ces révélations ?
Denis Demonpion
: Dans un pays comme les Etats-Unis, c’est clair, on ne tolère aucune cachotterie en la matière. Ses médecins reconnaissent même qu’ils ont révélé un peu trop tardivement sa pneumonie. Hillary Clinton aurait dû dire qu’elle était souffrante. Cela va lui être imputé comme une faute professionnelle.
Cette cachoterie mettra du temps à lui être pardonnée et risque même d’avoir des conséquences sur le choix des électeurs. Certains pourraient avoir des doutes sur sa capacité à gérer le pays. Mais si Donald Trump l’attaque trop sur ce point, cela pourrait se retourner contre lui, avec un phénomène d’empathie envers la candidate démocrate. 

Un candidat malade peut-il être élu président des Etats-Unis ?
Denis Demonpion
 : Il y a déjà eu un précédent. Mais autre temps, autre mœurs. Je fais référence à Franklin Delano Roosevelt qui, malgré son fauteuil roulant, a été réélu 4 fois. Même en période de guerre. A l’époque en tout cas, les Américains étaient très peu regardants sur l’état de santé de leur président. Mais à l’heure des réseaux sociaux je pense que la donne a changé. Des hordes d’internautes anti-Clinton pourraient se mobiliser pour lui nuire. Ils seront, c'est certain, présents à chaque fois qu’elle va déraper, glisser, ou accuser un coup de fatigue. Ses points faibles seront épiés par ses opposants. Les prochains moins vont être décisifs. La question déterminante c 'est : Est-ce qu´Hillary Clinton pourra repartir en campagne avec le tonus qu’on lui connaît habituellement ?

Comment doit-elle réagir ?
Denis Demonpion
 : Elle n’a pas d’autre choix que de s’expliquer. Elle va être sommée par le peuple américain de tout dire sur son état de santé. C’est sûr que parler de cela va la gêner dans sa campagne. Ce n'est pas quelques chose d'agréable. 

Et en France, quid de l’exigence de vérité en santé ?
Denis Demonpion
 : Les Etats-Unis ne sont pas la France et vice-versa. Chez nous, l’exigence de vérité en matière de santé de la part des candidats n’existe pas. On se souvient tous de Georges Pompidou qui n’a pas terminé son mandat. Depuis son décès, tous les candidats ont juré qu’ils diraient tout en matière de santé. Mais il n’en a rien été. François Mitterrand a caché aux Français son cancer métastasé et plus récemment, Nicolas Sarkozy et François Hollande ont aussi fait des cachotteries en la matière.
Je pense qu’il faudra vraiment qu’il y ait un événement grave et important pour qu’on en vienne à la situation américaine où les candidats doivent montrer patte blanche. Pour le moment, les Français et leurs élus n’envisagent pas un nouveau système. Quand nous avons sollicité François Hollande pour notre livre, il nous a dit qu’il venait de faire un emprunt bancaire pour lequel il avait dû produire un bilan de santé. Bref, il nous a demandé de passer notre chemin.

Les jeunes candidats pourraient-ils changer la donne ?
Denis Demonpion : Les Emmanuel Macron, Bruno Lemaire, et Arnaud Montebourg ne pensent même pas à cette question. Eux affirment que leurs priorités, ce sont les soucis des Français. Dans le but de rester crédible vis-à-vis de cette exigence, ils ne feront pas de leur bulletin de santé un marqueur politique.

 

Source : vidéo YouTube
 

Des conséquences parfois graves

La pneumonie est une infection des voies respiratoires basses, dans les poumons, au niveau des alvéoles pulmonaires. Plusieurs sortes de germes peuvent être responsables : des bactéries, des virus ou plus rarement des parasites et des champignons. Le plus souvent, la pneumonie est due à une bactérie, le pneumocoque. D'autres germes provoquent la pneumonie : mycoplasme, chlamydia, Haemophilus inflenzae, légionnelle. Et une infection virale comme la grippe peut être à l'origine d'une surinfection par une bactérie aux conséquences graves.

Le plus souvent, la pneumonie débute de façon aiguë : survenue brutale d'une fièvre élevée avec frissons, sueurs, toux au début sèche, puis grasse avec des crachats jaunâtres striés de sang, douleur dans la poitrine lors de la toux et de la respiration (« douleur thoracique »), parfois d'un essoufflement et de troubles digestifs. Il est alors conseillé de consulter rapidement le médecin-traitant.
En l’absence de maladie associée, le traitement est basé sur les antibiotiques de la famille des pénicillines (amoxicilline) et des macrolides (pristinamycine). Les formes de pneumonies, qui n'ont pas de caractère de gravité, sont traitées au domicile. Dans la majorité des cas, la pneumonie guérit sans complication si le traitement est bien suivi. Les cas les plus sévères doivent être traités d’emblée à l'hôpital, éventuellement dans un service de soins intensifs, la mortalité pouvant atteindre 15 %.

 

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