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"Remote management"

Syrie : Médecins Sans Frontières contrainte au soutien à distance

ENTRETIEN – En Syrie, le danger est tel que Médecins Sans Frontières a dû rapatrier ses travailleurs internationaux, et déployer une procédure de soutien à distance.

Syrie : Médecins Sans Frontières contrainte au soutien à distance : AP/SIPA




En temps de guerre, l’humanitaire doit perpétuellement négocier. Des droits de passage, des couloirs, des trêves, quelques espaces pacifiques permettant d’approvisionner, de soigner. Au Yémen, Médecins Sans Frontières a dû évacuer son personnel des hôpitaux du nord, face à l’incapacité de la coalition à tenir sa promesse de ne pas bombarder les établissements de santé. En Syrie, c’est tout le pays qui a vu déserter les travailleurs internationaux de l’ONG.

Médecins Sans Frontières a atteint les limites de sa capacité de négociation en Syrie. Plus aucun membre du personnel international n’est présent sur le territoire. L’ampleur des risques a contraint l’ONG à déployer une procédure de gestion à distance (« remote management »). Massimiliano Rebaudengo, chef de mission Syrie / Turquie, explique en quoi consiste ce mode opération réservé aux conflits les plus durs.

 

Dans quelles circonstances MSF a décidé d’évacuer son personnel expatrié en Syrie ?

Massimiliano Rebaudengo : Sur place, nous avons toujours notre staff national syrien, composé d’environ 150 travailleurs MSF, mais nous avons dû retirer le personnel international après l’enlèvement de cinq employés MSF par l’Etat Islamique, en janvier 2014. Après plusieurs mois de captivité, les membres de cette équipe internationale ont été libérés mais les risques étaient devenus trop importants.

Déjà, avant cet événement, la situation était compliquée – la question de la sécurité a toujours été un challenge dans ce conflit... Mais jusque là, nous arrivions à négocier avec les groupes qui contrôlaient les zones où nous travaillions et nous parvenions à avoir un certain niveau de sécurité. Après l’enlèvement, c’était clairement devenu impossible.
 

Vous avez alors dû déployer un soutien à distance. De quoi il s’agit-il ?

Massimiliano Rebaudengo : Il y a deux types de projets. Une équipe basée en Turquie fait de la supervision ; l’autre est basée en Syrie et composée de travailleurs MSF syriens. En dehors des hôpitaux gérés par MSF avec des travailleurs locaux, qui fonctionnent sur un modèle similaire aux autres pays, nous avons développé une activité de soutien à distance de 24 établissements de santé gérés par des médecins syriens dans trois provinces du nord de la Syrie (Idlib, Alep, Hama). Ces zones sont contrôlées par des groupes de l’opposition syrienne.

D’une part, nous fournissons des moyens financiers et du matériel médical à ces structures – médicaments, dispositifs médicaux… Nous supportons le secteur des urgences, de la maternité et de la réhabilitation pour blessés de guerre. Cela va de la médecine de premier recours à la médecine plus spécialisée.

D’autre part, nous menons des formations par Skype auprès de ces établissements - en Syrie, le réseau fonctionne bien. La dernière formation portait sur un système d’analyse de données médicales développé par MSF. C’est un élément essentiel pour avoir accès à l’information et fournir une réponse humanitaire adaptée, surtout quand on n’est pas sur le terrain. C’est sûr que ce n’est pas idéal ; on ne peut pas faire de formations avec des éléments trop pratiques, comme celles qui portent sur les premier secours, ou sur les procédures de sécurité.

Ecoutez...
Massimiliano Rebaudengo, chef de la mission MSF Syrie / Turquie : « L’élément central, dans le remote management, c’est de savoir poser les bonnes questions. Les informations de terrain sont vitales. »

 

Avez-vous eu souvent recours au « remonte management » ?

Massimiliano Rebaudengo : Ca ne fait pas partie de nos méthodes opérationnelles standard. Il s’agit d’un cas extrême de gestion d’opération que MSF met en place dans des situations très spécifiques. Nous y avons eu recours en Somalie et en Afghanistan, pendant des années. Nous gérions les opérations depuis Nairobi, au Kenya.

Ce n’est pas seulement une question de sécurité, mais aussi d’accès et de négociations. Même si la guerre se termine demain en Syrie, ce n’est pas sûr que les gouvernements des pays dans lesquels nous sommes basés (Turquie, Jordanie, Liban) accepteront d’envoyer une équipe internationale. Nous ne désespérons pas de revenir en Syrie, malgré tout. En italien, on dit que « l’espoir est le dernier à mourir ». 


Ecoutez...

Massimiliano Rebaudengo, chef de la mission MSF Syrie / Turquie : « La situation est d’autant plus regrettable que c’est toujours le personnel international qu’on envoie aux négociations car en cas de problème, il peut être rapatrié. »

 

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