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QUESTION D'ACTU

Une origine européenne

L'ADN d’un Phénicien de 2 500 ans conduit à la péninsule ibérique

En analysant de l’ADN prélevé sur les ossements d’un Phénicien datant de 2 500 ans, des chercheurs ont trouvé un lien avec des populations ibériques.

L'ADN d’un Phénicien de 2 500 ans conduit à la péninsule ibérique Reconstitution d'Ariche, le Phénicien (M.RAIS)




Qui sont les Phéniciens ? Cette question taraude encore les archéologues et les historiens. Ce peuple antique, roi du commerce en Méditerranée durant le millénaire avant l’ère chrétienne, occupait des cités situées sur l’actuel Liban. Mais en ce qui concerne ses origines ethniques, le mystère plane encore.

Une équipe de chercheurs Néozélandais de l’université d’Otago vient pourtant de lever une partie du voile – ou de l’épaissir, car les résultats, publiés dans la revue scientifique PLOS ONE, sont étonnants. En analysant l’ADN d’un Phénicien de 2 500 ans, ils ont retrouvé un marqueur génétique rare qui lui attribuerait des origines… ibériques !

C’est le patrimoine génétique d’Ariche, le « jeune homme de Byrsa », qui a été étudié, un Phénicien qui aurait vécu autour du VIe siècle av. J.-C. Ses restes avaient été découverts dans une tombe à Carthage, en Tunisie, il y a 20 ans. En analysant son ADN dit « mitochondrial » (voir encadré), les chercheurs ont remarqué la présence d’un marqueur rare, l’haplogroupe U5b2c1.

 

L'ADN mitochondrial, outil de la paléogénétique

Cet ADN, comme son nom l'indique, provient des mitochondries, de petites structures contenues dans les cellules. L’avantage, c’est que, contrairement à l’ADN classique qui est une combinaison des patrimoines génétiques du père et de la mère, celui-ci ne se transmet que par les mères. Il se conserve aussi plus longtemps. Il permet ainsi de remonter les lignées génétiques beaucoup plus facilement.

Ce sont les raisons pour lesquelles il est souvent utilisé en paléogénétique – mais aussi dans les enquêtes de police – pour comparer les similitudes de populations, et ainsi retracer les mouvements et les mélanges des peuples.

 

Des ancêtres communs avec les Portugais

« U5b2c1 est considéré comme étant l’un des plus anciens haplogroupes en Europe, et y est associé à des populations de chasseurs-cueilleurs, précise le Pr Matisoo-Smith du département d’anatomie de l’université d’Otago, et co-responsable de l’étude. Il est particulièrement rare dans les populations contemporaines, et se retrouve chez moins d’1 % des Européens ».

« De manière intéressante, poursuit la chercheuse, notre analyse a montré que patrimoine génétique mitochondrial moderne duquel celui d’Ariche se rapproche le plus serait celui de certains habitants du Portugal d’aujourd’hui. »

Un métissage commercial

De manière plus générale, la lignée maternelle du jeune homme de Byrsa proviendrait de la péninsule ibérique. Les origines libanaises des Phéniciens pourraient donc être remises en question, ou au moins nuancées. D’autant plus qu’en analysant l’ADN mitochondrial de 47 Libanais d’aujourd’hui, aucune trace d’U5b2c1 n’a été retrouvée.

Les Phéniciens étaient un peuple de marchands et de marins. Ils ont dominé le commerce méditerranéen pendant des siècles, et ont fondé la ville portuaire de Carthagen véritable melting pot. Par leurs échanges commerciaux, ils ont sans doute été responsables d’un métissage important sur le pourtour méditerranéen.

« Nous connaissons encore peu de choses sur les Phéniciens, en dehors des écrits de leurs rivaux romains et grecs, vraisemblablement biaisés, avoue le Pr Matisoo-Smith. Nous espérons que nos résultats présents et futurs mettront en lumière les origines et l’impact des peuples Phéniciens et de leur culture ». Ils seraient en particulier responsables de la diffusion d’un premier alphabet autour de la Méditerranée.

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