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Addiction

Drogues de synthèse : un piège tendu aux jeunes

Les drogues de synthèse déferelent en Europe. Facilement accessibles, peu coûteuses, avec de puissants hallucinogènes, elles ciblent des nouveaux consommateurs. Mais leur pouvoir d'addiction est redoutable

Drogues de synthèse : un piège tendu aux jeunes SKYVISUAL/SIPA




Chaque semaine, une nouvelle de drogue est détectée au sein de l’Union européenne. C’est ce qui ressort du dernier rapport de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies. En 2011, tous les records ont été battus. Un système d’alerte a permis de découvrir 49 nouvelles substances psychoactives. En 2009, seulement 24 avaient été recensées. Au niveau mondial, ces drogues de synthèse sont même aujourd’hui davantage consommées que l’héroïne et la cocaïne.

Fabriquées en laboratoire et 100% chimiques, contrairement aux drogues issues de produits naturels comme les champignons hallucinogènes, ces substances sont donc en pleine explosion. Parmi les plus connues, on trouve l’ecstasy, le LSD, les amphétamines, les poppers, le GHB dite « drogue du violeur », ou encore la kétamine.
Mais l’imagination des chimistes qui les mettent au point est galopante. Et des institutions aussi importantes que les Nations Unies ou la Commission européenne exigent une lutte plus active contre ces drogues de synthèse. Une urgence à agir qui s’explique par le profil particulier du consommateur. Les jeunes, non usagers de drogue, aimant faire la fête sont la cible privilégiée.

Ecoutez le Dr Amine Benyamina, psychiatre addictologue à l’hôpital Paul Brousse de Villejuif, « Ces nouvelles drogues ont pour fonction de toucher des populations naïves, qui sont rebutées par les drogues naturelles ».



Pour viser ces jeunes, une véritable stratégie marketing est élaborée. La diffusion sur internet, le prix relativement modique, le packaging attrayant et tendance, la communication auprès des people… tout semble avoir été pensé dans le seul but d’atteindre les adolescents et les jeunes adultes. Pierrick, âgé aujourd’hui de 28 ans, a commencé à consommer des drogues de synthèse vers 18 ans. « Aller à une fête, à un festival sans en prendre, c’était juste pas possible, confie-t-il. Ca aide à tenir 15 h d’affilée mais surtout les sensations sont géniales. C’était tout nouveau, tout beau, même si on savait que cela pouvait être dangereux », se souvient Pierrick.

Certaines drogues utilisent même le terme d’ « euphorisants légaux » pour attirer des consommateurs naïfs. « Cela désigne des substances psychoactives qui ne sont pas encore réglementées mais elles sont qualifiées à tort de légales », souligne l’Observatoire européen des drogues et toxicomanies.
C’était le cas des cathinones avant leur interdiction en France au mois d’août dernier. Derrière ce terme scientifique, se cachaient des substances apparemment inoffensives comme les sels de bain, joliment appelés Vague d’ivoire ou ciel de vanille. Sauf qu’il s’agit bel et bien d’une drogue que l’on peut sniffer, fumer ou s’injecter. Et selon une étude européenne menée en 2011 auprès de 12 000 jeunes de 15 à 24 ans, 5% auraient déjà consommé des « euphorisants légaux ».


Si la diffusion de ces nouvelles drogues semble bien huilée, la prise en charge médicale des consommateurs est en revanche plus cahotique. Avec l’arrivée d’une nouvelle drogue de synthèse par semaine, « les médecins sont dépassés », reconnaît le Dr Amine Benyamina. D’autant que les effets sur la santé produits par ces drogues n’ont rien à voir avec ceux des drogues dites naturelles.


Ecoutez le Dr Amine Benyamina :
"Certains patients aux urgences étaient tellement agités qu'ils fallaient parfois les sangler."



Les drogues de synthèse ont un pouvoir addictif bien supérieur à celui de l’héroïne et du cannabis, selon les médecins. Avec les sels de bains par exemple, l’effet hallucinogène dure à peine 45 minutes. Du coup, les consommateurs en reprennent très souvent et ils sont très vite accros. Ce danger n’est d’ailleurs pas très perceptible par les jeunes. « Ni moi, ni aucun de mes copains ne sont devenus addicts, assure Pierrick. En fait, il n’y a pas de sensation de manque physique. Ce n’est pas le corps qui réclame de consommer mais plutôt la tête. On trouve ça génial et on veut recommencer. » 

L’autre risque, c’est le surdosage. En effet, la composition de ces drogues est très mal connue. Des substances contrôlées et non contrôlées se mélangent et « souvent les usagers ignorent ce qu’ils achètent en réalité », indique l’OEDT. Le corps médical a donc un temps de retard sur ces dangereux chimistes. En Grande-Bretagne, une clinique spécialisée dans les consommateurs de drogues en discothèque entre à peine en phase pilote.

Autant dire que les parents peuvent avoir du mal à repérer une telle consommation à risques. « Il faut être attentif à quelques signes, comme les sorties nocturnes très fréquentes, le décrochage scolaire, l’irritabilité », suggère le Dr Benyamina. D’autant que la consommation récréative peut céder la place à une autre forme de consommation. Les drogues de synthèse font de plus en plus d’adeptes dans les universités et même dans les entreprises pour leurs effets excitants.

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