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Avant la fin de l'année

L'Avastin bientôt reconnu dans la DMLA

La prescription de l'Avastin dans la dégénérescence maculaire liée à l’âge pourrait être autorisée par le PLFSS. La reconnaissance du combat des hospitaliers pour prescrire un médicament moins cher que celui autorisé.

L\'Avastin bientôt reconnu dans la DMLA Le ministre de la Santé, Marisol Touraine, devrait défendre dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale une disposition permettant à l\' Avastin d\'être prescrit dans la DML (AALFRED/SIPA)




D’un côté, une dose de médicament dont le prix dépasse les 1000 euros ; de l’autre, une injection dont le prix tourne autour de 25 euros. Sachant que les deux médicaments possèdent une efficacité identique, le choix s’est imposé de lui-même : c’est le médicament le moins cher qui a été largement employé. Ce médicament est l’Avastin ; l’autre bien plus cher le Lucentis. Ils sont tous les deux utilisés pour soigner la forme humide de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), une maladie qui peut entrainer la cécité. Mais il n’y a pas qu’une différence de prix entre ces médicaments. Le Lucentis possède une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour l’utilisation dans le traitement de la DMLA. L’Avastin, non. Il n’est autorisé que dans le traitement de cancers.

Mais à la mi-juillet, la Direction générale de la santé émettait une instruction interdisant l’emploi de l’Avastin dans le traitement de la DMLA. Ce qui a provoqué un tollé dans le milieu hospitalier.

Depuis l’interdiction, les hôpitaux ne peuvent plus procéder ainsi et ont l’obligation d’utiliser le Lucentis. En pratique, ils ne l’achètent toujours pas. « Sinon, on coule le budget de nos services d’ophtalmologie, s’insurge le Pr François Chast, chef du service de pharmacie au groupe Cochin - Hôtel-Dieu (Paris). À l’hôpital Hôtel-Dieu, le remplacement l’Avastin par le Lucentis représenterait un surcoût annuel de 2 millions d’euros. L’équivalent de 40 emplois. On ne peut pas se permettre de faire n’importe quoi ! » En pratique, ce qu’il se passe, est que « nous faisons une ordonnance au patient, qui va chercher le Lucentis en pharmacie de ville. Puis nous faisons l’injection à l’hôpital, raconte le Pr Antoine Brézin, chef du service d’ophtalmologie de l’hôpital Cochin (Paris). Tout le monde ferme les yeux là-dessus. En plus, c’est un médicament pour lequel la chaine du froid doit être conservée. »

Par ailleurs, la forme humide de la DMLA n’est pas la seule maladie pour laquelle l'Avastin peut être utilisé. En effet, « le Lucentis est également indiqué dans d’autres traitements de l’œil, notamment l’œdème maculaire diabétique », précise le Dr Vincent Pierre-Kahn, chef de service d'ophtalmologie à l’hôpital Foch de Suresnes. Chaque année, 200 000 malades sont soignés pour la forme humide de la DMLA. « À ceux-là s’ajoutent les 500 000 patients atteints de rétinopathie diabétique et pouvant être traités par ces médicaments », précise le Pr François Chast. Ce qui fait potentiellement 300 000 malades utilisateurs du Lucentis. Les patients ne sont pas uniquement pris en charge à l’hôpital mais aussi en ville où dans ce cas, il n’y a pas d’autre choix que d’utiliser le Lucentis. Dans tous les cas, l’Assurance Maladie prend en charge le Lucentis à 100%, qui pourrait rapidement figurer dans le top 3 de ses dépenses…

Le dernier épisode en date a pour objectif de lever cette interdiction. Il s’agit d’une mesure proposée dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2013. Elle permettrait d’utiliser un médicament dans certaines indications pour lesquelles il ne dispose pas de l’AMM, si l’efficacité est reconnue et même si une alternative thérapeutique existe, à la condition qu’il y ait une différence de prix entre les deux.

Si la mesure était inscrite dans la loi, « ce serait une bonne nouvelle pour les hôpitaux, mais une mauvaise pour les laboratoires », résume le Dr Vincent Pierre-Kahn. Avant l’interdiction en France de son usage pour soigner la forme humide de la DMLA, l’Avastin était couramment plébiscité en milieu hospitalier – à l’instar des pratiques internationales. « L’Avastin est un médicament qu’il faut reconstituer en environnement stérile, sous isolateur, ce qui est possible pour de nombreuses pharmacies hospitalières, détaille le Pr François Chast. La technique utilisée est la même que pour les médicaments anticancéreux sauf qu’au lieu de fabriquer une poche, nous fabriquons une seringue de petit volume ». Coût de l’opération : de 25 à 50 euros, selon les témoignages.
« Nous savons d’ores et déjà qu’il y a de puissants contre-feux d’allumés mais nous espérons que la mesure sera votée », indique le Pr François Chast. Réponse très bientôt : le PLFSS 2013 sera examiné en Conseil des ministres le 10 octobre 2012, et sa publication au Journal Officiel est prévue autour du 20 décembre 2012.

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