Le jeu de ping-pong entre le gouvernement et le Sénat au sujet du paquet neutre n'en finit pas. Après l'échec de la commission paritaire, la mesure devrait faire son grand retour dans la loi de santé, qui revient sur les bancs de l'Assemblée le 16 novembre prochain.

La ministre de la Santé, Marisol Touraine, estime qu'il s'agit là d'une mesure de prévention nécessaire. De quoi contrarier les sénateurs, qui ont justement rejeté ce principe, lui préférant un avertissement sanitaire recouvrant 65 % de la surface du paquet. 

Toucher les jeunes

Le gouvernement s'appuie sur plus de 70 études qui montrent les bienfaits du paquet neutre. Il permettrait notamment d'empêcher les industriels de recruter de nouveaux consommateurs, en particulier des jeunes. 

Pour le gouvernement, le paquet neutre n’a en effet pas vocation à inciter les fumeurs au sevrage, car chez ces derniers, le packaging n’a que peu d’impact. En revanche, les fabriquants de tabac ont depuis longtemps fait du paquet un outil de communication et marketing puissant, qui attirent de nouvelles recrues.

La décoration, les couleurs, le côté luxueux et élégant de certains emballages peuvent être des arguments de poids pour les adolescents. La mesure vise donc à en terminer avec ces pratiques publicitaires, qui contredisent les messages de prévention et ralentissent les efforts de santé publique. 

Des succès avérés

Le gouvernement avance aussi l'exemple de l'Australie, qui a introduit le paquet neutre en 2012. Des effets notables ont alors été constatés. Les taux de tentatives d'arrêt du tabac ont, par exemple, augmenté. Les autorités australiennes ont également souligné une hausse du nombre d'appels vers les numéros verts mis en place pour soutenir les fumeurs.
Une preuve d'après elles que la population a commencé à prendre conscience des enjeux sanitaires liés au tabac après 2012. 

Un message sanitaire renforcé

L'exemple australien démontre aussi que les messages de prévention sont plus visibles et mieux compris, lorsque le paquet neutre est introduit. De fait, l'intérêt du paquet neutre est de diminuer l'attractivité du tabac, au profit de messages sanitaires vigoureux.

Le gouvernement pointe du doigt plusieurs autres études, qui montrent que le paquet neutre augmente la prise de conscience des risques chez les fumeurs, surtout lorsque le paquet est doté de messages visuels de grande taille. Ils sont alors plus attentifs à ces avertissements. 

Pour le gouvernement, le paquet neutre répond donc à deux nécessités : éviter que nouveaux fumeurs soient tentés et augmenter la perception des dangers, chez ceux qui fument déjà. Son approbation lors du vote de la loi de santé représente donc à ses yeux un enjeu majeur de santé publique.