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QUESTION D'ACTU

8 molécules à l'essai

Une pilule pour pallier le manque d'activité physique

Un comprimé au lieu d’une heure de fitness ? Huit molécules qui tentent de mimer les effets du sport sur l’organisme sont à l’essai. Deux chercheurs définissent leurs limites.

Une pilule pour pallier le manque d'activité physique Richard B. Levine/NEWSCOM/SIPA




Remplacer l’exercice physique par un comprimé : voilà un concept qui devrait plaire à tous ceux qui préfèrent leur canapé à leur paire de baskets. Les recherches dans ce domaine se multiplient. Shunchang Li, de l’université sportive de Beijing (Chine), et Ismail Laher, de l’université de Colombie-Britannique à Vancouver (Canada), l’ont remarqué. Dans la revue Trends in Pharmacological Sciences, ils effectuent une revue des différents candidats-médicaments et des applications possibles de telles approches thérapeutiques.

Utile après une amputation

Les bienfaits de l’activité physique sur l’organisme sont de mieux en mieux identifiés. Mais « les niveaux d’activité physique sont presque universellement bas, particulièrement chez les personnes utilisant des programmes à la maison », soulignent les deux chercheurs. A leurs yeux, cela soulève une question : « Existe-t-il une approche alternative qui induise à la fois les bienfaits de l’exercice physique et surmonte le problème de la mauvaise observance ? » La réponse qu’ils y apportent est toute en nuances.

Nous avons besoin de comprimés qui puissent mimer l’effet de l’exercice physique. Une frange non négligeable de la population ne peut plus pratiquer de sport, notent Shunchang Li et Ismail Laher : obèses, amputés, blessés de la colonne vertébrale, maladies métaboliques, musculo-squelettiques ou cardiovasculaires sont autant de motifs. « Une pilule destinée aux personnes blessées à la colonne vertébrale pourrait être particulièrement intéressante au vu des difficultés qu’ont ces gens à faire de l’exercice, estime Ismail Laher. Chez de tels patients, on observe de nombreux changements négatifs dans la fonction cardiovasculaire et celle des muscles squelettiques. »

Pas de miracle

La recherche d’une « pilule » qui remplace l’exercice est un domaine en pleine expansion. A ce jour, 8 « candidats » sont en phase d’essais sur des modèles animaux. « C’est un objectif accessible grâce à notre meilleure connaissance des cibles moléculaires de l’exercice physique », établit Ismail Laher. Les diverses molécules à l’essai ciblent toutes les muscles squelettiques, qui sont les premiers à pâtir de l’inactivité. Elles tentent de produire des muscles plus développés mais aussi plus rapides.

C’est là la première limite définie par les chercheurs. L’activité physique a des effets bien plus larges qu’un simple renforcement musculaire. « Il est clair que les gens tirent bien d’autres récompenses de leur exercice physique – comme une fonction cognitive améliorée, une densité osseuse plus élevée et une meilleure fonction cardiovasculaire. Il n’est pas réaliste de s’attendre à ce que des pilules puissent se substituer totalement à l’exercice physique – en tout cas pas dans un futur immédiat », tempère le Dr Laher.

Un premier cas de dopage

Les travaux n’en sont donc qu’à leurs débuts. Outre la définition du dosage adapté, il faut encore définir le risque de détournement d’usage. Car en 2013, un premier cas de dopage avec une des molécules candidates a été identifié dans le milieu cycliste.

« Nous sommes aux premiers stades de ce champ d’expérience très intéressant. Le développement de pilules qui agissent en combinaison sera probablement plus efficace qu’un seul composé. Mais nous ne savons rien de leur impact à long terme sur l’être humain », rappelle Ismail Laher.

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