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Fertilité, désir d'enfant

Cancer du sein : de jeunes patientes rejettent le tamoxifène

Pris pendant au moins 5 ans, le tamoxifène réduit les risques de récidive du cancer du sein. Mais les jeunes femmes inquiètes de ne pas pouvoir avoir d'enfant abandonnent leur traitement. 

Cancer du sein : de jeunes patientes rejettent le tamoxifène SERGE POUZET/SIPA




Depuis plusieurs décennies, le tamoxifène est utilisé pour réduire le risque de récidive du cancer du sein et de mortalité. Mais de nombreux travaux le montrent, les jeunes femmes sont plus enclines à refuser ou à abandonner leur traitement alors que les tumeurs chez ces patientes sont plus agressives. Une non-observance qui serait liée à l’inquiétude suscitée par les effets secondaires et l’incertitude de ne pas pouvoir avoir d’enfant, relève une étude américaine parue dans le Journal of the National Cancer Institute.

Réalisés auprès de 515 femmes non ménopausées de moins de 45 ans, ces travaux indiquent que les participantes souffrant d’un carcinome mammaire – le cancer du sein le plus fréquent – qui ont refusé le traitement par radiations, qui n’ont pas reçu de chimiothérapie, qui ont fumé et qui sont préoccupées par la préservation de leur fertilité, sont plus susceptibles de retarder ou d’interrompre leur traitement.

Un risque tératogène important

Lorsque que les chercheurs de l’université du Michigan leur ont demandé les raisons pour lesquelles elles refusaient de commencer le traitement, 69 patientes ont expliqué qu’elles prévoyaient de tomber enceintes. Or, « il est formellement interdit d’autoriser une grossesse chez une patiente sous tamoxifène car il présente un risque tératogène trop important », explique le Dr Daniel Serin, cancérologue à l’Institut Sainte Catherine d'Avignon.

Presqu’autant ont déclaré avoir arrêté le tamoxifène pour les mêmes raisons. « Ce que pointe cette étude a du sens. Alors que les médecins demandent à leurs patientes de suivre ce traitement pendant au moins 5 ans, les femmes ayant un désir de grossesse peuvent décider de ne pas le prendre. A ce moment-là, on peut prescrire le tamoxifène pendant 2 ou 3 ans, puis stopper le traitement, ce qui permet à la patiente d’avoir un enfant durant cette période. Le traitement devra être repris après l’accouchement », explique le spécialiste.

Par ailleurs, le Dr Daniel Serin souligne qu’aucune étude n’a montré que le tamoxifène a une incidence sur la fertilité. « N’oublions pas qu’au départ, dans les années 1970, ce médicament a été découvert alors que l’on cherchait des inducteurs d’ovulation », rappelle-t-il.

Avoir le sentiment que la maladie régit sa vie

Selon les études sur la compliance et l’observance des patientes, menées notamment en France, il apparaît qu’un tiers des patientes abandonne ou néglige son traitement. Pour bon nombre d’entre elles, les effets secondaires (bouffées de chaleur, prise de poids ou un risque accru de cancer de l’endomètre ou de thrombose veineuse) en sont la cause, comme le confirme la récente étude.
L’oncologue a alors étudié l’impact des lettres de relance et d’explications sur l’adhésion au traitement. « On s’est aperçu que cela n’avait aucun effet. Les patientes peuvent ressentir un phénomène de ras-le-bol, indique le médecin. Pour certaines, prendre du tamoxifène assure leur guérison, alors que pour d’autres, cette prise régulière leur rappelle leur maladie. »

Ecoutez...
Daniel Serin, cancérologue à l’Institut Sainte-Catherine d'Avignon : « Le phénomène de ras-le-bol, de lassitude, se comprend. Dans les études françaises, on n'avait pas identifié le problème de la fertilité ou l'impossibilité temporaire d'avoir un enfant comme un élément crucial dans cette décision d'abandon. »

Dans un commentaire accompagnant l’étude américaine, deux chercheuses de l’Institut du cancer Dana-Farber (Boston) soulignent l’importance de proposer aux patientes des alternatives permettant de préserver leur fertilité lorsqu’elles envisagent d’avoir des enfants, mais également d’identifier les stratégies efficaces pouvant améliorer leur qualité de vie.

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