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QUESTION D'ACTU

Entretien avec le Dr Patrick Goldstein

Attentat déjoué du Thalys : le chef des Urgences de Lille témoigne

Le passager blessé par balle dans l'attentat déjoué du Thalys va bien, mais reste sous surveillance, d'après son médecin. S'agissant du militaire touché, il a déjà quitté l'hôpital. 

Attentat déjoué du Thalys : le chef des Urgences de Lille témoigne Le jeune soldat américain Spencer Stone à sa sortie de l'Hôpital de Lille, Stephane Vansteenkiste/SIPA




Vendredi 21 août, avant 18 heures, Ayoub El Khazzani, ressortissant marocain signalé comme islamiste radical, a tenté de commettre un attentat sanglant sur le territoire français. Alors que le Thalys 9364 (Amsterdam-Paris) transportant 554 passagers était en Picardie, l'homme âgé de 25 ans est sorti des toilettes du train armé d’un pistolet automatique Luger et d’un fusil d’assaut Kalachnikov.
Heureusement, sa folie meurtrière a été mise à mal grâce au courage de plusieurs passagers. Certains d'entre eux sont même intervenus au péril de leur vie. Dans cette bagarre générale visant à déjouer un carnage, deux hommes ont été particulièrement blessés. Ils ont été pris en charge aux urgences du CHRU de Lille dirigées par le Dr Patrick Goldstein. Dans un entretien accordé à Pourquoidocteur, ce médecin fait le point sur l'état de santé de ces patients. 

 

"Aux urgences, le militaire était bien mentalement"

 

Combien de blessés avez-vous pris en charge suite à cette tentative d'attentat ?
Dr Patrick Goldstein : 
Après la tentative d'attentat, on a reçu deux personnes au Pôle "Urgences" du CHRU de Lille. Le militaire américain, que j'ai vu, est un blessé très léger. Il a été hospitalisé dans un premier temps au Centre Hospitalier d'Arras (Pas-de-Calais) puis transféré le lendemain à Lille (Nord), en chirurgie de la main.
Il avait une plaie au pouce (section des tendons fléchisseurs) à cause d’un coup de cutter qu’il a reçu. Mais ce n'est rien de grave, c’est une blessure que l’on a l'habitude de voir, notamment à Noël, à cause de l'utilisation plus importante des couteaux à huîtresCe jeune soldat est visiblement celui qui a maîtrisé l’agresseur.
J'ai été tout de même épaté de voir à quel point il se portait très bien mentalement. Je peux vous dire que c’est un garçon remarquable qui, du fait de son métier, est habitué à ce genre de situations extrêmes. C'est donc logiquement que toute l'équipe médicale lui a manifesté sa gratitude pour son geste héroïque. Après avoir subi une chirurgie sous anesthésie locale, il a quitté notre hôpital, en tout simplicité.

 

Dans quel état de santé était le second blessé ?
Dr Patrick GoldsteinLe deuxième blessé est un civil franco-américain. Il vit en banlieue parisienne depuis 20 ans. Agé d'une cinquantaine d'années, il souffre pour sa part d'une blessure plus sérieuse, par balle. Le projectile qui l'a heurté est rentré dans la partie inférieure de son dos. Il est ensuite remonté, ce qui lui  a cassé des côtes puis perforé le poumon.
Heureusement, la balle est ressortie sous sa clavicule gauche, en évitant de très peu les organes vitaux. Aujourd'hui, on peut dire qu'il va bien, mais reste toujours sous surveillance médicale en unité de soins intensifs.

 

"Le civil blessé est très choqué psychologiquement"  

 

Ce passager franco-américain est-il choqué mentalement ?
Dr Patrick Goldstein : C'est un civil, donc bien évidemment, son expression est différente de celle du militaire. En plus, il a toujours été conscient, même lorsqu'on lui a annoncé son transfert immédiat à Lille, en Unité de soins intensifs. A un moment, il a pensé qu’il allait mourir. Il est pour sa part "très choqué" psychologiquement.
Mais ce n'est pas le seul, d'autres passagers traumatisés mentalement ont été admis à l’hôpital d’Arras. Ils ont aussi été pris en charge par les Cellules d’Urgence Médico-Psychologique (CUMP) du SAMU. C'est une bonne chose, car ces médecins psychiatres, psychologues et infirmiers, préalablement formés, ont un vrai sang-froid. Ils savent rassurer au mieux.

 

"On est passé à côté du drame absolu" 

Et vous, personnellement, comment avez-vous vécu la situation ?
Dr Patrick Goldstein :  Pour ma part, ca va. La situation n’a pas été très difficile à gérer grâce au nombre très limité de blessés. Pareil pour les patients admis ce jour-là aux urgences, qui vont bien. En effet, ils n’ont rien vu et n’ont ressenti aucune panique car tout s’est passé dans l'Unité de soins intensifs, relativement cachée, isolée. Ils sont donc tous restés très calmes ; enfin, comme dans une salle d’urgences habituelle.
Pour conclure, je dirais que j'ai le sentiment qu'on est passé à côté d’un drame absolu. Cela aurait pu être terrible sans l'intervention des passagers. Une tragédie semblable à l’attentat récent sur la plage de Sousse (Tunisie), qui a fait 39 morts et 39 blessés, a sans doute été évitée de justesse.

 

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