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QUESTION D'ACTU

Découverte en Floride

Poisson-scie : comment il se reproduit sans fécondation

7 poissons de Floride n’ont pas de père. Ce n’est pas un mythe biblique mais une réalité scientifique. Le premier cas de parthénogénèse a été observé dans la vie sauvage.

Poisson-scie : comment il se reproduit sans fécondation Rob Griffith/AP/SIPA




Au nom du père, du fils… et du poisson-scie. Des chercheurs américains ont fait une découverte pour le moins étonnante dans le sud-ouest de la Floride. Une population de poissons-scies tident (Pristis pectinata), menacée d’extinction, a trouvé un moyen de se sauvegarder : la parthénogénèse. Des œufs non fécondés ont donné naissance à de jeunes poissons parfaitement sains, expliquent les chercheurs dans Current Biology.

Dans les estuaires du sud-ouest de la Floride vit une petite population de raies menacées d’extinction. « Nous réalisions une empreinte ADN de routine sur les poissons-scies qu’on trouve dans cette zone, pour voir si les apparentés se reproduisaient souvent entre eux, à cause de la petite taille de la population, se souvient Andrew Fields, principal auteur de l’étude. Les résultats nous ont montré quelque chose de beaucoup plus surprenant : les poissons-scies femelles se reproduisent parfois sans même s’accoupler. » Sur les 190 individus recensés, 7 possédaient un ADN indiquant qu’ils n’avaient qu’un seul parent. Tous étaient femelles, et 5 étaient « sœurs. »

« Pas un cul-de-sac reproductif »

Cette reproduction sans mâle s’appelle la parthénogénèse. Durant ce processus, un œuf non fécondé devient un embryon. Selon les chercheurs, le phénomène est possible lorsque l’œuf absorbe une cellule sœur identique. « La parthénogénèse occasionnelle est peut-être beaucoup plus courante qu’on ne le pensait chez les animaux vertébrés sauvages », estime le Dr Kevin Feldheim, co-auteur de l’étude. Selon ce chercheur, elle pourrait être une réponse de la nature face à la menace d’extinction. Dans le cas des poissons-scies tident, la population actuelle représente 5 % de celle recensée il y a un siècle.

Des précédents dans le règne animal

Chez les invertébrés, la parthénogénèse est relativement courante. Les animaux vertébrés, en revanche, sont moins nombreux à y parvenir. Les quelques cas observés sont d’ailleurs des ovipares. Avant le cas exceptionnel du poisson-scie, ces naissances sont toujours survenues en captivité. Depuis le XIXe siècle, la parthénogénèse survient par intermittence au sein d’élevages de volaille (poules, dindes). Le même phénomène a été signalé chez une femelle requin-marteau en 2007 et le varan de Komodo en 2005. Une seule constante entre ces animaux : d’ordinaire, ces animaux ont besoin d’une reproduction sexuelle.

 

Mais la bonne nouvelle, c’est l’état de santé des 7 poissons issus de la parthénogénèse. Les individus de ce type sont souvent atteints de malformations ou meurent tôt. « On avait le sentiment que la parthénogénèse chez les vertébrés était une curiosité qui n’aboutissait pas à une descendance viable. Les sept parthénogènes que nous avons trouvé sont en parfaite santé et de taille normale pour leur âge, se réjouit le Dr Gregg Poulakis, de la Commission de Conservation des poissons et de la vie sauvage en Floride. Cela suggère que la parthénogénèse n’est pas un cul-de-sac reproductif, en supposant que ces individus vont atteindre l’âge adulte et se reproduire. »

Les auteurs de cette découverte poussent maintenant leurs collègues maintenant à analyser l’ADN de l’ensemble des populations animales répertoriées. Des parthénogénèses pourraient se dissimuler dans d’autres espèces. « Cela pourrait réécrire entièrement les livres de biologie », conclut le Dr Kevin Feldheim.

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