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QUESTION D'ACTU

Entretien avec Jean-Christophe Létard

«Un tiers des patients disent aller mieux en arrêtant le gluten»

Des rayons de supermarchés aux restaurants, les aliments sans gluten séduisent de plus en plus. Pourquoidocteur fait le point avec le Dr Jean-Christophe Létard sur les bénéfices supposés ou avérés du régime sans gluten.

\ RICHARD B. LEVINE/NEWSCOM/SIPA




Dans le pain, les pâtes, mais aussi les plats préparés, voire même certaines confiseries, le gluten est partout. Et ceux qui ont décidé de le bannir de leur alimentation sont de plus en plus nombreux, souvent inspirés par les témoignages de personnalités. Parmi elles, le numéro un du tennis mondial, Novak Djokovic, qui s’apprête à retrouver la terre battue de Roland Garros. Le tennisman a publié l’an passé un livre dans lequel il racontait comment l’éviction du gluten lui avait permis d’aller mieux, et dans la foulée d’améliorer ses performances. Alors simple effet de mode ou bon sens alimentaire ? Pourquoidocteur a interviewé le Dr Jean-Christophe Létard, président du CREGG (Club de Réflexion des cabinets et Groupes d’Hépato-Gastroentérologues).

Qui sont les patients qui font le choix d'exclure le gluten de leur alimentation ?

Le gluten c’est un complexe protéo-glucidique, qui notamment rend le pain panifiable. Chez certaines personnes le gluten peut causer des maladies, comme la maladie coeliaque, qu’on appelle aussi intolérance au gluten. Les patients qui souffrent d'intolérance eux n'ont pas le choix et doivent manger sans gluten, puisque cette molécule va produire une réaction qui détruit petit à petit la muqueuse intestinale.
Mais la « mode du sans gluten » concerne plutôt des gens qui ne sont pas intolérants au sens strict, mais chez lesquels le gluten cause des troubles digestifs fonctionnels, un inconfort, des ballonnements.

 

Quels sont les moyens qui existent pour déterminer si on est, ou non, intolérant ?

On ne connaît toujours pas les mécanismes par lesquels le gluten devient nocif chez les patients coeliaques. Mais l’intolérance est une maladie avec des marqueurs objectifs, que l'on sait très bien diagnostiquée aujourd'hui. Chez les patients pour lesquels une suspicion de maladie coeliaque existe, on procède à des tests sanguins, afin de repérer certains anticorps spécifiques. On a aussi recours à une fibroscopie qui permet de vérifier l’état de la muqueuse du duodénum.

Ecoutez...
Jean-Christophe Létard, président du CREGG : « La vraie intolérance au gluten entraîne une atrophie de la muqueuse du duodénum et on le voit carrément à l'oeil...»

Pour les patients qui ne sont pas strictement intolérants, est-ce que ça fait sens d'exclure le gluten ? 

C'est pas idiot en effet. C'est en tout cas ce que je préconise dans ma pratique quand des patients viennent consulter pour des douleurs intestinales chroniques. Une fois que je me suis assuré qu'il n'y pas de pathologie sous-jacente, je leur propose déjà de diminuer le gluten pendant deux ou trois mois. Par exemple, une jeune femme de 40 ans, un peu stressée, qui mange vite, on peut lui proposer de diminuer le pain. Et on observe ce qui se passe. Dans un tiers des cas environ, les gens vont mieux. Si un petit régime permet d'aider les patients, je ne vois pas pourquoi changer les choses.

Ecoutez...
Jean-Christophe Létard, président du CREGG : « Pour certains médecins c'est de la broutille, puisqu'il n'y a pas de franche maladie, mais ce sont quand même des patients qui se plaignent tous les jours... »

 

Est-ce qu'il y a des risques de carence quand on élimine le gluten de son alimentation ?

Il n'y a pas de risques à manger sans gluten. Le gluten se trouve principalement dans les farine de blé, de froment, d'orge et dans une moindre mesure dans le seigle. Soit on remplace par d'autres farines, comme le maïs, soit on peut maintenant utiliser des farines qui ont été lavées pour extraire le gluten. Cela permet de cuisiner presque comme d'habitude, et de garder plus ou moins ses habitudes alimentaires.

 

Ecoutez...
Jean-Christophe Létard, président du CREGG : « Le gluten est présent principalement dans les graines et les farines. Il existe maintenant des farines de blé, lavées, qui ne contiennent pas de gluten...»

 

Parmi les personnalités qui prônent le sans gluten, certaines expliquent l'exclure aussi pour leurs enfants, est-ce qu'il y a un intérêt à cela ? 

Certains enfants sont intolérants au gluten, et pour eux, il n'y a pas le choix. Mais chez un enfant qui ne se plaint de rien, je ne vois pas l'intérêt de le faire manger sans gluten. La maladie coeliaque reste très rare (environ 1% de la population, NDLR), donc il est suffisamment tôt d'exclure le gluten si on est diagnostiqué intolérant ; le faire en prévention chez les petits n'est pas justifié aujourd'hui.

 

Ecoutez...
Jean-Christophe Létard, président du CREGG : « Il ne faut pas cristalliser des symptômes là où il n'y a rien. Un enfant qui ne se plaint de rien il ne faut surtout rien lui faire...»

 

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