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QUESTION D'ACTU

Chéri (e), on fait chambre à part ?

  Chéri (e), on fait chambre à part ? ©123RF-Ferli Achirulli




Ce dîner en ville avait pourtant bien commencé, mais l’une des convives, une blonde, a soudain mis sur le tapis la question qui fâche, Et vous, vous en pensez quoi de faire chambre à part ? Les arguments ont alors fusé de part et d’autre de la table et très vite deux camps se sont fait face, les «  full-contact » et les «  chacun chez soi ».
C’était pire que la bataille d’Hernani ou le clash entre les Capulet et les Montaigu, cette affaire de lit conjugal.

Inconcevable ! Autant se séparer, c’est tellement triste ! Un vrai couple, ça dort ensemble ! Comment se passer de la chaleur de l’autre ! C’est LE lieu de la tendresse par excellence. J’ai besoin de mon doudou à côté de moi. Ne plus dormir ensemble, c’est une manière de ne plus coucher ensemble. C’est aussi une manière de dire « je ne t’aime plus », a ajouté quelqu’un.

J’avoue que je n’avais pas d’idées préconçues sur la question et que j’écoutais sagement les arguments du premier camp, lorsqu’un intello l’a ramené en rappelant que le lit conjugal était chargé par l’Eglise d’une valeur symbolique très forte depuis le Moyen-âge, mais que, jusqu’au XIXe siècle, on dormait en famille dans la même pièce. Du moins quand on appartenait à une classe modeste. Quant aux riches, ils avaient le plus souvent leur "appartement"respectif pour recevoir amants et maîtresses. Le mariage d’intérêt n’étant pas confondu avec l’amour ou la bagatelle.

Un rien perverse, une femme a ajouté : vous le saviez-vous, qu’un ronfleur peut facilement émettre jusqu’à 100 décibels pendant la nuit, l’équivalent d’une alarme incendie ! Inutile de vous confirmer qu’elle faisait partie du camp des « chacun chez soi ». Elle a aussitôt été rejointe par la blonde du début qui avait fort affaire avec son compagnon atteint du « syndrome des jambes sans repos ». Un jour, il l’a carrément éjectée du lit . Et ça, nous a-t-elle confié, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase ! Le lendemain, j’ai pris ma couette, mon coussin et je me suis installée dans la chambre d’amis.

Il fallait voir ensuite le plaisir qu’elle a eu à nous détailler les avantages de la situation : j’ai tout redécoré, tout réorganisé, dans mon petit home à moi. C’est ça, sans ton homme, l’a nargué celui du camp adverse, qui trouvait la solution un peu trop radicale. Et vous faites comment pour les câlins, il a un bras de quinze mètres de long ton chéri ? Pas du tout a rétorqué la femme, notre histoire d’amour n’a jamais aussi bien fonctionné. Ca a même sacrément pimenté notre relation si tu veux savoir… On se donne des petits rendez-vous câlins, on s’envoie des textos d’une chambre à l’autre. Ca peut être très romantique tu sais, ton amoureux qui frappe à la porte. Aller dans la chambre de l’autre, c’est un peu comme un rendez-vous à l’hôtel, a confirmé ma voisine de table.
Un grand brun a souri en hochant la tête, il n’était pas intervenu jusque-là. Il a juste dit : nous avec Sabine, on se retrouve le matin sous la couette, ce sont de jolis moments d’intimité. Il arrive aussi qu’on s’endorme ensemble, qu’on se réveille ensemble et qu’on se quitte au milieu de la nuit. On est séparé à temps partiel, ce n’est pas pire que certains couples qui ne se voient que le week-end.

L’apôtre du full contact n’a pas voulu en rester là. Sa femme, il la voulait contre lui, du coucher au lever. Les pieds qui remuent, on achète un king size. Les problèmes de chaleur, on trouve des couettes adaptées, la lumière, on se procure une lampe frontale ou une liseuse numérique pour ne pas gêner l’autre en lisant. Les ronflements, on trouve des boules Quiès. C’est bien simple, il avait une solution pour tout. Il disait que c’était aussi une manière de réinventer son couple. Une manière de rendre compatible les différences de chacun.

Pas avec 100 décibels dans les oreilles, a hurlé la blonde un peu excédée, les boules Quiès ne marchent pas je t’assure !!! Et pas question de porter un casque de travaux publics, je ne veux pas ressembler à un ouvrier sur la voirie, c’est contrariant pour les câlins ça aussi. Et pour bien clore le débat, elle l’a invité à venir dormir un soir dans le lit de son Victor.

L’homme s’est tu, un peu mouché !

J’ai alors compris qu’il se jouait dans cette affaire du lit conjugal et de chambres séparées des enjeux qui n’avaient jamais été vraiment exprimés au cours de ce dîner : la peur viscérale de l’abandon ou peut-être bien celle de l’exclusion.

J’en ai conclu que demander à l’autre de faire « chambre-à-part » se comprenait littéralement et ne pouvait faire partie que d’un projet commun, désiré par les deux membres du couple.

 

 

Inconcevable ! Inconcevable... Inconcevable ?

Posté par Pourquoidocteur sur mercredi 3 février 2016
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