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QUESTION D'ACTU

Le sens des mots d'amour

Le sens des mots d'amour A Vérone, les touristes inscrivent des mots d'amour sur les murs de la cour immortalisée par Shakespeare dans sa célèbre pièce Roméo et Juliette ( KENDRICK/SIPA)




On commence par « conter fleurette », on fait « une touche », on a même des « atomes crochus », on « prend son pied », et parfois, on disparaît « en catimini ».
Je ne sais pas vous, mais moi, je me régale de ces expressions qui traversent le temps et arrivent jusqu’à nous sans qu’on sache vraiment leur origine. Dans son dernier ouvrage, « 200 drôles d’expressions » (éditions Le Robert), l’excellent linguiste et lexicographe Alain Rey s’amuse à décrypter leur sens. L’occasion pour vous aussi d’en connaître un rayon sur l’amour !

Conter fleurette vient du latin flos, floris, qui signifie petite fleur, et par métaphore, galanterie, propos tendre et amoureux. Fleur, ainsi que le rappelle le Furetière (un fameux dictionnaire de la langue française) se dit aussi de « ce qui est le plus excellent et le plus à choisir dans chaque chose ». Conter fleurette, c’est un peu choisir une fleur parmi les fleurs, c’est fleureter, ou flirter (en anglais), rappelle le linguiste. Une étape de la rencontre que les femmes peuvent apprécier particulièrement au point d’être émues et touchées.

Car oui, faire une touche pourrait venir d’une valeur ancienne du mot touche qui désignait émotion, alors que, par la suite, il s’est agi d’une métaphore de la pêche qui faisait allusion au pêcheur qui surveille sa ligne et fait « une touche ».

Mais revenons à nos amours. La rencontre se nourrit de mots et de paroles autant que de regards et de signaux invisibles. Quand l’attirance est authentique, on parle d’atomes crochus, une drôle d’expression qui défie les lois de la physique, fut-elle émotionnelle. Comme le rappelle Alain Rey, Démocrite, philosophe grec matérialiste, et Lucrèce, le poète, pensaient que la matière était constituée d’atomes minuscules qui s’accrochaient les uns aux autres pour former des corps. Et comment s’accrochaient-ils ? Je vous le donne en mille, grâce à des ultimes grains de matière crochus.

L’occasion alors de prendre son pied. J’ai souvent imaginé (à tort) que prendre son pied en amour comme dans la vie, c’était retrouver cet état d’innocence, ce paradis terrestre du bébé dans le ventre de sa mère. Les images d’échographie apportent de l’eau à mon moulin, on y voit souvent le bébé y prendre son pied. Ce que j’interprétais comme une forme d’extase in utero. Que nenni !
Le pied est aussi une unité de mesure qui avoisine la taille d’un pied, soit 33 cm. Or, avoir son pied chez les voleurs au XIXe siècle, c’était obtenir sa part : « Quand on dit de quelque chose que c’est, ou ce n’est pas le pied, c’est qu’on est satisfait ou pas, de la part reçue, dit Alain Rey. Du langage des voleurs, l’expression passe dans celui des prostituées. L’enjeu n’est plus le même : prendre son pied, c’est alors prendre sa part… de plaisir ». Une manière avisée de rappeler qu’en amour, la femme elle aussi doit recevoir son tribut.

Je suis sûre que cela ne vous aura pas échappé, l’expression « prendre son pied » en évoque aussi une autre, s’offrir « une partie de jambes en l’air », et par extension, une autre encore, « grimper aux rideaux » ! Que les fétichistes du pied me pardonnent, leur péché mignon n’a en rien été à l’origine de l’expression. L’adulation du pied est certes originale, mais trop restrictive !

La chanson dit que l’amour, ça finit mal en général. Il est vrai que certains amants se sauvent en catimini, une fois qu’ils ont obtenu ce qu’ils en attendaient. Mais que signifie exactement catimini ? En cachette, discrètement, secrètement ? C’est un peu court comme explication, il faut remonter aux racines !
Deux hypothèses sont rapportées par le linguiste dans son ouvrage, l’affaire n’étant pas si claire et le mystère demeurant en partie.

Première hypothèse : l’expression en catimini est en rapport avec nos amis les chats. « Catimini serait composé du picard « cate » et de « mini ». Cate veut dire chatte et min (racine gallo-romaine) désigne elle-même le mot chat. Catimini voudrait donc dire deux fois chat, un peu comme chattemite. Or le chat, on le sait, est le roi de la discrétion et du mystère.
Deuxième hypothèse : catimini vient de katamênia, mot grec qui désignait les menstruations des femmes. Quel rapport avec le secret et la dissimulation ? Le tabou du sang des règles évidemment ! On ne les évoque pas, on n’en parle même pas, un peu comme ces histoires d’amour qui s’achèvent sur un simple message : « C’est fini ». Une sortie très discrète… en catimini.

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