Ça y est, vous avez rempli votre profil, peaufiné votre photo, indiqué (ou pas) vos attentes, reste à sortir du lot et engager la conversation avec l’Inconnu(e). L’enjeu : obtenir une réponse et tirer votre épingle du jeu.
On ne va pas se mentir, entrer dans le monde des sites de rencontre, c’est un peu comme entrer dans la jungle. Plus de 2 000 sites de rencontre, des plus connus comme Meetic (qui reste la référence) à d’autres sites de niche où l’on espère rencontrer l’élu en s’appuyant sur une forte affinité (religion, possession d’un animal, passion pour le vélo, etc).

Et au milieu de tout ça : 5 millions de célibataires !

Pour quoi faire ? Nouer des rencontres éphémères ? Coucher ? Non, rechercher une relation sérieuse, voire rencontrer l’âme sœur. Ce n’est pas moi qui l’affirme, mais le site de rencontre "Anges ou démons" sur la foi de ses visiteurs interrogés : 78 % veulent du sérieux (alors que 62 % des utilisateurs imaginent que les sites de rencontre, c’est seulement pour le sexe !).

Ajoutons à cela les chiffres que citent Rémi Lemonnier et Julien Hirth dans leur petit guide « Sites de rencontres, mode d’emploi » (Larousse, 2014) : deux tiers des personnes ayant « matché » grâce à Internet déclarent avoir vécu une véritable histoire d’amour. Vous avez bien lu, les deux tiers ! Et parmi elles, 13 % sont allés jusqu’au mariage !

Le syndrome de la boîte de chocolats. Ces chiffres laissent pensifs bien sûr. J’ai mené ma petite enquête. Effectivement, autour de moi, j’ai quelques couples qui se sont trouvés sur un site de rencontre et qui filent toujours le parfait amour. 

Tiens, une amie, parisienne, très urbaine, très chic, vit maintenant dans un pavillon de banlieue, promène le chien tous les dimanches, admire ses rosiers d’automne en fleurs, et semble parfaitement heureuse. Oui, parfaitement, elle le dit.
J’en ai une autre qui erre sur les sites de rencontre depuis une dizaine d’années. Très glamour, des yeux de biche, du genre à hanter vos fantasmes comme ces films en noir et blanc, étincelants de lumière et de nostalgie. Elle dénonce la malice du système dans les sites de rencontre. Impossible d’accrocher vraiment quelqu’un, même quand il te donne rendez-vous, l’homme souffre « du syndrome de la boîte de chocolats ».
Il hésite toujours entre deux, et pense qu’à moins d’avoir avalé toute la rangée, il ne saura jamais quel est le meilleur. Désillusion donc, malgré tous les messages, tous les rendez-vous, toutes les histoires plus ou moins éphémères.

Envie d’aller plus loin. Mais avant d’arriver au deuxième message, puis au suivant et peut-être au coup de fil ou au rendez-vous dans la RL (real life), il faut accrocher l’Inconnu(e) et lui donner envie d’aller plus loin. Comment ? Avec des mots, bien sûr.
Derrière un écran, on n’a pas le secours du langage non verbal (tous ces gestes et ces mimiques qui viennent en appui de la conversation). On n’a pas le visage qui émeut, les maladresses qui attendrissent, la voix qui résonne. On n’a que les mots. C’est à la fois un avantage et un inconvénient. Il ne faut pas se tromper.

Quels mots ? Là, je dois avouer que votre serviteur a fait un tour sur le Net. Les conseils pour réussir sa première fois virtuelle sont légion et souvent contradictoires. « Sois poli(e) mais entreprenant(e) », « Sois gentil(le) mais pas trop », « Sois original(e) sans en faire des tonnes ». Pour les filles : « Oublie les mdr et lol qui font un peu écervelée ». Pour les garçons : « Ne propose pas direct d’aller au lit parce que tu la trouves trop belle », bref… toutes choses qu’en réfléchissant un peu, on aurait pu découvrir tout seul.

Quelle stratégie ? Ma conviction est que pour une première conversation, les qualités qui importent avant tout sont :

la spontanéité et l’authenticité. Certains préfèreront partir d’un élément attractif du profil visité pour montrer à l’autre qu’il a pris le temps de le consulter et qu’il ne ratisse pas trop large et au hasard, « j’ai vu que tu étais passionné(e) de broderie »… D’autres s’appuieront sur la photo et commenteront un détail. Ou ils se contenteront d’une phrase plus banale et qui n’engage à rien : « J’aimerais que nous fassions connaissance ».
Ça vaut parfois mieux que l’humour à tout prix ou l’originalité forcée qui peuvent facilement tomber à plat.
Attention aussi à la poésie et aux phrases ampoulées ou clichés, aux « j’ai vu mille étoiles dans tes yeux », il faut une plume en béton pour assurer, voire une certaine dose d’autodérision.
Dire « tu » ou « vous » ? Pas de règles, tout dépend de l’âge, du profil, du contexte…
Gare à l’orthographe (pour les femmes de plus de 35 ans en tout cas, les hommes y sont moins sensibles) ! Vraiment, les « ballades » avec deux « l », ça ne les fait pas vraiment s’envoler. De même que « vous me plaiser beaucoup » sans z. Vous ne saviez pas, les femmes attendent toujours que l’on signe à la pointe de l’épée d’un « z » qui veut dire Zorro.

Alors courage pour cette première conversation, vous verrez, vous allez y arriver. Beaucoup l’ont fait avant vous, pourquoi pas vous ?