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QUESTION D'ACTU

Sécurité des patients

Accréditer les médecins pour prévenir l'erreur médicale

Un millier d'événements indésirables se produit chaque jour dans les hôpitaux. Pour éviter que ces erreurs ne deviennent des accidents, 9000 médecins ont fait valider la qualité de leur pratique. 

Accréditer les médecins  pour prévenir l\'erreur médicale CHAMUSSY/SIPA




Elle venait se faire enlever le rein gauche. Elle a subi l'ablation du rein droit… Evidemment, ce genre de fait divers dramatique dont a été victime une patiente d’une clinique de Reims en mars 2012 est exceptionnel. Mais, c’est un peu l’arbre qui cache la forêt. Pour faire baisser le nombre d’événements indésirables qui se produisent chaque jour dans les hôpitaux, les cliniques ou les cabinets médicaux – on en recense un millier par jour dans les seuls hôpitaux - la profession médicale s’organise.
En 2007, un dispositif a été mis en place : l’accréditation. La Haute autorité de santé (Has) vient de tirer un 1er bilan de ce dispositif. En six ans, un peu plus de 9000 médecins ont reçu le précieux label : un certificat qui atteste de la qualité de leur pratique.

L’accréditation repose en fait sur une théorie bien connue des pilotes d’avion, celle de « l’alignement des trous de gruyère ». Autrement dit, un grain de sable ne grippe pas forcément la machine ; en revanche, quand plusieurs grains de sable s’enchaînent, on aboutit souvent à un drame. Pour éviter d’en arriver là, les médecins se sont inspirés d’une technique de gestion des risques mise au point par les pilotes d’avion. Le point de départ, c’est de déclarer systématiquement « les presque accidents », ces événements qui auraient pu mal tourner.


Ecoutez le Dr Jean-François Thébaut, membre du collège de la Haute autorité de santé : "Les experts proposent des solutions pratiques pour que ces presque accidents ne se reproduisent pas".


Déclarer les erreurs puis les décortiquer pour ensuite trouver des solutions, c’est donc le principe de l’accréditation. En six ans, 52 400 événements porteurs de risques ont été enregistrés. Parmi eux, une bonne centaine sont fréquents et exigent que les médecins trouvent une parade.
Par exemple, en chirurgie plastique, il y avait fréquemment confusion entre un antiseptique et un anesthésique injectables, deux produits incolores. Pour éviter toute erreur, la solution est toute simple : il suffit de s’accorder sur un récipient d’une couleur donnée pour chacun des produits. Autre exemple : les chirurgiens digestifs avaient tendance à utiliser des nouvelles agrafes ou encore des nouvelles pinces pour recoudre le tube digestif sans avoir été familiarisés auparavant à leur maniement. « Ils les découvraient au moment même d’une opération, explique Bertrand Millat, chirurgien digestif au CHU de Montpellier. Aujourd’hui, les fabricants sont obligés d’assurer une formation en amont. »

Cette transparence n’était pas vraiment dans la culture médicale. Et pour Claude Rambaud, présidente du Collectif interassociatif sur la santé (CISS) et donc représentante des patients, l’augmentation du nombre de signalements représente « un vrai succès. C’est même formidable. Les chirurgiens orthopédiques, par exemple, font bien remonter les informations et échangent sur les solutions à apporter. Ce n’est plus un sujet tabou. Je suis sûre que l’on a évité des milliers d’accidents. ».

Mais l’accréditation ne se limite pas à cela. Les médecins qui veulent décrocher le label doivent être évalués annuellement par un expert de leur spécialité. Et tous les quatre ans, ils remettent en jeu leur accréditation. En contre-partie, l’Assurance Maladie prend en charge une partie de la prime d’assurance en responsabilité civile du médecin accrédité. Pour un chirurgien digestif par exemple, cela représente 8000 euros par an.


Du côté de la HAS, plus de 9000 médecins en six ans, c’est un bilan d’étape « encourageant ». Cela représente en fait un tiers des 35 000 médecins visés par l’accréditation, c’est-à dire-ceux exerçant une spécialité à risques. La Haute autorité ne cache cependant pas les défauts du système. 72% des médecins accrédités sont des libéraux. Les hospitaliers qui ne paient pas eux-mêmes leur prime d’assurance sont manifestement plus difficiles à séduire.


Ecoutez le Pr Bertrand Millat, chirurgien digestif au CHU de Montpellier : "Imaginez que les médecins ne se motivent pour la sécurité des patients que pour des raisons financières, ce n'est pas glorieux."


Du coup, les spécialités où les primes de responsabilité civile sont les plus lourdes (orthopédie, obstérique, anesthésie-réa) jouent davantage le jeu de l’accréditation que les cardiologues ou les gastro-entérologues. Pour séduire un plus grand nombre de médecins, et donc protéger davantage de patients, le Pr Bertand Millat compte sur la nouvelle génération de médecins. « J’espère que des épreuves sur la sécurité des patients vont devenir obligatoires pendant la formation. » Un programme national de sécurité du patient est déjà dans les cartons au ministère de la santé.


L’autre levier, ce sont bien sûr les patients. Plus l’accréditation sera connue des usagers, plus ces derniers feront pression sur leurs médecins pour qu’ils aient le fameux label.


Ecoutez Claude Rambaud, présidente du CISS : "Il faut que le patient ait envie de poser la question à son médecin : "Docteur, est-ce que vous êtes accrédité ?"

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